Maroc : une alternance démocratique bienvenue<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Maroc : une alternance démocratique bienvenue
©

Victoire des islamistes modérés

Suite à la victoire annoncée du PJD au législatives marocaines, le roi Mohammed VI devrait nommer pour la première fois un islamiste modéré à la tête du du gouvernement. Un geste politique à la hauteur de celui de son père Hassan II, qui avait nommé Premier ministre le socialiste Abderrahmane Youssoufi, en 1998.

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui

Abdelmalek Alaoui est directeur général du cabinet de communication d'influence Guepard Group.

Il est l'auteur du livre Intelligence Economique et guerres secrètes au Maroc (Editions Koutoubia, Paris).

 

Voir la bio »

Bien que le Maroc se dirige selon toute vraisemblance vers une nouvelle alternance politique suite à la victoire des islamistes modérés du PJD, tout parallèle avec 1998 s’arrête là, tant la configuration économique et sociale du pays est différente.

Une décennie de « marche forcée » économique est passée par là, avec ses autoroutes, son boom des nouvelles technologies, ses réaménagements urbains, son tramway flambant neuf, sa croissance de 5% et ses… disparités sociales et son chômage des jeunes qui continuent de constituer les point noirs que la majorité sortante  n’a jamais réussi à véritablement adresser.

Vote-sanction

C’est à l’aune de cette incapacité à mener des réformes structurelles douloureuses qu’il faut ainsi mesurer le vote-sanction des électeurs marocains  à l’encontre de la coalition gouvernementale, qui aura surtout pêché par excès d’attentisme et déficit d’inventivité pour imaginer des mécanismes de réforme performants. L’ampleur de la victoire annoncée du PJD – qui a surpris tous le observateurs –  en est d’ailleurs l’un de avatars le plus emblématiques. 

En cause ? La probable « usure du pouvoir » du gouvernement actuel,  combinée à la crainte de perdre des « maroquins » ministériels pour les partis politiques, dont plusieurs leaders ont accepté des postes de ministres d’  Etat sans portefeuille, afin de garder un poste.

D’ailleurs, ce manque de vision et d’audace du gouvernement a eu pour conséquence l’intervention du roi dans le champ social à travers plusieurs initiatives afin de tenter de corriger des distorsions sociales qui devenaient insoutenables et de réinscrire l’action des pouvoirs publics dans un long terme plus ambitieux.

Redynamiser l’action gouvernementale par l’alternance

Car le Maroc a ceci de spécifique que deux temps existent  en permanence, celui de l’action gouvernementale et celui de la monarchie. L’un doit gérer les cycles industriels, économiques et sociaux, l’autre doit gérer le « vivre-ensemble » et la continuité stratégique de la nation.

En bref, l’alliance du tactique et du stratégique.

Pour que les deux puissent agir en interaction harmonieuse, il est néanmoins nécessaire qu’il y ait communauté de vision sur les grands enjeux de la nation et que la vie politique puisse se nourrir d’alternances démocratiques qui donneront du sang neuf à l’action gouvernementale et la redynamiseront.

Pour autant, la tâche qui attend le PJD semble loin d’être aisée, même si son leader, Abdelilah Benkirane, a adopté un ton empreint de « réalisme économique » lors de la campagne électorale en se refusant par exemple de promettre la création de postes de fonctionnaires pour accueillir les diplômés chômeurs.

Ce discours volontariste et énergique devra trouver une traduction opérationnelle lors des prochains mois, sitôt que le PJD aura réussi à former une majorité gouvernementale.

En tous cas, pour le Maroc, un pari aura au moins été gagné à travers cette seconde alternance gouvernementale en quinze ans : celui d’inscrire le pays dans un processus démocratique certes imparfait, mais éminemment vivant. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !