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OGM poisons… ou sans impact pour la santé ? L’étrange silence médiatique réservé aux 3 contre-expertises réalisées sur les pauvres rats du Professeur Séralini
©JOHN THYS / AFP

Du tsunami médiatique en 2012 à l'omerta en 2018

En 2012, le Pr GE Séralini et son équipe, annoncent à des journalistes la parution imminente d’une publication scientifique, un mode de communication contraire à la déontologie scientifique. Cette étude exposait les pathologies lourdes sur des rats nourris pendant 2 ans avec du maïs génétiquement modifié NK 603 tolérant au glyphosate ou exposé au glyphosate seul.

Gérard Kafadaroff

Gérard Kafadaroff

Gérard Kafadaroff, Ingénieur agronome, fondateur de l’AFBV (Association française de biotechnologies végétales), dernier ouvrage «OGM : la peur française de linnovation» Editions Baudelaire 2013.

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Philippe Joudrier

Philippe Joudrier

Philippe Joudrier, ex-Directeur de recherche à l’INRA et ex- président du Comité d’experts en biotechnologie de l’AFSSA, dernier ouvrage «OGM : Pas de quoi avoir peur !» Le Publieur 2010

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Le 19 septembre 2012, le Pr GE Séralini et son équipe, annoncent à des journalistes sélectionnés la parution imminente d’une publication scientifique, un mode de communication contraire à la déontologie scientifique. Publiée dans la revue « Food & Chemical Toxicology », cette étude fait état de pathologies lourdes sur des rats nourris pendant 2 ans avec du maïs génétiquement modifié NK 603 tolérant au glyphosate ou exposé au glyphosate seul. En contradiction avec les codes éthiques de l’expérimentation animale, des rats porteurs d’effrayantes tumeurs furent maintenus en vie et leurs photos diffusées. Les rats témoins (non exposés) n’ont pas été montrés alors qu’ils étaient aussi affligés de tumeurs (qui apparaissent spontanément chez les rats âgés), une autre entorse déontologique.

Aussitôt, l’hebdomadaire Le Nouvel observateur, partenaire de l’opération, titre sur sa couverture : « Oui, les OGM sont des poisons » déclenchant un buzz médiatique sans précédent. Une grande partie des médias, presse, radio, télévision, réseaux sociaux s’emparent et répercutent sans les vérifier, ces informations alarmistes, jusqu’au chef du gouvernement Jean-Marc Ayrault qui, sans prendre le recul nécessaire, apporte sa contribution anxiogène à la télévision. Quant au ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, dans un excès de zèle sécuritaire, il réclame « la nécessité de revoir les protocoles d’autorisation des OGM à l’échelle européenne ».
Le journal Le Parisien titre sur toute sa première page  « Une étude pointe des risques de cancer. Comment éviter de manger des OGM? »
Bien soutenue par le lobby écologiste avec l’appui d’une agence de communication, l’étude Séralini est accompagnée à grands fracas par la diffusion de livres, films, reportages.
La déferlante médiatique s’étend bien au-delà de l’hexagone, jusqu’en Russie qui suspend les importations de maïs NK603.
« Cette opération est un désastre pour le débat public, sa qualité, sa capacité à générer de la décision politique et démocratique », écrivait le journaliste scientifique Sylvestre Huet dans Libération.
Très rapidement, cette étude fut vivement critiquée par la communauté scientifique  relevant des biais méthodologiques, de mauvais choix des animaux de laboratoire, des tests statistiques inadaptés, des conclusions erronées. Elle fut qualifiée « d’opération de communication » et de « manquement à la science ».
Onze agences officielles d’évaluation des risques et, dans une démarche conjointe inédite,  les six Académies françaises condamnèrent l’étude Séralini « scientifico-médiatique » et, le 28 novembre 2012, un avis définitif fut rendu par l’EFSA, confirmant que cette étude comportait «des lacunes importantes dans la conception et la méthodologie » et n’apportait pas de conclusions fiables.
Un avis important peu repris par les médias !
La publication sera finalement retirée de la revue scientifique par son éditeur. 
Le 18 décembre 2012, malgré la condamnation unanime de cette étude par les autorités scientifiques, des députés demandèrent que soient engagées « des études sur les effets sanitaires à long terme de la consommation de plantes génétiquement modifiés et les pesticides associés », études onéreuses et jugées peu pertinentes par de nombreux experts.
Trois programmes d’alimentarité sur deux ans furent lancés, cette fois selon les canons de la science et basés sur les normes internationales en vigueur : deux financés par l’Union européenne, GRACE et G-TwYST, et un par la France, GMO90plus. 
Ils auront coûté 15 millions d’euros aux contribuables !
Les résultats viennent d’être publiés. Sans surprise ils réfutent les principales conclusions de l’étude Séralini : aucun effet toxique sur les rats de laboratoire nourris avec du maïs GM Mon 810 et NK 603 (traité ou pas avec du Roundup®, formulation glyphosate de Monsanto), que ce soit pendant 90 jours ou pendant un à deux ans.
Confirmant les avis des toxicologues, les études à long terme réclamées par les lobbies écologistes n’apportent aucun élément supplémentaire par rapport aux études classiques pendant 90 jours.
Etonnamment, cette information majeure et positive n’intéresse plus les médias, même ceux qui s’étaient déchaînés en 2012 contre le maïs génétiquement modifié et le glyphosate.
Tsunami médiatique en 2012, silence ou omerta en 2018 : un traitement de l’information inquiétant !
 Quels enseignements tirer de cette énorme supercherie ?
- D’abord la facilité avec laquelle l’opinion publique peut être manipulée par quelques médias et des militants déterminés ;
- Une fois encore, le triomphe de l’émotion et de la peur sur la raison et la connaissance ;
- Le grave discrédit  sur les scientifiques porté par les politiques préférant s’appuyer sur une étude conduite en secret par des militants en blouses blanches plutôt que sur les travaux transparents, collectifs, pluridisciplinaires menés par des institutions scientifiques  reconnues qu’ils ont eux-mêmes mises en place pour les éclairer;
- L’intérêt que le « biobusiness», la grande distribution alimentaire et d’autres, tirent de l’activisme écologiste. Rappelons que l’étude Séralini a été largement financée par Carrefour, Auchan et des entreprises du «bio» regroupées dans une association « Cérès » destinée à faire écran entre les pourvoyeurs de fonds et les chercheurs-militants. Sa publication a précédé la campagne de publicité intensive « sans OGM » lancée par Carrefour !
Rappelons aussi que le Pr Séralini a été promu Chevalier de l’Ordre National du Mérite par l’ex Secrétaire d’Etat à l’écologie Nathalie Kosciusko-Morizet  et qu’il a été applaudi par une partie des députés lors de son audition devant une commission de l’Assemblée nationale !
- La pusillanimité des responsables politiques français cédant à la vox populi fabriquée de toute pièce et à des motivations électorales sans rapport avec l’intérêt général du pays ;
- Les défaillances d’une partie des médias par rapport à leur rôle d’information, les entorses déontologiques de certains journalistes ou leur crainte d’aller contre la bien-pensance voulant qu’un produit chimique de synthèse ou qu’une plante génétiquement améliorée soient forcément dangereux.
Les trois expertistes françaises et européennes invalidant les résultats et conclusions de l'étude Séralni ont été communiquées le 28 avril 2018.

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