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Mini-lolitas : il est plus facile d'accuser Internet que les parents
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Sexualité

Un récent rapport parlementaire de Chantal Jouanno a dénoncé l'hypersexualisation des fillettes... ce qui a permis aux dirigeants politiques de mettre en cause Internet, nouveau bouc émissaire des temps modernes.

David Lacombled

David Lacombled

David Lacombled est journaliste de formation. Après ses missions gouvernementales comme chargé de cabinet entre 1993 et 1995, il devient consultant et fonde en 1997 la Société européenne de conseil et de communication, Orange bleue. Il est aujourd'hui directeur délégué à la stratégie des contenus du Groupe Orange. En mars 2013, il a publié Digital Citizen, manifeste pour une citoyenneté numérique chez Plon.

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L’hypersexualisation des jeunes filles inquiète et vient de faire l'objet d'un Rapport parlementaire de la part de le sénatrice Chantal Jouanno. À peine le débat engagé, certains ont déjà trouvé le coupable idéal en nommant Internet. Un réflexe hâtif, souvent guidé par une certaine paresse intellectuelle, car en désignant un média comme coupable – comme on l’a fait maintes fois pour la télévision ou la radio – on évite de se poser les réelles questions.

Certes, Internet permet un accès à tout. Au meilleur comme au pire. C’est d’ailleurs ce qui fait de lui le formidable instrument de liberté qu’il est. C’est pourquoi il doit s’utiliser avec responsabilité. Et c’est bien celle des parents qui est engagée. Il faut reconnaître que - souvent par ignorance - ceux-ci abdiquent devant Internet. Alors qu’il faut au contraire redoubler de vigilance ne serait-ce que par l’utilisation du filtre parental. Et par le dialogue.

Au-delà, il ressort de l’étude de l’Observatoire Orange-Terrafemina qu’il s’agit du fruit d'une esthétique développée par des marques... Il existe évidemment une corrélation entre hypersexualisation et hyperconsommation. Pour les marques, nul doute qu’il s'agit là d'une extension du domaine de leur business à travers l’élargissement de leur cible – désormais recrutées de plus en plus jeunes –, le développement des produits dérivés via l’accessoirisation – un marché extrêmement porteur -, par l’annexion de deux territoires convoités : celui de la jeunesse et celui de la transgression...

Certainement faut-il y voir aussi un phénomène parallèle à la "kidultisation" de la société : les filles « deviennent femmes » plus tôt et les mères veulent rester adolescentes le plus tard possible. Avec l'utopie d'une complicité mères-filles copines dans un espace générationnel gris, celui de l’adulescence. Le film LOL a parfaitement mis en lumière ce phénomène.

Enfin, il existe un effet cosmétique, un effet de surface du phénomène : les ados développent une attitude hypersexualisée très tôt (esthétique des marques, accessoirisation, style bitchy Rn'B...), sans que l'on constate sur le fond de véritable changements dans le comportement (l'âge moyen du premier rapport sexuel semble n'avoir pas bougé).

Finalement, on constate au-delà des modes une certaine permanence du sujet - le tabou demeure - même s'il emprunte aujourd’hui des voies différentes voire opposées : dans les années 1960, la liberté sexuelle se faisait - ou se disait - en marge et contre les marques et la société, aujourd'hui elle se fait - ou se dit - en allégeance avec les marques pour rester dans le jeu social.

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