Nupes : Le mur des réalités économiques bouscule le plan à trois entre les communistes, les écologistes et la France insoumise<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Luc Mélenchon salue la foule et les journalistes, à côté du député LFI Alexis Corbière, après un débat dans le cadre de la Fête de l'Humanité, le 10 septembre 2022.
Jean-Luc Mélenchon salue la foule et les journalistes, à côté du député LFI Alexis Corbière, après un débat dans le cadre de la Fête de l'Humanité, le 10 septembre 2022.
©Thomas SAMSON / AFP

Atlantico Business

La semaine a été compliquée pour la Nupes et Jean-Luc Mélenchon a eu beaucoup de mal à faire taire les voix discordantes. Les débats lors des différentes universités d’été, comme à la fête de l’Huma, ont été agités et ont fait ressortir les divergences profondes entre les différents courants.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Passons sur la rancune de Jean-Luc Mélenchon qui n’a visiblement toujours pas digéré son échec au premier tour de l’élection présidentielle. Il est convaincu que, si la Nupes avait existé avant la présidentielle, il aurait été élu. Et de reprocher vertement à Fabien Roussel, le patron des communistes, d’avoir refusé l’Union de la Gauche ou aux écologistes d’avoir fait cavalier seul, mais passons ! Le patron de la France insoumise peut toujours refaire l’histoire. Les faits restent têtus, même à gauche.

Alors, passons sur les problèmes d’ego entre les chefs trop nombreux.

L’important, c’est que cette union a été fabriquée très rapidement pour les élections législatives et qu’elle a réussi à porter à l’Assemblée nationale plus de 80 députés, empêchant Emmanuel Macron d’entamer son deuxième quinquennat avec une majorité absolue. C’est une forme de victoire, mais une victoire embarrassante.

A partir de cette situation, on s’aperçoit que les députés de la Nupes ont beaucoup de mal à vivre ensemble.

Les rescapés de ce qu’il reste du parti socialiste sont très discrets, trop contents d’avoir sauvé la trésorerie du parti, ce qui va permettre à une poignée de cadres de vivre au chaud pendant une législature. C’était le but de la manœuvre. Il est atteint.

Les trois principales familles de la Nupes ont beaucoup de mal à faire converger leurs analyses et par conséquent, leurs ambitions de réformes.

Les communistes, les écologistes et la France insoumise ont accepté un plan à 3 qui ne peut que mal se terminer.

C’est la situation économique et la gravité de son évolution qui met en évidence les divergences.

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La guerre en Ukraine, d’abord, n’est pas perçue de la même façon par les trois parties. Le système de sanctions infligées aux Russes n’est pas assumé, le rôle de l’Europe n’est pas soutenu. Quant à la façon dont le gouvernement traite la politique du pouvoir d’achat, elle est forcément jugée réactionnaire par principe. Le blabla idéologique atteint des sommets quand il s’agit d’aborder les effets de la mondialisation, la géopolitique et les enjeux environnementaux et climatiques. 

Les fractures entre les trois courants de la Nupes sont béantes et sans doute irréductibles sur deux dossiers structurants, dossiers qui s’imposent à toutes les sociétés occidentales et notamment la France.

Le premier dossier concerne la politique sociale du gouvernement. Tous considèrent que le gouvernement, face aux problèmes actuels, n’en fait pas assez, mais ils ne parlent pas de la même chose. Les débats se cristallisent sur la question de l’emploi et du chômage. Alors que Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis se concentrent sur les moyens à apporter pour soulager la misère consécutive au chômage et à la baisse du pouvoir d’achat. Le parti communiste se concentre sur la nécessité de trouver du travail à ceux qui n’en ont pas, c’est-à-dire par la formation et la création de richesses.

Jean-Luc Mélenchon rêve de démolir le système capitaliste. Fabien Roussel pense qu’il vaudrait mieux commencer par le rendre plus efficace pour les travailleurs.

D’un coté, le parti communiste s’adresse à ceux qui travaillent en ayant pour ambition le plein emploi avec comme ressort, la valeur travail.

De l’autre, les amis de Jean-Luc Mélenchon s’occupe de la France au chômage qu’il faut mettre sous perfusion avec l’argent du capitalisme.

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Entre ces deux courants, les écologistes veulent traiter de la fin du monde et occupent le terrain en listant tous ceux qu’il faudrait punir pour crime contre l’environnement et interdire les possibilités de créer de la richesse. A la limite, les radicaux comme Sandrine Rousseau ne sont pas loin de penser qu’un chômeur fabrique moins de gaz à effet de serre qu’un travailleur. Les écologistes tomberont toujours plutôt du côté des Insoumis que des communistes. 

Le deuxième sujet de fracture au sein de la Nupes porte évidemment sur le moyen de relever le défi écologique. Entre les partisans de la croissance et les militants de la décroissance, il y a forcément un gouffre. Entre ceux qui reconnaissent que le nucléaire est le seul moyen d’obtenir une énergie abondante et décarbonée en toute indépendance, et ceux qui sont fondamentalement opposés au nucléaire sans savoir exactement pourquoi, le gouffre est aussi béant que pour la croissance.

Tous ces gens-là ne sont d’ailleurs pas à une contradiction près. On le voit bien dans les débats d’actualité sur l’énergie. Ceux-là même qui refusent le nucléaire et qui prônent l’éolien ou tout autre renouvelable sont aussi souvent les mêmes que ceux qui critiquent l’abandon du gaz russe ou le subventionnement des prix de l’essence et du diesel à la pompe.

Si on veut honnêtement faire baisser la consommation d’énergie fossile, il faudrait avoir l’honnêteté de reconnaitre que la variable prix de l’essence est un moyen dissuasif. Pas question de leur demander d’approuver Vladimir Poutine, mais on pourrait quand même attendre des écologistes un peu plus de cohérence. 

Ces divergences ne vont faire que s’aggraver dans les semaines qui viennent. Le gouvernement aura du mal à faire passer rapidement sa prochaine loi de finances. Mais si le ministre de l’économie a le soutien de l’Élysée pour rester droit dans les bottes qu’ils avait chaussées avant l’été pour faire voter le paquet pouvoir d’achat, il y parviendra. Les divergences à l’extrême gauche vont aider le gouvernement.

Ça n’était pas forcement l’objectif de Jean-Luc Mélenchon au départ. Mais en politique tout est possible !

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