Nous Citoyens : le nouveau président saura-t-il sauver le mouvement du gâchis dans lequel il s’est fourvoyé ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Denis Payre quitte sa fonction de président et imagine toutes les possibilités pour 2017.
Denis Payre quitte sa fonction de président et imagine toutes les possibilités pour 2017.
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Parti prix ?

Nous Citoyens a élu son nouveau président ce lundi soir, à l'issue du premier tour de scrutin. Nicolas Doucerain est devenu à 40 ans le nouveau chef de file du mouvement qui se veut le futur Ciudadanos à la française. Mais les guerres de chapelles, et d'hommes surtout, pollue la volonté d'un renouveau citoyen trans-partisan pourtant dans l'air du temps.

Emmanuel  Galiero

Emmanuel Galiero

Journaliste politique au Figaro, Emmanuel Galiero suit les partis souverainistes, le Modem, mais aussi la politique à Paris et à l'échelon de la région Ile-de-France. 

Emmanuel Galiero est le co-auteur notamment de Grandir à Marseille dans les années 1940 et 1950 aux éditions wartberg.

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Atlantico : Nous Citoyens cherche à peser dans le débat politique français. Quel est l'espoir recherché par ce mouvement ?

Emmanuel Galiero : L'espoir est le moteur de ces mouvements qui agrègent des électeurs qui sont lassés de voir toujours les mêmes têtes et qui ont envie d'une implication citoyenne.  Tous les candidats qui veulent  succéder à Denis Payre  se retrouvent sur cette envie de changement et cette capacité de renouvellement.  La différence porte sur les modalités. Certains plaident pour la professionnalisation du mouvement et  soutiennent la nécessité de se réformer en interne pour mettre en place une machine qui va permettre de gagner  plus d'électeurs. D'autres disent  au contraire qu'il faut construire d'abord un vrai réseau citoyen avec un vrai réseau avant  de créer un parti politique. Au-delà de ces divergences sur l'élaboration du mouvement, tous s'inscrivent sur une même toile de fond : celle de Podemos et Le parti centriste Ciudadanos, nouveau venu au Parlement espagnol  en Espagne et de Syriza en Grèce, de ces mouvements spontanés qui partent de la base et qui sont  plutôt ancrées à gauche. Denis Payre fait un lien entre nous citoyens et Ciudadanos car ils partent du même principe qui est de faire la politique autrement. Le positionnement est bien trouvé vu le nombre de citoyens qui boudent les urnes. L'objectif est de réussir à agréger les abstentionnistes qui constituent le plus grand parti de France à condition d'avoir le bon leader, le bon message et une bonne machine derrière. Entre ce point de départ et la réalité, il y a un pas immense à franchir.

Denis Payre quitte sa fonction de président et imagine toutes les possibilités pour 2017. Si par hasard, Nous citoyens arrive à atteindre un certain score et que le parti se fasse courtiser par les candidats, alors il sera question de poser des conditions très strictes en échange de l'apport de leurs voix.

Quelle est la base électorale du mouvement Nous Citoyens ?

C'est un parti centre-droit fréquenté par de nombreux entrepreneurs… même si ce mouvement se revendique trans-partisan et qui va chercher des citoyens  quelque soit leurs convictions politiques. L'idée c'est d'agréger sur des projets concrets à l'échelle des communes, l'intérêt commun comme la question de savoir comment bien gérer l'argent public…

Quelles limites rencontre ce mouvement ?

A partir du moment  où vous êtes un mouvement citoyen, si vous voulez croître il faudra faire des alliances. Défendre une seule ligne au sein d'un même parti  c'est déjà compliqué avec les différents courants. On le voit en ce moment à gauche comme à droite.  Les mouvements qui ne sont pas structurés comme les partis traditionnels, qui n'ont pas cette colonne vertébrale qui repose sur des  des postes et des élus, la situation est nettement plus délicate. Celui qui va s'engager en politique pour réformer la politique, il ne fera pas de concessions car il n'a pas cette culture de la discipline politique. C'est peut-être là où se trouve la limite de ces mouvements citoyens. Les mouvements citoyens espagnols parviennent  à émerger parce qu'ils arrivent à conserver un cap et à impulser des changements.

Y a-t-il une difficulté propre à la France?

 Il y a deux positions, celle qui consiste à dire que le clivage droite gauche n'existe plus et l'autre qui montrent chaque jour que les partis traditionnels sont toujours aussi présents. Même si le PS a disparu dans deux régions, il reste la force d'opposition à la droite et inversement et les élections régionales ont bien montré comment les partis de gouvernement qui sont implantés et ont un grand nombre d'élus  arrivent à s'organiser pour empêcher certaines formations d'accéder à des exécutifs locaux. On voit bien la puissance de la machine politique en France. Mais les mouvements citoyens devraient s'affranchir de ça puisque leur mot d'ordre est la politique autrement, de rompre avec cette image éculée de la politique politicienne. Si ces mouvements citoyens veulent changer la manière de faire de la politique, il ne faut donc pas compter sur cette ,machine politique avec son jeu d'alliance. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

L'autre limite serait celle aussi de régler le problème des égos ?

Oui, il faut faire avec les ambitions. Imaginons que ce mouvement arrive à faire un bon score en 2017, il comptera dans le débat. Et si Macron est candidat, certains seraient prêts à le soutenir parce qu'il incarne une sorte de modernisme mais certains plaideraient pour préserver leur indépendance qui est leur assurance vie. Il y aura donc une confrontation et un vote. Mais c'est loin d'être simple. La  force de ces mouvements citoyens est de s'affranchir de la politique et de toucher tout le monde, un parti citoyen parle à tout le monde. Mais leur faiblesse c'est l'organisation. En plus le mandat du président dure deux ans donc c'est un temps court pour mettre en place une stratégie politique qui tienne. Leur positionnement participe également de leur faiblesse puisque vouloir faire de la politique les met dans une situation paradoxale: nouer des alliances avec des partis traditionnels va à l'encontre de leur but. Négocier avec l'ennemi ne sera donc pas bien perçu par les militants.

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