Mort de la NUPES : la gauche en questions minées<!-- --> | Atlantico.fr
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Une affiche de la NUPES, Photo AFP
Une affiche de la NUPES, Photo AFP
©STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Union de la gauche

La NUPES, qui regroupait l'essentiel des formations de gauche du pays, apparaît désormais enterrée. En cause ? Jean-Luc Mélenchon, La France Insoumise, et les positions du mouvement sur la question israélo-palestinienne.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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« La NUPES est morte » a déclaré Yannik Jadot, devenu sénateur de Paris dans Le Point. L’ancien candidat écologiste à la présidentielle  et ex député européen, y va franchement pour signer son retour sur la scène nationale, et laisse aux socialistes le choix de formules plus alambiquées pour tenter de tourner la page … Hier soir, le Conseil National du PS, sous la houlette d’Olivier Faure, a adopté le principe d’un «  moratoire » (ce qui signifie suspension des activités) de cette entité mal définie, née après la débâcle du PS  à la présidentielle de 2022 . Dimanche, Fabien Roussel appelait de son coté à « tourner la page » de la NUPES… ». Mais comme « il ne faut pas désespérer Billancourt », Olivier Faure a aussi ajouté : « J’ai la conviction que nous nous retrouverons !» devant le Conseil National. Jean-Luc Mélenchon, l’homme par qui tout cela arrive a pour sa part entériné la fin de la NUPES, a twitté, et désigné le coupable : « Olivier Faure rompt la NUPES ».

 A Gauche l’Union a toujours été un combat, mais avec la NUPES il n’était pas question d’union, mais de domination, de « jupitérisation ». Fort de ses 21,95% des voix, Jean-Luc Mélenchon a réussi à imposer cette alliance (candidatures communes aux législatives de 2022), à ses alliés. Les socialistes ont pu sauver une trentaine de sièges à l’Assemblée, les communistes ont réussi à maintenir un groupe ( GDR ) avec 22 députés, les écologistes ont prospéré avec 23 élus et les Insoumis ont remporté  la plus belle part du gâteau avec 74 élus. Très vite la situation s’est avérée paradoxale : Jean-Luc Mélenchon n’étant lui-même pas député, est très présent dans les coulisses et tire en permanence les ficelles chez les Insoumis, relayés par ses fidèles dont Mathilde Panot, la présidente du groupe, Manuel Bompard, qui lui a succédé à Marseille, sa conseillère Sophia Chikirou, Danielle Obono  qui sont les plus visibles… Dans les débats, aux questions d’actualité, les députés Insoumis «  bordélisent » ; ils  outrepassent les limites pendant le débat sur la réforme des retraites avec l’un des leurs qui se fait filmer devant l’Assemblée en train de piétiner un ballon à l’effigie du Ministre du Travail. Mais surtout ils ont empêché, avec les milliers d’amendements déposés, le débat d’aller à son terme avec vote de l’article 7, qui stipule de passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, provoquant le déclenchement de l’article 49.3 et le tollé qui s’en est ensuivi… Au PS, la NUPES n’a jamais fait l’unanimité ; c’est même là-dessus que s’est joué le congrès les anti-Nupes emmenés par le Maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol ayant totalisé près de la moitié des voix. 

Car, loin de représenter une alternative d’avenir de gauche, la NUPES est devenue synonyme de bruit et de fureur, bercée par les injonctions ou les invectives de Jean-Luc Mélenchon. Pour l’ex et peut-être futur candidat à l’élection présidentielle, il ne s’agit pas de réformer, mais de révolutionner, de casser le système. Un discours et des méthodes inacceptables pour la gauche de gouvernement qu’incarnent le PS, le PC et les écologistes qui ont gouverné ensemble dans le gouvernement Jospin. Pas question pour Mélenchon et les siens de qualifier le Hamas « d’organisation terroriste ». Le PC, d’ordinaire peu suspect d’amitiés pro-israélienne, a parlé « d’organisation islamiste terroriste ». Mais même au sein même des Insoumis la contestation a fini par gagner. Tous ceux qui ne suivent pas aveuglément le chef sont écartés ...Ainsi François Ruffin, Alexis Corbière, Clémentine Autain, Raquel Garrido ont-ils écartés de la vague instance de direction du parti…« Ca fait des mois que Jean-Luc Mélenchon nuit à la NUPES » , a osé Raquel Garrido …Impensable d’entendre de tels propos il y a quelques mois . C’est finalement sur l’invasion d'Israël par le Hamas que la NUPES est venue se fracasser, et les Insoumis ont fini par se diviser. Là où la députée Daniele Obono ne voit qu’« un groupe politique islamiste qui a une branche armée, qui s’inscrit dans les formations politiques palestiniennes, qui a pour objectif la libération de la Palestine et qui résiste à une occupation », la cheffe des Insoumis au Parlement européen Manon Aubry, a déclaré que le Hamas était une organisation islamiste dont « nous condamnons le projet politique, listée comme terroriste par l’Union européenne ». Officiellement la NUPES n’est pas morte. Tout le monde parle déjà de « reconstruire », oui mais sans le Jupiter de l‘extrême gauche. Les socialistes veulent « ouvrir des chantiers » ; la leader des écologistes Marine Tondelier veut « travailler avec ceux qui pensent que l’union de la gauche est possible et qui ont envie de gagner en 2027 ». Il y a plein d’Insoumis qui en ont envie, qui sont assez effarés de ce qui se passe, mais peut-être que certains n’osent pas le dire. L’ancien Premier Ministre Bernard Cazeneuve, en lice pour une candidature présidentielle souhaite des « Assises du socialisme » et surtout la « rupture avec LFI ». Pour l’heure le seul ciment de la gauche est la peur de l’élection de Marine Le Pen en 2027… En attendant pour les européennes de 2024, les choses sont déjà actées : les composantes de la NUPES iront sous leur propre bannière. Et pour les municipales de 2026, on a le temps de voir venir…

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