Auquel appartenez-vous ? Une nouvelle étude scientifique établit une classification de 4 types de personnalité et prétend balayer toutes celles qui avaient été faites auparavant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Science
Auquel appartenez-vous ? Une nouvelle étude scientifique établit une classification de 4 types de personnalité et prétend balayer toutes celles qui avaient été faites auparavant
©DAVID MCNEW / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Catégories

Des experts américains de la Northwestern University ont lancé une vaste étude visant à interroger 1,5 millions de personnes de tous les pays du globe afin d'observer la récurrence de cinq traits de caractère différents pour dégager plusieurs types de personnalités. Le résultat est étonnamment concis. D'après l'étude, on peut regrouper les interrogés dans quatre grands types de personnalités: le moyen, le réservé, le modèle, l'égocentrique.

Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

Voir la bio »

Atlantico : L'étude de la Northwestern University se base sur cinq traits de personnalité distincts: l'ouverture d'esprit (une tendance à être plus curieux et plus imprudents), la conscienciosité (l'application, la discipline), l'extraversion (la stimulation de groupe et l'énergie), l'agréabilité (la tendance à chercher l'appréciation de l'autre, la confiance en autrui) et le Névrotisme (tendance à l'expérience des émotions négatives comme l'anxiété ou la colère). Pouvez-vous nous décrire les différentes personnalités extraites de cette étude ?

Pascal Neveu : Je me bornerai dans un premier temps à synthétiser les résultats de cette étude avant d’en faire une analyse critique.
Selon cette étude menée sur un énorme panel mondial, ces 5 traits ont été réduits à 4, plus précisément : sur ces 5 critères, 4 s’exprimaient davantage statistiquement.
Les chercheurs font ainsi ressortir une typologie plus « moderne » de catégorisation et de comportements humains.
Certes la société évolue, change, la jeunesse  bouscule. 
Il existe donc prendre conscience qui nous sommes personnellement :
- le Moyen :
Les gens moyens portent en eux une forte capacité à la réflexion, à se questionner, et sont capables d’extraversion, mais restent finalement peu ouverts aux autres.
L’étude montre que les femmes seraient plus susceptibles que les hommes de tomber dans ce « type » moyen.
- le Réservé :
Le type Réservé est émotionnellement stable, mais pas ouvert aux autres ou névrotique, en ce sens où leur état consciencieux les amène à ne pas être particulièrement extravertis, voire peuvent être peu agréables.
- Le Modèle :
Les modèles auraient un faible « score » de névrose et un niveau élevé dans tous les autres traits car ils « joueraient » des rôles.
« Ce sont des gens qui sont fiables et ouverts aux nouvelles idées », a déclaré l’un des directeurs de l’étude, avant d’ajouter «Ce sont de bonnes personnes pour s'occuper des choses »,
Et de préciser qu’en fait, la vie est plus facile si nous vivons des relations avec les modèles.
L’étude montre d’ailleurs que la probabilité que quelqu'un soit un modèle augmente considérablement avec l'âge.
Mais également que plus de femmes que d'hommes sont susceptibles d'être des modèles.
- L’Egocentrique (le centré sur soi)
Les personnes centrées sur elles-mêmes obtiennent des résultats très élevés en matière d’extraversion mais en revanche  se montrent en-dessous de la moyenne en termes d’ouverture, d’amabilité et de conscience.
«Ce sont des personnes avec lesquelles vous ne voulez pas lier une relation», a déclaré un co-auteur de l’étude.
Avec l’âge, on observe une très forte diminution de types égocentriques, autant chez les femmes que chez les hommes.

Cette classification en quatre traits de personnalités est-elle entièrement nouvelle ou ne fait-elle que confirmer ce que l'on sait déjà ? Y a-t-il consensus dans le milieu concernant la fiabilité de ces études ?

Mieux connaître les autres c’est aussi mieux se connaître.
D’où cette fascination des tests psychologiques, outre l’aspect économique de sociétés qui vivent en créant tous les ans de nouveaux tests, vendus à des entreprises.
Repensons l’histoire : au début était le visage, au début état l’analyse du crâne, la signification des rêves, la graphologie…
Depuis l’antiquité existe ce désir de percevoir, connaître, maîtriser la psychologie de l’autre.
Une sorte de Graal nous permettant ainsi de ne plus ignorer les vraies aspirations de ses proches, de ses collègues, cesser de surestimer untel, et pour certain(e)s parvenir à orienter les esprits..
Ces tests ne sont que des instruments de mesure peu fiables.
En dehors des tests projectifs (plus cadrés juridiquement car faisant appel à des projections inconscientes non mesurables scientifiquement, mais tellement limpides), aucun test actuel ne dépasse 70% de fiabilité.
Pardonnez ma comparaison : c’est comme si vous lisiez et adhériez à votre profil psychologique issu de votre signe astrologique.
Il est tellement facile de « manipuler » ces tests comme le fameux MBTI privilégié car issu des travaux de Jung, présentant 16 typologies psychologiques, « mesurant » via un questionnaire les capacités d’intuition, de pensée, de sentiments et sensation.
Il faut savoir que 10000 tests MBTI sont réalisés tous les jours aux USA, et qu’il reste le test le plus validé et utilisé dans le monde.
Si vous passez le MBTI, l s’agit seulement de choisir à travers une question, une réponse face à 2 choix.
Pour autant ce test n’est qu’orientatif d’une vie.
Et d’ailleurs l’étude actuelle qui nous renvoie à 4 typologies tellement « caricaturales » de notre société, avec 4 terminologies fixant les personnes dans des cases…  ne peut que nous faire penser à tous ces ouvrages qui présentent les tests actuels, donnent les réponses…
Raison de plus de créer un nouveau test qui dit quoi ?
Il existerait donc un Moyen, un Réservé, un Egocentrique et un Modèle ?
Une terminologie si consensuelle en laquelle tout un chacun se retrouve.
Avons-nous besoin de dépenser de l’argent pour « percevoir » ces traits, qualités et défauts ?

Quel intérêt peuvent-elles avoir au niveau concret, comme l'embauche ?

Les Ressources Humaines utilisent ces tests à des fins multiples… de justification d’embauche, de réorientation, de protection…
Pour autant, ayant travaillé avec des DRH, toutes et tous m’ont précisé que ces outils n’étaient pas aussi sensibles que notre 1er ressenti, celle de la rencontre, dès la ou les premières minutes. Il n’est nul besoin de tests.
D’un côté, la partie reptilienne de notre cerveau perçoit, via un réflexe ancestral de survie, si nous sommes en confiance ou défiance.
D’un autre côté, les inconscients, telles les parties immergées de l’iceberg qui se côtoient en premier lieu lors d’une rencontre, s’échangent qui nous sommes.
Enfin, nos histoires personnelles, nos rencontres, nos confrontations.. créent une «bibliothèque » humaine… avec nos émotions, et surtout affutent nos perceptions… plus justes qu’un simple test.
Combien de fois entendons-nous « je l’avais ressenti dès le départ », « je m’en doutais », « je le savais ».
Nul besoin de porter un masque.
Nul besoin (sauf pour des raisons de protection managériale et RH) de faire passer ces tests.
Nul besoin d’entrer dans le schéma économique des sociétés qui créent et vendent ces tests tous issus du meilleur testeur : notre 6ème sens.
Car tout test non projectif est manipulable.
Le seul test qui devrait être non manipulable est celui d’être en face à face est d’utiliser le cœur.
Et sans doute parce que ce cœur est fragile, sujet à une histoire… cela nous contraint-il à avoir recours à des tests, et nouveaux tests, peu fiables… car nous-même ne nous sentons pas fiables.
Cette étude, même si elle a été menée auprès de 1,5 millions de personnes avec la très réputée Northwestern University, certes éveille nos consciences souvent endormies à de nombreuses réflexions, mais répond à un schéma clivant qui est celui d’opposer des cases à des êtres singuliers.
Et l’étude publie à un moment : les moins de 20 ans vont évoluer, et ces catégories évoluer.
Tout comme les rédacteurs concluent sur l’acceptation d’une fluctuation de la typologie.
Or, justement… il ne faut jamais « typologiser », sauf travailler en psychopathologie et criminologie.
Pour le reste de nos êtres… nous sommes.    

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !