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Naufrages en série en Méditerranée : les solutions que pourraient inspirer les principes de l’économie de marché
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Cimetières marins

Face à l'horreur des naufrages de bateaux remplis de migrants qui se noient par centaines dans la mer Méditerrané, ni la droite ni la gauche européenne ne pensent à aborder ce problème sous un angle économique, et ils ont bien tort.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Depuis le début de l’année, plus d’un millier de personnes sont mortes en Méditerranée en essayant de gagner l’Europe. Ces désespérés fuient des pays où ils n’ont plus d’avenir et se noient en essayant de gagner leur rêve de liberté et de prospérité. Depuis des semaines, la presse anglo-saxonne s’en faisait l’écho, dans le silence des journaux français : le Financial Times a dénoncé ainsi la honte de l’Europe face à ces nouveaux "boat people".

>>>>>> A lire également : Sommet exceptionnel sur les migrations : qui vient en Europe pour aller où exactement, et pour faire quoi ?

Face à l’horreur de ces morts qui fait de "Mare Nostrum" la frontière la plus meurtrière au monde, les réactions sont d’abord celles de l’indignation, de l’émotion, et également de la posture. Passé l’émoi obligatoire, les débats replongent dans l’indifférence ou retournent vers les comportements stéréotypés. A Gauche, ce sont les discours moraux qui l’emportent : la générosité avant tout. A Droite, les arguments sécuritaires reprennent le dessus : l’ordre, c’est l’ordre. Ni les uns, ni les autres, n’adoptent d’analyse un peu économique. Le marché peut, pourtant, apporter quelques solutions intéressantes.

La première piste inspirée de l’économie de marché, c’est la valorisation de la libre circulation des personnes. Au XXIe le monde est mobile et ouvert, l’Europe ne peut pas rester statique et fermée.

Les réfractaires répondront que tout cela est bien gentil, mais les migrants coûtent cher et ne trouvent pas d’emploi, brefs qu’ils sont un poids économiques pour les pays développés déjà fragiles. D’une certaine façon, on peut les comprendre : puisque la France organise une solidarité par répartition, ceux qui paient sont légitimes à choisir ceux avec qui ils veulent partager (c’est pour cela que David Cameron a imposéun délai avant que les nouveaux immigrés ne puissent bénéficier pleinement des aides sociales).Les études sur le coût de l’immigration n’apportent pas de conclusions définitives en la matière : elles sont contradictoires (et contestées) et rappellent que les immigrés bénéficient de soutiens financiers divers, mais qu’ils paient également des impôts.

Les critiques se trompent toutefois de cibles : le nœud du problème ce n’est pas l’immigration, c’est l’inefficacité de l’Etat Providence dispendieux qui gaspille l’argent des citoyens. Le discours de gauche n’est pas cohérent quand il valorise l’immigration sans réclamer les réformes structurelles en France.

Une deuxième piste, c’est que cette circulation des personnes doit s’envisager sous l’angle de la libre circulation des travailleurs : les flux humains apportent du travail, facteur clé de la croissance.

Les migrants ne sont pas la cause du chômage, ils en sont les victimes. Ce qui explique le déficit en emploi en France ce n’est pas l’immigration, ce sont les dysfonctionnements du marché du travail, notre fiscalité confiscatoire, notre système éducatif déplorable, notre code du travail incompréhensible et indigeste...

Les immigrés constituent une force de travail : ce sont des travailleurs potentiels et des talents à utiliser. Quand on a dû payer des sommes énormes à des voyous pour risquer sa vie sur des embarcations fragiles, c’est qu’on a une certaine volonté de réussir ! L’Europe devrait apprendre à profiter de ces compétences pour faire croître son économie. Le discours de droite n’est pas cohérent quand il réclame de travailler plus mais refuse d’augmenter le nombre de travailleurs.

Une troisième piste que nous apporte le marché est que les solutions ne peuvent venir des Etats seuls. Trop lents, préoccupés par d’autres problématiques toutes légitimes, ils ne s’investissent pas – ou trop tard. Même en matière d’immigration, des solutions privées existent, comme celle mise en œuvre par ce couple à Malte qui sauve des vies de sa propre initiative, loin du militantisme associatif révolté et compatissant traditionnel.

Dernière piste inspirée du marché : le développement des pays d’origine – lorsqu’ils sont pacifiés. Celui-ci ne viendra pas des vieilles recettes usées néo-keynésiennes, mais de la valorisation du capitalisme. L’économiste péruvien Hernando de Soto l’a rappelé récemment dans Le Point : c’est en instituant des droits de propriété stables et protecteurs qu’on permettra le développement du Maghreb.

Personne n’entend remettre en cause le droit imprescriptible de l’Europe – et de la France – à contrôler ses frontières. Ni nier qu’il existe des difficultés d’intégration en France et des tensions autour des questions identitaires et culturelles. Mais la passion émotionnelle ne peut guider l’ensemble de nos réactions. En matière de politique migratoire également, le marché propose des solutions efficaces et bénéfiques pour tous !

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