Mercredi sans école : n'y avait-il pas moyen d'organiser la grande consultation sur les programmes en dehors du temps scolaire ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Société
Il n'y a pas d'école ce mercredi 15 octobre.
Il n'y a pas d'école ce mercredi 15 octobre.
©Reuters

Réunionite aïgue

Ce mercredi 15 octobre se déroulera dans la plupart des académies une grande concertation sur les programmes réunissant les enseignants de maternelle, de primaire et du collège. Une demi-journée prise sur le temps d'enseignement des enfants et à la charge des parents ou des collectivités.

Valérie Marty

Valérie Marty

Valérie Marty est présidente nationale de la Fédération des Parents d'Elèves de l'Enseignement Public (P.E.E.P).

Voir la bio »
Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

Voir la bio »

Atlantico : Le ministère de l'Education nationale organise une demi-journée de concertation des enseignants sur les programmes qui aura lieu dans la plupart des académies ce mercredi 15 octobre. Dans les écoles de Seine-et-Marne et du Val-de-Marne, cette journée qui aurait dû avoir lieu lundi 13 octobre a finalement été reportée après que des fédérations de parents d'élèves aient saisi la justice. Comment expliquer que cette journée ait été organisée sur le temps d'enseignement ?

Valérie Marty : Les parents d'élèves n'ont jamais été consultés. Je pense que cette décision a été prise à la demande des syndicats d'enseignants. Nous, les parents d'élèves, l'avons appris par un courrier de l'académie nous indiquant simplement la date choisie. La Peep départementale du Val-de-Marne a saisi le Tribunal administratif mais toutes les associations de la Peep n'en ont pas fait de même. D'une part car ces procédures coûtent cher mais aussi parce que nous privilégions le dialogue. Nous cherchons avant tout des solutions grâce au dialogue et dans certains départements la date de ces journées banalisées, bien que prise sur le temps d'enseignement, a été choisie d'un commun accord. C'est un temps d'enseignement qui ne sera par ailleurs pas rattrapé. Quand on connait la densité des programme on peut se questionner sur la pertinence de cette banalisation. 

Jean-Rémi Girard : Ce n'est pas une première. On ne peut demander aux enseignants de se réunir tous les samedis matin ou tous les mercredis après-midi en plus du travail qu'ils accomplissent déjà. Nos collègues ont des obligations de service et un certain nombre de réunions obligatoires plus ou moins bien comptabilisées. S'y ajoute déjà énormément d'autres réunions dont il serait trop long de faire la liste ici. À un moment, si le ministère considère qu'il est important de passer une demi-journée pour réfléchir sur un point précis, cela doit se passer sur le temps de service. Je pense de toute façon qu'il faut arrêter de charger la mule en termes de réunions : ce n'est pas le cœur de métier des enseignants, qui est, comme leur nom l'indique, d'enseigner.

Najat Vallaud-Belkacem a reconnu qu'un effort était demandé aux parents et aux collectivités locales qui devront prendre en charge les enfants. N'y avait-il pas d'autres solutions possibles ? Sur quel temps cette demi-journée aurait-elle pu être organisée ?

Valérie Marty : Pour les enseignements du premier degré, la loi prévoit une centaine d'heures par an dédiées spécifiquement à la concertation, à la formation et à l'échange avec les familles. Pour le second degré ce n'est pas le cas mais la concertation s'organise plus facilement car le second degré offre davantage de souplesse. Cela pose davantage de problèmes pour les élèves du primaire et les élèves de 6e qui sont relativement jeunes. Il n'en demeure que le choix de la date aurait dû être discuté avec l'ensemble des partenaires et notamment avec les collectivités territoriales et les mairies. Plus particulièrelent sur la question de l'accueil des enfants. Car d'un point de vue juridique, le cadre n'est pas bien défini, qui sera responsable en cas d'accident ? Car nous sommes sur du temps scolaire. Comment cet accueil est-il financé ? Par ailleurs, les mairies et les parents d'élèves font déjà beaucoup d'efforts et leur en demander davantage n'est pas respectueux.

Concrètement, quel est l'objet de cette réunion ? Quels sont les programmes dont il est question et quand verront-ils le jour ?

Jean-Rémi Girard : Il s'agit de faire des remontées sur les projets de programmes de maternelle d'une part (pour les professeurs de maternelle), et sur le projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture d'autre part (pour les professeurs exerçant en élémentaire et au collège). Les programmes de maternelle seront mis en œuvre à la rentrée 2015. Le socle doit servir de base à de nouveaux programmes, du CP à la troisième, qui seront appliqués à partir de 2016. Maintenant, le projet de socle est tellement flou et irréaliste qu'il est bien difficile de savoir à quelle sauce professeurs et élèves vont être mangés. C'est ce qui semble remonter majoritairement des concertations qui ont déjà eu lieu dans certaines académies.

On n'a, comme toujours, aucune idée de la façon dont seront réellement traitées les écrits fournis par chaque établissement. Sachant qu'il existe en France plus de 52000 écoles publiques et plus de 7000 collèges publics, va-t-on réellement nous faire croire que le ministère lira 60000 contributions ? On voit bien qu'il s'agit d'une mesure d'affichage plutôt que d'une réelle prise en compte du point de vue des professeurs.

Si la participation des enseignants à l'élaboration des programmes est souhaitable, est-il nécessaire que l'ensemble des enseignants y prennent part ?

Jean-Rémi Girard : Il a même été prévu que les professeurs puissent répondre à un (long, très long, très très long) questionnaire en ligne sur le socle commun. La plupart des collègues qui s'y sont risqués ont abandonné en cours de route, tellement le remplissage de ce questionnaire se révèle être une purge.Le problème est que la réalisation des programmes scolaires a une fâcheuse tendance à être déconnectée des réalités du terrain. Il n'est pas certain que ce type de consultation change quoi que ce soit à l'affaire. C'est pourquoi il est essentiel que les collègues soutiennent le syndicat qui se rapproche le plus de leurs idées : c'est par la représentativité syndicale que l'on peut faire réellement évoluer des projets de programmes dans le bon sens. Plus on est nombreux à faire savoir que l'on défend la même chose (par exemple la priorité à donner aux fondamentaux à l'école primaire, tant en termes d'horaires que de contenus), et plus on a de chances d'être entendus.

Valérie Marty : Je pense qu'il n'était pas nécessaire que l'ensemble des écoles et des collèges fassent une remontée sur les socles de compétences. Comment va-t-on pouvoir traiter ces données ?  Peut-être fallait-il laisser les enseignants le faire sur la base du volontariat ?  Au-delà de l'aspect pratique, c'est l'image que renvoie l'institution, il y a une perte de confiance envers l'école française, c'est un mauvais signe envoyé aux parents d'élèves. L'institution doit préserver son image.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !