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Les Mongols, à la conquête 
de l'économie mondiale
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Yes, you Gengis Khan

La Mongolie est le pays qui a obtenu la meilleure croissance économique du monde en 2011. Reste à voir si le pays est en mesure de maintenir son développement...

Manuel Maleki

Manuel Maleki

Manuel Maleki est Docteur en Sciences Economiques à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne.

Il est spécialiste des questions de réformes. Il a travaillé à Londres dans une grande institution financière avant de rejoindre les équipes de la recherche économique du groupe ING en tant que Senior Economiste.

Il s'exprime sur Atlantico à titre personnel.

 

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Les Mongols ! Voilà un nom qui pendant des siècles a fait frémir le monde entier à l’image de ces cavaliers partis à la conquête du Monde au XIIIe siècle, ou bien encore, un redoutable adversaire qui fit passer des nuits blanches aux acharnés du jeu Shogun Total War, qui ne savaient pas comment s’organiser face à cette menace.

Mais, depuis longtemps, cette République s’était faite discrète, jusqu’à ce qu’elle obtienne la meilleure croissance économique de l’année 2011 (17.3%) et une prévision de près de 15% pour 2012. Ces très bonnes performances ont poussé le gouvernement mongol à se présenter sur le marché obligataire mondial.

Ainsi, la Mongolie vient d’entrer sur les marchés financiers internationaux en émettant une obligation à travers sa banque de développement. Cette émission a été très largement souscrite. Même si les montants sont modestes (580 millions de dollars) c’est une nouvelle étape pour ce pays qui présente plusieurs aspects très intéressants d’un point de vue économique. En effet, son économie peut être abordée sous l’angle de la spécialisation internationale mais aussi à travers l’économie géographique et la problématique des pays dits « frontières ».

La Mongolie développe maintenant son industrie minière grâce aux grandes richesses contenues dans son sous-sol (cuivre, or et charbon en particulier).

La proximité de la Chine offre à ce pays de pouvoir profiter de la croissance de son voisin, qui trouve là un partenaire naturel pour commercer et en particulier lui acheter ses ressources naturelles. Il est intéressant de voir, qu’il y a encore peu, la Mongolie était considérée comme un pays enclavé avec un des climats les plus durs au monde (de +40 degré l’été à -40 l’hiver). Ainsi, le « bon » ou le « mauvais » positionnement géographique peut se révéler être une notion mouvante dans le temps et somme toute assez relative.

Du point de vue de la spécialisation, nous assistons là aussi à un cas typique de spécialisation économique sur quelques produits d’exportation. Ce type d’économie (proche de celle des pays pétroliers) offre à la fois des opportunités mais recèle aussi de grands dangers. Parmi les opportunités, l’apport de devise et de nouveaux revenus offrent à l’Etat la possibilité d’investir dans l’éducation, la santé, les infrastructures etc. Si cet apport d’argent est utilisé subtilement il peut offrir alors la base nécessaire au développement futur et pérenniser un chemin de croissance viable. Malheureusement, l’Histoire nous enseigne que c’est rarement le cas, et que la découverte de ressources naturelles peut provoquer des déséquilibres internes importants en « cassant » trop vite le tissu économique historique sans que les individus soient préparés à un tel changement de leurs habitudes de vie.

De plus, l’euphorie de nouvelles recettes amènent à la construction « d’éléphants blancs » ou de ponts qui ne vont nulle part. S’ajoutent bien souvent à cela des problèmes de gestion et d’opportunisme politique qui poussent à une mauvaise utilisation de ses revenus. Du point de vue externe, la forte dépendance à quelques produits rend très dépendant l’économie mongole à l’évolution des cours des métaux. Or ces derniers ont tendance à être très volatil. Celle-ci réduit l’horizon et restreint la capacité de l’Etat et des entrepreneurs privés à investir dans le long terme. Ainsi, la décision de se financer sur le marché international des capitaux permet de lisser cette incertitude et d’entreprendre des investissements de long terme (facteurs de la croissance future). Toutefois, cette entrée sur le marché international nécessite une gestion sans faille pour éviter de tomber dans le piège de l’endettement et d’une charge d’intérêt insoutenable (phénomènes observés aux quatre coins du globe par des pays qui « se voyaient déjà en haut de l’affiche »).

La Mongolie contient donc toutes les problématiques des pays dits « frontières », qui offrent un potentiel de développement énorme mais qui ne sont pas à l’abri de catastrophes économiques, les ramenant à une situation plus mauvaise qu’avant le début de l’émergence. Pour l’instant tout se passe bien pour ce pays qui a reçu un accueil très favorable des marchés, qui a même plébiscité l’émission d’obligation de la Mongolian Mining Corporation pour 600 millions de dollars qui a été souscrite à hauteur de 4,5 milliards d’euros, ce qui montre l’appétit des investisseurs et la foi qu’ils ont dans le développement futur de la Mongolie tant au niveau public que privé.  

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