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Nicolas Dupont-Aignan : "l'Histoire a entièrement donné raison à ceux qui ont refusé la soumission à l'organisation supranationale de l'UE"
©Reuters

Européennes 2014

A l'approche des élections européennes de 2014, le parti de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République, a lancé sa campagne. Dans une Europe de plus en plus remise en cause, il pourrait bien tirer son épingle du jeu.

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan

Nicolas Dupont-Aignan préside Debout la France, parti politique se revendiquant du gaullisme et est l'auteur de France, lève-toi et marche aux éditions Fayard. 

 

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Atlantico : Samedi 9 novembre Debout la République (DLR) a été le 1er parti de France à lancer officiellement une liste pour les élections européenne dans la région Grand Est. Quel enjeu cette élection revêt-elle pour vous ?

Nicolas Dupont-Aignan : La question n’est pas ma personne ou celle du mouvement que je préside. Cette élection va au-delà du choix de nos représentants au Parlement de Strasbourg. Elle va au-delà des comptes d’apothicaires des apparatchiks de partis. Elle va au-delà de la sanction à la politique de François Hollande.

Pour la France cette élection est décisive. Notre pays est au bord du gouffre. De ce scrutin va dépendre de quel côté notre pays bascule. Soit les Français créent un électrochoc, soit l’abstention sauve encore une fois les partis usés et vieillissants que sont le PS et l’UMP.

Je suis convaincu que la France peut s’en sortir. Pendant la présidentielle, j’ai parcouru le pays de long en large, notre pays a des atouts immenses, le génie national n’est pas fané. Mais pour réussir là où nos dirigeants ont échoué depuis 30 ans, il va bien falloir que le pays retrouve sa liberté de manœuvre. Pour cela, il va falloir rompre avec les traités de l’Union européenne qui ont été une camisole de force pour les gouvernements successifs. Et pour casser ces chaînes, il faudra le 25 mai 2014 transformer l’essai du référendum de 2005 où le peuple avait su dire non pour bâtir une Europe qui s’appuie sur les nations, respecte les peuples et mène des projets utiles. Voilà l’enjeu de ces élections européennes. Il est à la fois simple et immense.

Alors que sur fond de crise économique, l'Union européenne est de plus en plus contestée, croyez-vous à une percée des eurosceptiques lors de ces élections ?

Ces dernières années l’Histoire a entièrement donné raison à ceux qui ont refusé la soumission à l’organisation supranationale de l’Union européenne. La construction européenne telle qu’elle a été construite depuis plus de 20 ans a été une trahison démocratique. A cette trahison originelle s’ajoute un constat brut et sans appel : elle a aussi été une erreur gravissime que les peuples européens paient chèrement le prix sur le plan économique : délocalisation massive liée à l’euro trop cher, concurrence déloyale de salaires « au rabais » nés de la directive Bolkenstein, dégradation et explosion des coûts des services publics.

Les Français dans leur écrasante majorité ont compris que l’Union Européenne ne tournait pas rond. Ils ont compris qu’elle avait fait fausse route.

Nous sommes les seuls à pouvoir porter des solutions neuves car nous n’avons jamais cru aux promesses surréalistes d’idéologues fous. La bataille idéologique nous l’avons déjà gagnée. La percée électorale des euro-réalistes est une évidence. La question est quelle ampleur va avoir cette percée et comment elle va bouleverser les vieux équilibres politiques.

Votre positionnement idéologique est assez proche de celui du Front national. Ne craignez-vous pas que vos idées soient monopolisées par Marine Le Pen durant cette campagne ?

Pourquoi dites vous cela ? Je n’ai jamais rencontré un Français qui me confondait avec Marine Le Pen ! Je défends depuis mes premiers pas en politique auprès de Philippe Séguin un patriotisme républicain d’inspiration gaulliste. Ce patriotisme, c’est l’indépendance de la France ; cette République, c’est le rassemblement des Français. C’est aussi le cas de celles et ceux qui, de plus en plus nombreux, m’entourent depuis la création de Debout la République (DLR).

Des millions de Français n’ont plus confiance, à juste raison, dans les partis qui nous gouvernent mais ne veulent pas pour autant rejoindre le Front national, tant sur l’Europe que sur la société. Je refuse ce piège tendu par la pensée unique qui veut assimiler tout ceux qui défendent une autre politique aux extrêmes, quels qu’ils soient.

L’UMP, le PS, le Modem, l’UDI, les Verts… autant de partis qui défendent avec constance les mêmes positions sur les sujets européens comme l’euro. Pourtant personne ne leur demande de fusionner. Pourquoi ne pas laisser aux patriotes un vrai choix avec Debout la République ?

Sur la République ou sur l’Europe, votre discours est très proche de celui de la présidente du Front national. Avec 18% des suffrages lors de la dernière campagne présidentielle celle-ci n’est-elle pas finalement la meilleure représentante des idées souverainiste aujourd’hui ? Qu’est-ce qui vous distingue réellement d’elle sur le fond ?

Nous proposons un patriotisme tranquille, serein, de rassemblement ! Nous proposerons aux Français une Europe des Nations libres et des coopérations concrètes. Pour rendre sa liberté à la France, nous voulons dénoncer les traités actuels mais nous ne proposons pas une France solitaire, une France isolée.

Ce n’est pas un combat de la France contre les autres pays, mais le combat de tous les peuples d’Europe contre la dictature de l’Union européenne. Nous voulons, avec d’autres partis en Europe, un nouveau traité de coopération entre États souverains, pour relever des défis scientifiques et industriels.

C’est d’ailleurs pourquoi des partis aussi importants que UKIP au Royaume-Uni, des Indépendants en Grèce, d’Alternative fur Deutschland en Allemagne, tous ceux que nous avons réunis au lancement de notre campagne le 25 mai dernier ou lors de notre congrès du 5 octobre, se tournent vers nous.

Vous voyez dans la jeunesse de Debout la République une faiblesse alors que c’est une grande force. Nous n’avons pas à nous excuser d’avoir créé un mouvement neuf, inspiré par les valeurs de la France et de la République mais libre, totalement libre. Je défends un patriotisme tranquille, qui rassemble les Français et qui n’a pas besoin de provoquer, de déraper pour exister.

Cette liberté a un prix, elle est parfois lourde, mais c’est la seule voie pour relever la France.

Laure Ferrari, votre candidate âgée de seulement 34 ans est encore inconnue du grand public. Comment pourra-t-elle exister face à Florian Philippot (FN) et Nadine Morano (UMP) qui devraient être investis dans le Grand-Est  par leur parti respectif ?

Laure Ferrari incarne une nouvelle génération politique. C’est son courage, son énergie mais surtout sa cohérence qui vont lui permettre de se faire connaitre.

Les Français en ont assez des doubles discours, du fossé entre les actes et les paroles. Quelle crédibilité aura Mme Morano à parler de contrôle des frontières alors qu’elle représente un parti, l’UMP, qui a toujours défendu les accords de Schengen ? Quelle unité auront les listes Front national quand M. Philippot devra contredire le midi ce que Jean-Marie Le Pen, tête de liste dans le Sud-Est, aura dit le matin ?

Le Français en ont assez du flou. Ils se sont fait assez avoir pendant 30 ans. Maintenant ils veulent des choses claires, nettes et précises. Laure Ferrari, comme tous les têtes de listes de DLR, répondront à cette exigence de clarté.

Laure Ferrari travaille au Parlement européen avec Nigel Farage et les députés UKIP. En quoi le rapprochement entre DLR et L'UKIP - troisième parti britannique - est-il stratégique ?

Il est fondamental. A DLR, nous sommes profondément attachés à l’idée européenne. Comme gaullistes, nous n’oublions pas que c’est le Général de Gaulle qui a permis à l’Europe de trouver le chemin de la paix. Les défenseurs de la forteresse bruxelloise n’aiment pas l’Europe. Ils se fichent des peuples. Ils veulent les détruire pour nourrir leur monstre technocratique. Mais ce n’est pas ça l’Europe. L’Europe c’est ce que nous incarnons avec l’UKIP. Nous voulons la reprendre à ceux qui l’ont confisqué à Bruxelles. C’est pour ça que depuis quelques mois nous œuvrons au rapprochement de forces alternatives. C’est l’UKIP au Royaume-Uni par exemple ou encore « Alternativ fur Deutschland » en Allemagne.

Ce rapprochement est essentiel car les Français doivent comprendre que l’Europe ne se résume pas à la vision étriquée de l’Union européenne. L’Europe peut être une réussite si elle est le moyen d’unir nos forces sur des projets concrets, comme on l’a fait avec Airbus ou Ariane à une époque. Avec nos amis de l’UKIP nous avons plein de projets pour l’Europe de demain. Mais ni eux ni nous ne voulons que des gens non-élus interfèrent dans nos affaires intérieures. Nous sommes des pays libres et indépendants.

Propos recueillis par Alexandre Devecchio

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