Orientation post-bac, c'est maintenant : ces questions que vous auriez aimé qu'on vous pose au moment de faire votre choix<!-- --> | Atlantico.fr
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Orientation post-bac, c'est maintenant.
Orientation post-bac, c'est maintenant.
©Reuters

Quand je serai grand, je serai...

C'est la saison des inscriptions dans le supérieur pour les lycéens. Le choix est rendu d'autant plus difficile qu'il n'est pas très aisé dans le système français de se réorienter et que, à 17 ans, le projet professionnel n'est pas toujours bien défini.

Laurent  Meeschaert

Laurent Meeschaert

Laurent Meeschaert, diplômé de Sciences Po. et de l’ESSEC, a managé pendant 10 ans des personnes et des équipes en qualité de D.R.H (L’Oréal, Office Dépôt). Créateur de sa société en 2004, il met la recherche du sens au cœur de son action : bilans de compétences, outplacement, coaching individuel et d’équipe, conseil en orientation (à partir de la 2nde). Il intervient régulièrement à Sciences Po. Carrières et accompagne des étudiants ESSEC dans la définition de leurs projets professionnels. Pour en savoir plus : www.pointdetape.com 

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Atlantico : Un jeune de 17 ans n'a pas toujours un projet professionnel bien défini. Quelles sont les questions qui permettent de l'aider à élaborer un projet définitif ?

Laurent  Meeschaert : Il est en effet difficile pour un jeune de se réorienter dans le système français même si, depuis quelques années, des passerelles s’ouvrent entre les filières, lui permettant de repartir sur de meilleures bases. Reste qu’il est appelé à faire un choix d’orientation déterminant à un âge où il se connaît encore assez mal.

L’idéal est de ne pas attendre qu’il soit mis devant la nécessité de s’inscrire à une formation post-bac pour lui donner l’occasion de réfléchir à son orientation.

Les questions pour l’aider à définir son projet professionnel se situent à différents niveaux : d’abord, la finalité, le sens. Une orientation se choisit au regard d’un but que l’on veut atteindre. Quel est pour toi le sens du mot "réussite" ? A quels signes sauras-tu que ta vie a été réussie ? Quel est pour toi le sens de l’argent, du pouvoir, de la compétition, du savoir, de l’art, du service… ? As-tu le projet de fonder une famille ; si oui, comment envisages-tu l’équilibre entre ta vie familiale et ta vie professionnelle ? Puis, la connaissance de soi. C’est à partir de sa personnalité et de ses talents que le jeune va construire son projet professionnel. Les questions portent sur ce qui le motive et sur ce qui l’inquiète, ses centres d’intérêts, sa scolarité, ses qualités, ses points de développement, sa forme d’intelligence (plutôt théorique avec le besoin de comprendre ou abstraite avec le besoin de réaliser). Demander au jeune d’illustrer chacun de ces points par des expériences concrètement vécues (scolaires, professionnelles, associatives) lui permettra de prendre pleinement conscience des talents qu’il porte en lui. Lui demander précisément en quoi il apprécie telle activité ou telle matière scolaire l’aidera à préciser ses motivations personnelles. Vient alors la question de savoir quelle formation choisir.

Il existe de nombreux tests d'évaluations ou de bilans de compétences pour aider les lycéens dans leurs choix. Dans le cadre de ce processus d'orientation, quel questionnement doit avoir le lycéen ?

Aucun test ne peut prétendre définir l’intégralité de la personne humaine car la richesse de l’homme dépassera toujours le cadre forcément limité des tests. Mais différents tests apportent un éclairage complémentaire intéressant pour aider le jeune à mieux se connaître. Certains l’aident à préciser ses motivations (test de Schein sur les "ancrages", à partir de 8 motivations principales : expert, indépendant, dirigeant, sécurité, créateur, compétiteur, service, harmonie). D’autres donnent des indications sur sa personnalité (test C.G.P, à partir de ses ressorts fondamentaux et de sa forme d’intelligence ; indicateur M.B.T.I, à partir de l’orientation de son énergie, de sa manière d’analyser une situation, de son mode de prise de décision et de son organisation). D’autres enfin (tests I.R.M.R, Strong) identifient ses centres d’intérêt dominants (réaliste, investigateur, artiste, social, entreprenant, conventionnel). Les résultats des tests sont généraux ; leur restitution devrait donc toujours s’accompagner d’un entretien avec le jeune, pour les restituer dans son histoire personnelle.

Que l'on soit parent, professeur ou conseiller, quelles questions faut-il poser au jeune pour l'aider à déterminer son choix d'études ?

Les questions posées au jeune par ses parents ou un accompagnateur pour l’aider à choisir ses études vont porter sur le style d’études le mieux adapté (université ? Ecole de commerce ou d’ingénieur post-bac ou après une prépa…?), sur la place laissée aux échanges internationaux, les débouchés, les passerelles possibles.

Mais l’attitude de l’accompagnateur, des parents, est aussi importante que la nature des questions posées. Malgré certaines apparences, le jeune a besoin que l’adulte soit présent, à ses côtés, qu’il lui manifeste un intérêt réel, par exemple, en prenant le temps de l’accompagner aux journées portes ouvertes ou aux salons d’étudiants. Nous constatons souvent que la définition, même juste, d’un projet professionnel ne suffit pas : le jeune a besoin d’entendre la confiance de ses parents pour lui. Il a besoin d’être en relation avec un adulte qui pose un regard confiant en ses capacités, qui ne doute pas de sa faculté à rebondir en cas d’erreur ou d’échec et qui l’engage à entrer dans le projet qui lui correspond vraiment. En accompagnant leur enfant, les parents sont parfois remis face à leurs propres choix de vie.

Cela demande de leur part une prise de recul, une humilité et, parfois, un renoncement. Un accompagnateur peut alors apporter un regard extérieur et contribuer à apaiser certaines tensions. La question de l'orientation doit-elle être uniquement conditionnée par les résultats scolaires ?

Les résultats scolaires sont pris en compte pour le choix d’études sélectives comme les prépas. Mais ils ne suffisent pas. Ecoles et prépas intègrent un entretien de motivation dans la sélection des candidats. Etre capable de se présenter (personnalité, projet) est donc aussi déterminant que les résultats scolaires.

Certains élèves aux bons résultats scolaires font des choix d’orientation scolaires et professionnels uniquement en fonction de ce qui leur ouvrira le plus de portes et non en fonction de ce qu’ils sont vraiment.Ils risquent alors d’arriver à l’âge de 30 ans avec le sentiment de ne plus savoir pourquoi ils travaillent dans tel métier. Les résultats scolaires restent donc un indicateur et ne dispensent pas d’une solide réflexion sur le sens de son projet professionnel.

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