Nababs & maharadjahs, version 21ème siècle : l’extravagante opulence des anciennes familles royales indiennes<!-- --> | Atlantico.fr
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le mariage du prince Jaideep Jadeja et de la princesse Shivatmika Kumar
le mariage du prince Jaideep Jadeja et de la princesse Shivatmika Kumar
©BBC

Mille et une nuits

Grâce aux richesses du passé, les familles royales indiennes disposent d'importantes fortunes qu'elles n'hésitent pas à exhiber au milieu de la misère ambiante.

Dans le pays des castes, il existe des familles qui rivalisent d'exubérances et de richesses depuis des centaines d'années. Elles ne se marient qu'entre elles et les cérémonies feraient presque passer le mariage de Kate et William pour un petit évènement un peu fade. Ce sont les dynasties royales indiennes.

Dans ce pays où des centaines de millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, elles n'hésitent pas dépenser des fortunes pour en mettre plein la vue. Une journaliste de la BBC s'est justement rendue au mariage du prince Jaideep Jadeja et de la princesse Shivatmika Kumar, à Rajkot, ville de l'est de l'Inde et fief du prince. Et le spectacle mérite le coup d'œil. Des couleurs vives et des bijoux brillants ornent les invités et même les éléphants qui paradent dans la ville autour d'une foule de milliers personnes dont la plupart ne touche que 50 centimes par jour pour vivre. Sans nul doute, on croirait le tout sorti d'un film de Bollywood sur les Mille et une nuits. Et la population est ravie. "J'adore tout ça" raconte une jeune fille de 16 ans à la journaliste. "J'aime la royauté parce que c'est une part de notre tradition. Mais, je ne voudrais pas épouser un prince" précise-t-elle, soulignant les interdits qu'entraînent, justement la tradition.

Et pourtant, des princes, il y en a beaucoup car il n'existe pas une famille royale mais plutôt des familles royales qui se partageaient l'Inde avant l'indépendance. Et pour beaucoup d'Indiennes, les princes héritiers sont des célibataires très prisés, très présents dans la jet set. La presse féminine classe même les plus sexy comme elle parle des stars du cinéma.



La plupart d'entre eux se balade en voitures de luxe, ont fait leurs études aux Etats-Unis pour devenir des hommes d'affaire importants. Chaque fois, leurs fêtes sont somptueuses, en particulier les mariages où c'est l'occasion pour chaque dynastie d'exposer ses richesses. Pour le mariage de son fils, d'Arvind Singh, héritier de la dynastie Mewar, est arrivé dans une Rolls Royce vintage. Et la cérémonie célébrée en janvier 2014 a été suivi par la presse comme celle d'un héros. Dans un cortège immense, le jeune héritier, habillé comme avec élégance et richesse, a rejoint son palais sous les cornemuses héritées de l'époque coloniale. Il faut dire que dans ce monde, les fortunes se comptent en millions de dollars. Jyotiraditya Scindia, 44 ans, ancien ministre et héritier de l'Etat Madhya Pradesh disposerait de près de 5 millions de dollars dans ses coffres, ce qui en faisait le plus riche de son gouvernement.

Mais cette gloire, cette richesse et cette opulence, les dynasties ont failli les perdre. Certaines n'ont même pas survécu à la fin de la colonisation britannique. Les fameux rajas, aussi appelés maharajas dans la province du Rajasthan, ont connu leur apogée à partir du XVIIIe siècle lorsque l'empire moghol, au pouvoir depuis deux siècle, s'effondre sous la pression populaire. L'Inde est traditionnellement divisée en dizaines voire centaines d'Etats. Lorsque l'empire britannique fait main basse sur le territoire au milieu du XIXe siècle, le pays devient un ensemble d'Etat princiers, dirigé par les Anglais. "Certains d'entre eux étaient plus larges que la France" explique The Independent. "Et d'autres si petits que le maharaja pouvait jeter une pierre de son palais jusqu'à la principauté voisine." Avant l'indépendance, il y avait officiellement 565 Etats et autant de familles royales. Dans les faits, seule une vingtaine disposait de réels pouvoirs et surtout de fortunes acquises sous la protection des Britannique.

En 1947, l'Inde obtient son indépendance même si une partition entraîne, dans le sang, la création du Pakistan voisin. Chaque prince a la possibilité de choisir son futur : le rattachement à l'Inde ou au Pakistan ou l'indépendance. La grande majorité se soumet aux deux Etats mais certains font de la résistance, comme le nizam Asaf Jâh VII, le monarque musulman de l'État d'Hyderabad, enclavé en Inde. Preuve de la richesse des princes, sa fortune était évaluée à 236 milliards de dollars, faisant de lui un des hommes les plus riches de l'histoire. L'Inde va finalement envahir son territoire en 1948.



La démocratie s'impose peu à peu et le train de vie des princes, bien que soumis aux autorités nationales, est remis en question. En 1956, le pays est réorganisé et le nombre d'Etats est ramené à 29. Mais le véritable coup de grâce arrive en 1971. La Première ministre Indira Gandhi fait campagne sur la lutte contre la pauvreté. Elle signe la fin du Privy Purse, soit l'abolition totale des privilèges. Les princes perdent leurs pouvoirs politiques et surtout les mannes d'argent que le gouvernement versait contre leur rattachement. The Independent raconte une anecdote sur un prince obligé de faire la queue au cinéma pour acheter son billet. "Son Altesse  ne savait pas que les billets allaient de 5, à 10 ou 50 roupies. Il était persuadé qu'ils avaient tous la même valeur et ça créé une dispute mémorable avec le guichetier." Les familles royales sont totalement déconnectées de la réalité et certaines vont devenir aussi pauvres que leurs concitoyens.

Mais d'autres seront plus malins. Dans les années 1970, les rajas troquent leurs habits de monarques pour les costumes cravates. L'argent qu'il leur reste, ils vont l'investir dans la finance ou l'immobilier et vont rattraper leurs déboires, notamment en se lançant dans le tourisme. La plupart des maharajas ont transformé leurs palais en hôtels de luxe et ainsi créé de grands groupes. Car c'est bien l'atout des princes. Le patrimoine dont ils disposent est d'une valeur inestimable. "Si les familles royales ne sont pas dans la liste des milliardaires indiens, c'est parce que leur fortune est impossible à calculer" souligne Business Standard. "Mais vous pouvez être sûr que leur héritage les place parmi les plus riches."



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