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Plaidoyer pour un ministère 
de l'Égalité hommes-femmes
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Depuis janvier 2012, tout employeur qui n’a pas conclu un accord sur l’égalité professionnelle devra payer des pénalités d’un montant maximum de 1% de la masse salariale. Une mesure punitive mais qui ne s'attaque pas au problème à la racine : et si on allait plus loin ?

Antoine  de Gabrielli

Antoine de Gabrielli

Antoine de Gabrielli est dirigeant de Companieros, fondateur de l'association Mercredi-c-papa et initiateur du projet Happy Men. Blogueur sur la question de l'égalité professionnelle entre hommes et femmes (www.mercredi-c-papa.com), il est également membre de la Commission égalité professionnelle du Medef, de la Charte de la Diversité, de l'Association Française des Managers de la Diversité (AFMD) et du Club XXIème siècle qui œuvre pour l'intégration républicaine. Suivez Antoine de Gabrielli sur Twitter : @happy_men_fr ou @adegabrielli 

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Monsieur le futur Président ou Madame la future Présidente,

Depuis le 1er janvier 2012 sont entrées en vigueur les nouvelles dispositions concernant l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes. Contenues dans l’article 99 de la loi portant sur les retraites votée le 9 novembre 2010, elles stipulent notamment qu’un employeur devra payer des pénalités d’un montant maximum de 1% de la masse salariale s’il n’a pas conclu un accord sur l’égalité professionnelle, ou, au minimum établi un plan d’action pour l’égalité entre les hommes et les femmes.

Ces nouvelles obligations constituent une incitation certaine. Toutefois, par nature, s’agissant du sujet de l’égalité homme-femme, elles ne peuvent prétendre supprimer l’ensemble des discriminations en cause, ni changer en profondeur les processus qui les ont générées. La question de l’égalité professionnelle homme-femme passe en effet par de très nombreux canaux, connaît d’innombrables ramifications et s’ancre profondément dans notre culture individuelle et collective : c’est l’exemple même d’un sujet de société.

Tout progrès véritable exige une stratégie d’ensemble qui assure une cohérence aux actions mise en œuvre et engage une chaîne de responsabilités. En effet, que peuvent les responsables d’entreprise contre le présentéisme, si leurs clients exigent une disponibilité de tous les instants, sans nécessité objective ? Les acteurs éducatifs pour orienter les élèves sans préjugé de sexe, si les media reproduisent jour après jour les mêmes stéréotypes ? Les organisations syndicales sur l’organisation du travail si la formation des managers continue à ignorer la question de l’égalité homme-femme ? Les lois sur l’égalité professionnelle si les tâches domestiques au sein des couples restent l’apanage des femmes ?

Parce qu’elle touche à toutes les dimensions de la vie économique et sociale, l’égalité homme-femme constitue tout autant un levier de progrès qu’un réservoir de compétitivité. Aujourd’hui la trop faible diversité des équipes de direction nuit à l’efficacité des organisations ; l’accès limité des femmes aux postes à responsabilités est un gâchis en compétences et génère de lourdes pertes pour la collectivité au regard des investissements consentis en formation initiale ; la représentation insuffisante des femmes dans les filières scientifiques et techniques menace le développement de secteurs économiques créateurs d’emplois ; l’écart habituellement constaté de rémunération entre hommes et femmes contribue à une précarisation des femmes et des familles monoparentales ; la difficulté à articuler vie privée et vie professionnelle altère le bien-être et la stabilité familiale des hommes comme des femmes.

Il y aurait donc un vrai intérêt durant votre présidence, à compléter les récentes dispositions législatives par une approche plus vaste et  plus ouverte, permettant de générer en un seul mouvement une évolution cohérente de l’ensemble des parties prenantes de l’égalité homme-femme.  Pour ce faire, nous pensons que l’organisation d’un « Grenelle de l’Egalité homme-femme » pourrait offrir un cadre adapté à cette ambition. Réunissant entreprises et administrations, acteurs éducatifs et organisations syndicales, associations et media, cette démarche permettrait de créer l’électrochoc nécessaire pour fédérer dans un même temps l’ensemble des parties prenantes et prendre des mesures orientées et cohérentes dans les différentes sphères économiques et sociales.

Pour prioriser et coordonner la mise en œuvre des actions qui seront décidées, il sera évidemment nécessaire de vous appuyer sur une structure ad-hoc : nous pensons qu’un ministère de l’égalité homme-femme répondrait à cette attente.  Cette dénomination indiquerait avec clarté l’objectif de votre politique.

Pour diriger ce ministère vous pourriez choisir de mettre en oeuvre un modèle organisationnel original, annonciateur d’une modernité en rupture avec les modèles  traditionnels : il y aurait pour ce poste non pas un mais deux ministres de rang et fonction identiques, un homme ET une femme. Cette innovation mondiale permettrait d’envoyer plusieurs messages complémentaires au corps social. Le premier est que l’égalité homme-femme est un enjeu majeur de développement et de cohésion sociale ; le second est qu’elle ne concerne pas uniquement les femmes, mais les femmes ET les hommes ; le troisième est que si les femmes ont droit à une vie professionnelle cohérente avec leurs compétences, les hommes, eux, ont aussi droit à une vie familiale et sociale équilibrée ; enfin que les avancées qui seront réalisées ne le seront pas en opposant les uns aux autres, mais au contraire en unissant les efforts de tous, car hommes et femmes y seront solidairement gagnants.

Cette double direction du Ministère de l’égalité homme-femme enverrait un signal fort et constituerait un appel à équilibrer les responsabilités entre hommes et femmes en dépassant des modes de pensée sclérosés.

Monsieur le futur Président ou Madame la future présidente, nous avons, avec modestie mais ambition, essayé de vous éclairer par ces propositions sur une manière d’apporter des avancées décisives face à l’enjeu majeur de l’égalité homme-femme. Nous espérons que votre prochain quinquennat vous donnera l’occasion de vous en inspirer et souhaitons que vos initiatives soient couronnées de succès.

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