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Mariage homosexuel : le Cardinal Barbarin ne donne pas dans l'homophobie, il met en garde contre le relativisme des valeurs
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A vau l'eau

Le cardinal Barbarin a associé, ce vendredi, le mariage homosexuel à une ouverture vers la polygamie et l'inceste. Des déclarations qui peuvent paraître polémiques, mais qui obéissent à une logique pas si scandaleuse que ça...

Steven Dolbeau

Steven Dolbeau

Steven Dolbeau est journaliste indépendant à Lyon. Après une première expérience dans une société de gestion, il collabore aujourd'hui à des hebdomadaires économiques régionaux.

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Vendredi, le cardinal Barbarin a associé le mariage homosexuel à une ouverture vers la polygamie et l'inceste. Une déclaration qui peut paraître outrageante si l'on s'attache à la surface des mots. Pourtant, elle obéit à un raisonnement qui ne l'est pas tant que ça. Et si Monseigneur Barbarin avait raison ? Et si l'ouverture du mariage aux couples homosexuels engageait une réelle "rupture de la société", pour reprendre les mots du cardinal ? Ses déclarations, rapidement qualifiées de dérapage, ont provoqué une levée de bouclier et de très nombreuses critiques. De prime abord, comparer l'homosexualité avec l'inceste ou la polygamie semble effectivement déraisonnable et scandaleux. Aujourd'hui, en Europe, l'homosexualité est totalement admise par la population. De très nombreux pays ont d'ores et déjà autorisé le mariage gay, et selon un récent sondage BVA, 63% des Français y seraient favorables.

Mais ce ne fut pas toujours le cas. Elle relevait, il y a encore peu, d'un tabou, étant même considérée comme une maladie mentale par l'OMS jusqu'en 1990 ! Par ailleurs, si les mentalités ont considérablement évolué en occident, ce n'est pas encore le cas partout. Près d'une centaine de pays, principalement africains et moyen orientaux, condamnent encore légalement cette sexualité. Et pour l'Eglise, inutile de dire qu'elle est encore loin d'être au programme.

Relativisme

Pourtant, malgré leur violence apparente, les déclarations de l'Archevêque de Lyon ne sont sans doute pas empreintes d'homophobie primaire ou même d'ignorance, mais plutôt de la peur d'une montée de relativisme au sein de la société. En effet, pourquoi acceptons-nous, aujourd'hui, ce tabou d'hier ? Les valeurs estimables de l'amour et de la tolérance semblent être au cœur du sujet. On ne se sent plus le droit de juger en mal deux personnes parce qu'elles s'aiment, même si elles sont de sexe similaire. Et nous avons raison, elles ne font de mal à personne après tout ! Maintenant, si ces personnes étaient frère et soeur, ou qu'elles étaient polygames ? Elles ne feraient pas plus de mal, et elles s'aimeraient tout autant. Dès lors, doit-on l'accepter ?

Certains semblent déjà avoir leur opinion. Ainsi, le réalisateur Nick Cassavetes a créé la polémique au festival de cinéma de Toronto lors de la présentation de son film "Yellow", qui met en scène une relation incestueuse. Il a déclaré lors d'une interview au site the Wrap : "Le film entier est sur le jugement et l’absence de jugement, sur le fait de faire ce qu’on veut. Qu’est-ce que ça peut faire que les gens vous jugent ? (…) Si c’est entre frère et sœur, c’est très bizarre, mais en y regardant de plus près, personne n’est blessé, à part les gens qui flippent parce que vous êtes amoureux."

Rupture

Pour Monseigneur Barbarin, la légitimation du mariage gay est une "rupture" car il valide ce type de raisonnement très relativiste. Selon lui, le risque est que l'inceste suive le même chemin que l'homosexualité. D'une pratique considérée comme "déviante", vers une reconnaissance sociale, puis finalement légale. En quelque sorte le mariage homosexuel briserait la dernière digue.

En temps que membre du clergé, l'Archevêque de Lyon fait valoir la position intemporelle, et donc inamovible, de l'Eglise. En cela, il joue le rôle de "gardien des mœurs". C'est ce qu'il affirme en disant que le mariage tel qu'il existe à ce jour "a un peu plus de force et de vérité, qui traversera les cultures et les siècles, que les décisions circonstancielles ou passagères d'un Parlement". Ses déclarations peuvent donc paraître polémiques, mais en réalité elles obéissent à une logique pas si scandaleuse que ça...

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