Municipales 2014 : de bons résultats pour les entrepreneurs candidats, reste à transformer l'essai <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Les entrepreneurs ont réalisé un bon score aux municipales.
Les entrepreneurs ont réalisé un bon score aux municipales.
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les scores réalisés aux élections municipales par ceux qui entreprennent ou qui étaient soutenus par des entrepreneurs n’ont pas à faire rougir. Nombre de listes ont dépassé les 10%, quand des partis traditionnels, dotés d’un appareil et de moyens bien plus conséquents, ont souvent fait beaucoup moins.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

Voir la bio »

Sous les pavés, l’entrepreneur. Ces élections étaient à la fois les pires et les meilleures. Les pires, car en période de crise, le vote se cristallise sur les partis traditionnels. Malgré leurs erreurs, leur incapacité avérée depuis 30 ans qu’eux-mêmes dénoncent, à gauche et à droite, notamment dans la nouvelle génération, les électeurs semblent avoir un code génétique encore bien programmé sur les partis traditionnels. Même en offrant un gâteau de meilleure qualité, les habitudes portent à choisir le pain bien perdu mais que l’on connaît, à l’éclat bien tentant mais dont on ne connaît pas le contenu. Habitude, quand tu nous tiens !

Par ailleurs, l’incursion des entrepreneurs est une première, et une première ne fait pas le printemps des électeurs. Il faut s’inscrire dans la durée et dans ces fameuses habitudes, afin que l’arbre entrepreneurial s’inscrive dans le paysage routier et que le conducteur s’habitue à sa présence.

Enfin, un programme uniquement entrepreneurial ne peut pas constituer une raison suffisante de changer son vote. Il faut que nous prouvions notre capacité à proposer plus large, en XXL, plutôt que centrer sur la création d’emploi, qui n’est pas la seule préoccupation des français. Même si elle apparaît au premier plan. La question de la légitimité ne se pose pas. Un entrepreneur parlant d’emploi sera toujours plus légitime qu’une inspectrice du travail recyclée en politique. Mais la politique est un métier, et l’habit compte. Les entrepreneurs doivent troquer leur costume de chef d’entreprise et les tailler aux mesures de la politique afin d’être reconnaissable sans perdre leur originalité.

Les scores réalisés par ceux qui entreprennent ou qui étaient soutenus par des entrepreneurs n’ont pas à faire rougir. Nombre de listes ont dépassé les 10%, quand des partis traditionnels, dotés d’un appareil et de moyens, ont souvent fait beaucoup moins. C’est donc une entrée en fanfare, trompettes et cotillons. Reste à transformer la fête en mouvement et mettre l’avenir en mouvement.

Les listes soutenues par Nous Citoyens ont fait un bon départ, Charles Beigbeider fait quand même 25%, Grégoire Leclerc (fédérations des auto-entrepreneurs) fait 12%, Thomas Lam, acteur clé de la campagne d’Asnières, remporte la ville, et votre serviteur fait 10% dans le 16ème. Les listes qui ont signé la charte Parrainer la Croissance, sur l’engagement entrepreneurial, ont toute gagné. Bon départ. Travaillons à l’arrivée maintenant…

Les enjeux sont simples pour les entrepreneurs de la vie publique :

Sortir de Paris. Paris, même toutes ailes déployées, ne représente que 1/3 du PIB français. C’est énorme, mais minoritaire. La vie existe au delà du périphérique, au delà de l’A86, les Français y vivent, y travaillent, y souffrent aussi. Et les problématiques ne sont pas tout à fait les mêmes. Les grandes villes attirent les talents et concentrent les développements mais aussi les problèmes. Le reste du pays se désertifie, vit loin du pouvoir central qui concentre tout et donne un prétexte aux potentats locaux pour laisser libre cours à l’inflation budgétaire au détriment des générations à venir. Il faut donc aller à la rencontre de la France et comprendre que les solutions des salons parisiens ne sont pas universelles.

Sortir de l’entrepreneuriat pour mieux y entrer. Nous ne ferons pas de tous les Français des entrepreneurs et l’entrepreneuriat n’est pas la solution à tout. Etre entrepreneur est une anormalité positive, un défaut chromosomique que partagent les sportifs, les artistes. Une volonté irrépressible de vivre de sa passion, quitte à ne pas en vivre. La moyenne des revenus des entrepreneurs et commerçants en France est de moins de 4000 euros par mois. Loin des phantasmes d’extrême gauche. Par contre, la société toute entière doit être derrière ses entrepreneurs, créateurs d’avenir et d’emploi. En contrepartie, nos entrepreneurs politiques devront démontrer qu’ils sont exemplaires dans l’éthique et le rassemblement. Comment ils intègrent leurs salariés, les intéressent à la réussite de l’entreprise, notamment au capital de leurs sociétés. Notre société doit générer des cellules neuves pour remplacer celles qui ne fonctionnent clairement plus. Faire de la France une magnifique entreprise à réussir ensemble est urgent mais doit être basé sur la valeur de l’exemple.

Poser une vision, puis des mesures. De beaux bœufs avant la charrue. Les politiques ont une mesure pour tout. Chaque problème mis en exergue par un sondage, trouve tout à coup une solution, qui aurait pu se mettre en place bien avant, dont on connaissait l’origine, l’impact, mais qui ne présentait pas d’intérêt tant qu’il n’était pas dans le projecteur médiatique. Une vision n’est pas un catalogue de mesures livrables en 24H à domicile. Une vision, c’est un projet capable d’entraîner l’engouement sur une façon de vivre tous ensemble. Les mesures, c’est après. C’est la charrue. Elles servent et transportent le projet, pas le contraire. De ce fait, on remet le temps à l’honneur et l’urgence fébrile au placard. On est là au service de cette vision et non au service de sa réélection. C’est cela, l’apport majeur potentiel des entrepreneurs. Nous sommes des citoyens et l’ENA n’est pas la seule formation qui pourrait légitimer le fait d’avoir une vision pour son pays. Un pays ne vibre pas avec des technocrates gestionnaires mais avec d’intrépides visionnaires, qui partagent une envie, une ambition et donnent, en partie, le soin à des gestionnaires d’en serrer les écrous.

S’organiser. Il faudra se structurer. S’équiper. S’étendre, nationalement. Une parole a besoin d’apôtres, de prophètes, d’hommes sandwich, pour nourrir la réflexion, colporter le message et aller au plus près des citoyens que nous sommes. Pour devenir un instrument de pression sur les politiques, il faut devenir puissant. Pas de puissance, pas d’audience. Pas de bras, pas….

Nous avons donc un pied dans la porte, reste à y mettre les doigts sans se les faire coincer. Le plus important sera de se professionnaliser sans perdre en fraîcheur, sincérité et ambition. Cela constituera la frontière entre le souffle nouveau et le feu de paille.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !