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Mauvaise nouvelle sur le front du logement : le Brexit provoque une hausse record des prix de l'immobilier à Paris
©Reuters

J'irai dormir chez vous

Interrogé par The Local.fr, Thierry Lasalle, notaire à Paris, déclare que "le nombre d'acheteurs anglais augmente au point que la demande a dépassé l'offre, en particulier pour les propriétés se trouvant dans les quartiers les mieux tenus de la capitale. Il existerait selon lui un lien entre cette hausse de la demande et le Brexit.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

Vous pouvez également suivre Pierre-François Gouiffès sur Twitter

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Atlantico : Comment expliquer qu'avec le Brexit, les britanniques souhaitent investir massivement dans l'immobilier à Paris ? Avec quelles conséquences pour la population locale ?

Pierre-François GouiffèsPlusieurs facteurs plus ou moins directement liés au Brexit peuvent peser sur l’attractivité immobilière de Paris pour les Britanniques. Il y a d’abord le Brexit lui-même, générateur de multiples incertitudes dont la dernière n’est pas moins que le résultat de l’élections générale en cours outre-Manche, pouvant conduire à l’achat par certains Britanniques de pied-à terre parisiens « au cas où ». Le Brexit a provoqué par ailleurs une dépréciation du sterling de 10 % en un an et acheter à Paris consiste un peu à « acheter de l’euro », monnaie forte. Enfin l’environnement français semble plus favorable avec l’élection d’Emmanuel Macron et sa promesse d’une large majorité législative, couplée avec certains engagements de campagne comme la suppression de l’ISF sur les patrimoines financiers.

D’où un afflux d’acquéreurs britanniques et une réduction en conséquence du pouvoir d’achat immobilier de la population locale à Paris.

Toujours selon The Local, les Britanniques qui se battent pour se lancer dans des propriétés à Paris ont l'intention de jouer un rôle important dans la conduite des prix de l'immobilier jusqu'à des niveaux record. Selon une estimation de la Chambre des notaires de Paris et de la région Ile-de-France, les prix des appartements existants à Paris ont augmenté de 5,5% à 8 450 euros par mètre carré au cours des trois premiers mois de cette année. Ils pourraient augmenter encore plus loin à 8 800 euros par mètre carré en juillet. Quel risque pour les acheteurs français de voir les prix s'envoler à ce point ?

Les prix parisiens flambent depuis quelques mois, mais ils font suite à un retournement de tendance qui date de l’été 2015. Les prix avaient stagné depuis 2011, mais la hausse n’a pour le moment rien à voir avec l’évolution 1996-2011 qui avait vu au final une multiplication quasiment par trois des prix parisiens.

Beaucoup d’éléments structurels pèsent en outre sur le marché parisien : la politique de la ville depuis quinze ans de produire ou plus exactement transformer beaucoup de logements en logements sociaux, induisant un clivage entre parc privé et parc libre (facteur haussier pour le parc privé), une production limitée de logements (facteur haussier), les faibles taux d’intérêt (facteur haussier) et la mise en place du mécanisme des contrôle des loyers (facteur baissier). La hausse semble fortement liée aux transactions sur des résidences principales ou secondaires.

Qu'est-ce que la France (ou la ville de Paris) peut faire pour éviter cette flambée des prix ? 

Il faut d’abord faire la distinction entre Paris et la province, et Paris et les métropoles. Alors que les prix augmentent fortement à Paris, en Ile de France et dans de nombreuses métropoles, le prix moyen en France et en province stagne ou baisse depuis le début des années 2010, avec une hausse sur la dernière année inférieure de moitié à ce qu’elle est à Paris. Il y a de nombreuses zones de baisse des prix.

Beaucoup de leviers sont disponibles pour éviter cette flambée, concernant souvent la libération de l’offre dans les zones tendues : sortir du malthusianisme constructif associée à l’octroi des droits à construire, ou bien mieux articuler les politiques publiques pour que les territoires du logement (où les gens habitent) soient mis en cohérence avec les territoires de l’économie (où les gens travaillent ou consomment) notamment via des systèmes de mobilité et de transports adaptés.

La régulation des prix est une composant importante de toute politique du logement. Rappelons pour mémoire enfin que les Suisses – qui ne sont pas dans l’Union Européenne- ont pris une mesure radicale pour maîtriser les prix des logements : l’interdiction d’achat de biens immobilier par les non-résidents !!!

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