Martine Aubry : de France-Culture à Rire & Chansons<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine Aubry est venue confirmer ce qu'elle avait dit quelques jours plus tôt en déplacement au festival d'Avignon.
Martine Aubry est venue confirmer ce qu'elle avait dit quelques jours plus tôt en déplacement au festival d'Avignon.
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Culture club

Dans une tribune publiée dans Le Monde ce mercredi, Martine Aubry indique qu'elle augmenterait d'un milliard d'euros le budget de la culture, si elle était élue en 2012. Est-ce vraiment nécessaire et raisonnable ?

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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Dans une tribune publiée ce mercredi dans Le Monde, Martine Aubry est venue confirmer ce qu'elle avait dit quelques jours plus tôt en déplacement au festival d'Avignon. Après nous avoir annoncé "le printemps de la culture" pour 2012, la candidate a précisé par écrit son idée : donner un milliard d'euros de plus, sur cinq ans, au secteur culturel et financer 10 000 emplois publics dans l'intermédiation culturelle

On va reparler ensuite de l'intérêt d'une telle mesure en soi, mais parlons d'abord de son coût, surtout au regard des autres promesses du Parti socialiste. En effet, si on reprend les dernières idées socialistes (je me suis arrêté aux déclarations des deux derniers mois, et il reste 9 mois de campagne…), Martine Aubry est aussi, entre autres :

  • Pour la création de plus de 300 000 emplois aidés (comprendre : financés par l'État) dans l'environnement et le développement durable ;
  • Pour la relance des emplois jeunes, pour un coût estimé entre 7 et 8 milliards sur 5 ans ;
  • Pour l'abrogation de la réforme Fillon sur les retraites : merci de rajouter 15 milliards sur la facture pour la période 2012-2020 ;
  • Pour le versement à tous les étudiants d'une allocation d'autonomie (c'est-à-dire un salaire pour étudiant assisté), mesure évaluée à un coût supérieur à 8 milliards d'euros par an ;


Martine Aubry, et on croirait lire Pantagruel, s'engage dans un même temps à faire revenir dès 2013 le déficit public à 3 % du PIB et le même jour, elle refuse de voter la "règle d'or" proposée par le gouvernement pour obliger, par la loi, la présentation des budgets publics en équilibre.

De l'électoralisme culturel ?

C'est l'un des grands défauts de la démocratie : être obligé de séduire pour ramener à soi les électeurs, et donc faire une kyrielle de propositions pour être certain qu'au moins une promesse retiendra l'attention de l'électeur isolé devant son bulletin de vote.

En pleine crise économique et financière mondiale, alors que la justice manque cruellement de moyens, que tout le monde sait qu'il faut investir toujours plus dans l'éducation et que certains quartiers manquent de financements pour accélérer leur rénovation, la Dame des 35 heures affiche sa priorité : multiplier par on ne sait trop combien le nombre d'intermittents du spectacle.

Or, ce n'est pas comme si la France était en manque de programmation culturelle ! On a plus de théâtres subventionnés que de fromages chez nous (et il y a déjà trop de fromages pour tous les goûter dans une vie d'homme). Les Français, en plus, n'auraient pas les moyens ni le temps (à moins de passer au 25 heures de travail hebdomadaire ?) d'aller plus souvent au théâtre ou à l'Opéra. 

Pour une fois, François Hollande a raison de ne pas donner dans la surenchère et de trouver un peu facile d'aller dire, devant un parterre de personnes payées par l’État que l’État, lorsqu'il sera socialiste, les paiera encore plus. On attend avec impatience les prochains déplacements de Martine Aubry. Que promettra-t-elle aux hôpitaux dévastés par "ses" 35 heures ? Qu'ira-t-elle promettre aux vendeurs de chaussures, aux potiers, aux libraires, aux pompiers, aux gardiens de phares, aux chômeurs, aux cyclistes professionnels et aux grutiers ? Chacun attend sa surprise personnalisée. 

Le pire dans tout ça, c'est qu'on ne sait pas bien à quoi va servir ce milliard supplémentaire sur la culture, à part à préparer dès maintenant le concert de l'entre-deux tours où tous les artistes, les nouveaux hommes politiques légitimes aux yeux du "peuple", viendront dire que Sarkozy est méchant et que Martine est cool. Quand elle conclut que ce milliard de bonus permettra par exemple à chaque enfant de se rendre deux fois par un an dans un musée, on a envie de lui répondre que les musées sont déjà gratuits jusqu'à 26 ans et que la fréquentation des musées par les jeunes augmente depuis 3 ans de 30 % par an

Élisez-moi deux fois, et on en reparle après

Si les socialistes arrivent au pouvoir, on ne se demandera plus comment mieux dépenser pour moins dépenser, mais comment dépenser tout ça. D'ailleurs, les socialistes sont persuadés que l'UMP a divorcé du monde culturel car les budgets n'ont pas assez augmenté pour eux (+2,2 % entre 2010 et 2011 pourtant). Et même si ces budgets avaient baissé, cela ne veut pourtant pas dire qu'on ne peut pas arriver à faire plus qu'avant avec moins d'argent (on appelle ça "une bonne gestion"). 

Au bilan de Nicolas Sarkozy : gratuité des musées pour les jeunes, introduction des cours d'histoire de l'art au collège et au lycée, financement de l'audiovisuel public en hausse, lutte contre le piratage, états-généraux de la presse écrite...

Allez, une petite dernière pour la route, et ça relève du registre tragi-comique : on lit dans l'Express que Martine Aubry trouve à voix (très) basse le statut des intermittents du spectacle "un peu exagéré" et qu'elle s'engagerait à le réformer "après son premier mandat". Élisez-moi deux fois, et on en reparlera après. Drôle. Ou triste ?

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