Pan sur la parité : l’étude qui montre que les femmes préfèrent généralement des supérieurs de sexe masculin<!-- --> | Atlantico.fr
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Si les femmes préfèrent être encadrées par des hommes au niveau professionnel, c'est parce qu'une femme occupant un poste à responsabilité à tendance à donner plus de travail à ses subalternes, par crainte d’être jugée moins efficace qu’un homme.
Si les femmes préfèrent être encadrées par des hommes au niveau professionnel, c'est parce qu'une femme occupant un poste à responsabilité à tendance à donner plus de travail à ses subalternes, par crainte d’être jugée moins efficace qu’un homme.
©Reuters

Sir ! Yes, Sir !

Une nouvelle étude de l'université Winsconsin-Oshkoh démontre que les femmes actives sont plus satisfaites de leur travail lorsque leur chef est un homme. Explications.

Francine Emschwiller

Francine Emschwiller

Francine Emschwiller est psychologue clinicienne, membre du Réseau Souffrance & Travail. Avant d’être psychologue, Francine Emschwiller était Directrice Financière. Au croisement de ces deux axes, travail et construction mentale, cette experte du changement a développé une approche spécifique de prise en compte du stress au travail et de ses incidences sur la vie familiale et sociale.

Son site : http://coquelicot-psychologie-travail.fr

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Bruno Seguin

Bruno Seguin

Bruno Seguin est thérapeute conjugal et familial. Il exerce dans un cabinet à Toulouse centre (31) et à Cahors (46). Ancien consultant en management auprès de grands groupes de distribution, il s’est spécialisé dans la gestion des conflits au sein des couples, des familles, des enfants, et des entreprises. Sa méthodologie innovante est destinée à faire identifier aux patients leurs “schémas de vie”. A partir de cette vision d’ensemble, ceux-ci peuvent mieux gérer les comportements “plus forts que soi (colère, peurs, addictions) et s’en libérer.

Conférencier expérimenté sur le thème  "comprendre sa relation à l'autre", Bruno Seguin anime aussi le site www.gestiondesconflitsrelationnels.com.

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Laure  Parcelier

Laure Parcelier

Laure Parcelier est psychologue, spécialisée dans la gestion des émotions.

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  • Une femme occupant un poste à responsabilité à tendance à donner plus de travail à ses subalternes, par crainte d’être jugée moins efficace qu’un homme au même poste.
  • Les femmes ayant un supérieur hiérarchique de sexe féminin s’y identifient plus facilement et se projettent plus sur le poste, ce qui les pousse à moins se satisfaire de la fonction qu’elles occupent.
  • L’individu masculin ou féminin le vit mieux quand un ordre vient d’une figure d’autorité paternelle intégrée depuis l’enfance.

Atlantico : Selon une étude de l'université Winsconsin-Oshkoh publiée dans le journal Labour Economics (voir ici), les femmes actives sont plus satisfaites de leur travail quand leur chef est un homme que lorsqu'il s'agit d'une femme. Comment a été menée l'étude et que nous apprend-elle exactement ? Constate-t-on le même phénomène en France ?

Francine EmschwillerCette nouvelle étude démontre que le taux d'insatisfaction des femmes américaines par rapport à leur travail passe 3,7 à 6,9% quand leur chef est une femme. 

En France, je pense que les rapports hiérarchiques entre les femmes au travail sont plus nuancés que ceux décrits dans l'enquête de l'université Winsconsin-Oshkoh, car la société française de 2016 s'est habituée à voir des femmes accéder à des postes à responsabilité, et ne culpabilise plus une mère qui travaille, contrairement à d’autres pays (Etats-Unis, Allemagne, Espagne, Italie), où une femme qui travaille reste une mauvaise mère. Les femmes françaises maintiennent un taux de natalité élevé et retournent au travail quelques semaines après la naissance de leur enfant, surtout pour les plus diplômées d'entre elles. 

Pourquoi les femmes se sentent-elles plus satisfaites de leur travail lorsque leur chef est un homme ?

Bruno Seguin : L'insatisfaction au travail peut revêtir des causes multiples (ambiance, salaire, tâches à accomplir...). Mais je pense que si les femmes préfèrent être encadrées par les hommes au niveau professionnel, c'est principalement parce qu'une femme occupant un poste à responsabilité à tendance à donner plus de travail à ses subalternes, par crainte d’être jugée moins efficace qu’un homme au même poste.

    Francine EmschwillerOn peut émettre l’hypothèse qu’une femme s’identifie plus facilement à une autre femme qu’à un homme. Dès lors, les femmes ayant un supérieur hiérarchique de sexe féminin s’y identifient plus facilement et se projettent plus sur le poste, ce qui les pousse à moins se satisfaire de la fonction qu’elles occupent, via des mécanismes de comparaisons qui ne sont pas forcément agréables (pourquoi a-t-elle mieux réussi que moi alors qu'on avait les mêmes cartes en main dès le départ ? Est-ce que je suis nulle ? etc...), et qui n'ont pas lieu d'être quand il s'agit d'un homme (à qui l'on peut imputer sa réussite professionnelle au fait qu'il n'a pas eu à gérer une grossesse, qu'il a moins à s'occuper des enfants ou des tâches ménagères, ect...).  

    Laure Parcelier : Je ne sais pas si les femmes se sentent moins satisfaites de leur travail lorsque leur supérieur hiérarchique est une femme, ou s'il retourne plutôt du fait qu'un supérieur du sexe opposé leur pose moins de problèmes quand il s'agit d’appliquer ou de faire ce que l’on leur demande. Cela vient à mon sens d’une socialisation qui accorde dès l’enfance à l’homme plus d’autorité et de pouvoir. De ce fait, l’individu masculin ou féminin le vit sans doute mieux quand un ordre vient d’une figure d’autorité intégrée depuis l’enfance.

    Que révèle cette étude sur la place actuelle des femmes actives dans la vie professionnelle, que ce soit au niveau des chefs comme aux niveaux des employés ?

    Bruno SeguinCette étude révèle surtout que la parité, en dehors du secteur tertiaire, est encore un concept qui a du mal à s'installer dans la réalité économique. L'homme est toujours associé à une meilleure efficacité dans la gestion des affaires, et, inconsciemment, à la figure parternelle qui se doit de donner des cadres, contrairement à la figure maternelle. 

    Le fait que les femmes se sentent plus satisfaites de leur travail lorsque leur chef est un homme est-il un problème dont il faut se préoccuper selon vous ? 

    Bruno Seguin : Oui, bien sûr, surtout qu'il ne s'agit pas d'une question spécifique au monde du travail. L'éducation, l'enseignement et les représentations culturelles véhiculent encore l'image d'une femme française soumise, occupant des rôles subalternes. N'oublions pas que les hommes français en couple ne s'occupent toujours pas plus de 30% des tâches ménagères ; au rythme actuel, il faudra encore plusieurs décennies pour arriver à une vraie parité dans notre pays.

    Quelles solutions sont envisageables pour que les femmes soient plus satisfaites de leur travail lorsque leur chef est une femme ?

    Bruno Seguin : Réussir à atteindre un poste à responsabilité ne devrait plus être envisagé comme une victoire ou une revanche sur le genre masculin, mais perçu comme une évolution normale basée sur les compétences. Lorsque cette vision des choses aura intégré le monde professionnel, les femmes n'auront alors plus de comptes à rendre à qui que se soit. 

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