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L'or : une bulle 
sur le point d'éclater ?
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Il est l'or de se réveiller

Au plus haut depuis quelques mois, le cours de l'or s'est brutalement effondré ces derniers jours. Comment expliquer cette chute aussi soudaine que spectaculaire? L'or demeure-t-il néanmoins une valeur refuge?

Eric Bengel

Eric Bengel

 Journaliste financier depuis 1989, spécialisé dans les problématiques de gestion privée.

Co-fondateur du magazine Gestion de Fortune et du site H24finance.com, il est par ailleurs auteur de plusieurs ouvrages sur l'investissement parmi lesquels L'or, dernière valeur refuge (Verneuil, 1996)
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Atlantico : Quelles sont les raisons de l’effondrement soudain du cours de l’or ?

Eric Bengel : Il faut d’abord bien distinguer deux choses : il y a l’or physique, et l’or financier. Les mouvements aussi violents que l’on peut observer ces derniers jours touchent l’or financier. C’est-à-dire qu’aujourd’hui un professionnel, ou un particulier, peut très bien investir sur l’or papier sans pour autant détenir de l’or physique.

"Or physique" signifie lingots, matière brute qui oblige à respecter un certain nombre de règles en matière de protection, avec une fiscalité très particulière en France sur le sujet.

Mais vous pouvez également souscrire des parts de fonds qui investissent sur l’or. Donc lorsqu’on voit des décrochages assez violents, ce qui se passe actuellement, on parle d'or en tant qu’investissement, l’or papier, les produits financiers qui touchent à l’or.

Par quoi s’explique véritablement cette chute du cours de l’or ?

Par plusieurs raisons. La première,parce qu'on tend à se diriger vers une récession, ou du moins vers une croissance mondiale beaucoup moins forte : la demande pour l’or physique est donc également moins importante.

Quant à l’or papier, le cours d’un actif est un jeu d’équilibre entre vendeurs et acteurs. S’il y a trop de vendeurs les prix baissent. Pour ce qui est des investissements dans l’or, ils sont souvent réalisés par de grands investisseurs, qui partent du principe qu’il y aura une croissance économique plus faible en 2012, et donc une demande beaucoup moins forte en matières premières, notamment en or. Mais on peut aussi penser que des fonds d’investissements ont vendu leurs positions en or, sur lesquelles ils avaient gagné beaucoup d’argent, pour réinvestir dans des actions.

Mais pourquoi n’y a-t-il pas une réaction inverse des gens, à savoir se réfugier dans une valeur plus concrète telle que l’or physique ?

La problématique de l’or physique c’est avant tout la détention. Le stock est particulièrement dangereux à conserver chez soi. D’autre part les conditions de détention de l’or physique sont assez contraignantes en France. Le troisième obstacle est que l’or est typiquement une valeur refuge quand on part du principe que tout risque de devenir instable : elle constitue donc une valeur refuge uniquement en comparaison des autres. Mais elle le restera toujours.

Les principaux acteurs sont les banques centrales. Celle de Chine achète beaucoup d’or depuis 4 ou 5 ans. C’est un actif que l’on se doit de posséder. Si on est un investisseur privé avec un peu de surface financière, on doit avoir entre 5 et 10% de son patrimoine en or.

Le gros danger de l’or en placement financier, c’est de voir la valeur s’effondrer comme on le voit aujourd'hui sur les marchés. C’est exactement la même chose pour les monnaies : on peut voir la monnaie s’effondrer et se retrouver avec un stock de papier qui finalement ne vaut plus rien. Tandis que l’or physique demeure une valeur un peu intangible.

Cet effondrement n’est donc pas lié à un éventuel problème de stock ?

Non absolument pas. De toute façon, sur l’or physique il y a trois types de demande :

  • La première concerne la bijouterie, animée par trois grands marchés : la Chine, l’Inde et le Moyen-Orient. Par tradition, sûrement.
  • Le secteur des technologies est la deuxième demande conséquente.
  • La troisième touche à la dentisterie, où la demande ne concerne que les pays émergents qui n’ont pas encore la céramique…

Ces trois éléments, qui soutiennent vraiment le cours de l’or physique, n’ont pas évolué entre la semaine dernière et aujourd’hui.

La conjoncture est-elle identique pour d’autres métaux, tels le cuivre ou l’argent ?

Oui, pour ceux qui sont côtés, comme l’argent, où là aussi c’est avant tout un jeu de spéculateurs, plus qu’un jeu d’offre et de demande d’un point de vue industriel.

L’or physique ne vaudra vraiment qu’en cas de panique extrême. Mais dans l’état actuel des choses, le métal physique ne génère pas de rendement, est emprisonné dans une fiscalité dissuasive.

Pourquoi cette fiscalité dissuasive ?

C’est une vieille campagne menée par Mitterrand en 1981, où l’or était encore assimilé à des richesses, et surtout il y avait une forme d’anonymat sur l’or. On a ainsi voulu qu’il y ait une forme de transparence par rapport à cela. En outre, lorsque vous détenez de l’or physique cela ne créée pas de valeur.

Quand on détient des actions en bourse, le cash qui circule va dans les entreprises, et dans l’absolu cela permet aux entreprises de se développer et donc de créer de l’emploi…. Détenir de l’or physique ne crée aucune richesse.

Keynes appelait l’or « la relique barbare » : il y a un peu de ça, ce n’est qu’en cas de panique qu’il est intéressant d’avoir de l’or physique.

Comment le cours va-t-il évoluer, selon vous ?

Si les marchés financiers se reprennent de manière vigoureuse, le cours de l’or continuera à baisser. Les gros investisseurs sont des fonds, qui pour des raisons de liquidités, ont besoin davantage d’actions que d’or, physique ou papier. La seconde variante qui pourrait inciter à une baisse assez violente et durable de l’or consiste dans la variation entre l’euro et le dollar. Les gens l’oublient souvent, mais quand on achète de l’or on est soumis au risque de change parce que l’or est côté en dollars. L’évolution de l’once d’or, selon qu’elle est libellée en euro ou en dollar, n’est pas du tout la même depuis  ans.

Au final les actifs tangibles qui reviennent au premier plan demeurent l’immobilier et l’or. Mais ne jamais oublier la notion de rendement : il faut investir sur des actifs susceptibles de vous procurer du rendement. 

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