Manifs : ces grands débats de société qui ont poussé des millions de Français dans la rue <!-- --> | Atlantico.fr
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La manifestation contre le CPE a duré des mois, en 2006
La manifestation contre le CPE a duré des mois, en 2006
©Charles Platiau / Reuters

Prise de la Bastille

Alors que le projet de loi sur le mariage homosexuel fait des vagues au sein de la société, d'autres grands débats ont amené des millions de personnes à descendre manifester dans la rue.

Cela faisait quelques années qu'un débat n'avait pas autant secoué la population française. Et pour cause, la réforme du mariage est l'objet d'une manifestation de ses opposants ce dimanche et de sondages en rafale. On apprend notamment que le sujet du mariage gay divise la population française puisque si 58% des Français sont "pour", une majorité, soit 63% est "contre" la Procréation médicalement assistée, ou PMA. Le 16 et 17 novembre 2012, le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux homosexuels avaient respectivement attiré 60 000 puis 70 000 personnes dans la rue. Retour sur les autres débats de société qui ont enflammé l'opinion et qui ont conduit des milliers de Français dans les manifestations.

24 juin 1984 : succès d'une manif' de droite pour la défense de l'école privée

C'est le jour où la droite a pris la Bastille. Entre 850 000, selon le ministère de l'Intérieur, et 1,5 million de personnes, d'après les organisateurs, ont déboulé dans les rues françaises pour défendre l'école privée. En effet, le candidat François Mitterrand avait lancé un projet de loi afin de créer "un grand service public unique et laïque de l'Education nationale". La mobilisation ne débute pas à Paris mais en Province. 60 000 manifestants vont en effet protester à Bordeaux avant que la colère ne se propage dans les autres villes françaises. Parmi les personnalités politiques, Jacques Chirac, Simone Veil et même Jean-Marie Le Pen ont rejoint des évêques au défilé jusqu'à la Bastille. Face à la surprenante protestation nationale, le président François Mitterrand est contraint d'abandonner le projet de loi, le 14 juillet 1984.

16 juin 1985 : SOS Racisme attire des milliers de personnes

Jour de la fête des pères, l'association SOS Racisme met en place une grande fête, appelée "fête des potes", place de la Concorde, à Paris. Le succès est instantané. Entre 200 000 et 400 000 personnes sont venues assister à un concert de nuit retransmis en direct à la télévision. Point d'orgue de cette fête, l'année 1985 a montré la voie aux autres puisque des dizaines de milliers de manifestants se sont également donnés rendez-vous dans la rue pour protester contre le racisme en 1986 à la Bastille voire à Vincennes en 1987. Dernièrement, un concert a attiré entre 500 000 et un million de personnes sur le Champ de Mars, le 14 juillet 2011.

16 janvier 1994 : Bayrou mis en échec sur la révision de la loi sur le financement de l'école privée

La loi Falloux permettait de réorganiser le système éducatif français en donnant un pouvoir de contrôle à l'Eglise et en encadrant la possibilité de subventionner l'école privée. En 1993, un certain François Bayrou, alors ministre de l'Education nationale, propose d'aménager cette loi. Sauf que… L'adoption de la disposition va littéralement rallumer une guerre scolaire et amener plus d'un million de personnes à descendre dans la rue pour défendre le financement de l'école publique. Le principe d'égalité s'opposant au fait que certains établissements privés puissent être dans une situation plus favorable que les écoles publiques a été jugé non conforme à la Constitution. Le 22 janvier, la réforme est définitivement abandonnée.

24 novembre 1995 : grève contre le "Plan Juppé", la plus importante depuis mai 68

Alors que Jacques Chirac avait été élu président de la République sur le thème de la "fracture sociale", il a décidé de nommer Alain Juppé au poste de Premier ministre. Ce dernier va enclencher un plan sur les retraites et la Sécurité sociale le 15 novembre, appelé "Plan Juppé". Il prévoit notamment un allongement de la durée de cotisation de 37,5 à 40 annuités pour les salariés de la fonction publique voire une imposition des allocations familiales versées aux familles. Dès sa présentation à l'Assemblée national, le projet se heurte à la colère de la population. Du 24 novembre au 15 décembre, des millions de personnes vont descendre dans les rues. Point culminant de cette longue contestation, le 12 décembre a attiré deux millions de manifestants. Le 15 décembre, le gouvernement est obligé de retirer sa réforme sur les retraites.

7 novembre 1998 : le Pacs fait polémique

En octobre 1998, le Pacte civil de solidarité, plus connu sous le nom de Pacs, est l'objet d'un débat d'une violence rare entre les partisans et les opposants. Quand la proposition de loi destinée aux couples hétérosexuels et homosexuels est votée, une forte opposition de la droite, emmenée par Christine Boutin et Philippe de Villiers, fait front. A l'époque, une éventuelle "destruction de la société" était arguée. Pendant cinq heures, Boutin défendait alors les fondamentaux de nos sociétés tout en choisissant ses morceaux de la Bible qu'elle brandissait dans l'hémicycle. A droite, seule Roselyne Bachelot soutenait ouvertement le texte. Dans la rue, des milliers de personnes ont manifesté contre le Pacs le 7 novembre 1998. Le 31 janvier 1999, une nouvelle manifestation attire pas moins de 100 000 personnes. Sans succès, le Pacs sera adopté le 13 octobre 1999.

26 février 2006 : Le meurtre d'Ilan Halimi provoque une vive émotion

Enlevé le 21 janvier 2006 en région parisienne, Ilan Halimi a été découvert agonisant le 13 février à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne). Il a avait été torturé pendant trois semaines par les membres du "gang des barbares". Décédé peu de temps après avoir été retrouvé, sa mort va provoquer une vague d'émotion. A tel point que le 26 février 2006, entre 33 000, selon la police, et 200 000 personnes, selon le Crif, vont défiler contre l'antisémitisme et le racisme en France.

Février à avril 2006 : le CPE, la dernière grosse manifestation

Le projet de loi sur le Contrat première embauche (CPE) a été adopté par le Parlement le 31 mars 2006. Fustigeant une plus grande facilité pour les patrons pour mettre un terme au contrat d'un jeune, étudiants et lycéens vont engager un véritable bras de fer avec le gouvernement de Dominique de Villepin. Dès le mois de février, des milliers d'étudiants vont se mettre en grève. Des manifestations d'ampleur seront organisées et de très nombreux lycées voire universités seront les théâtres de blocages. Le 7 mars, les manifestations rassemblent de 400 000 à 1 million de personnes. Entachées par de nombreuses violences, elles ne vont pas faiblir les semaines suivantes comme l'espérait le gouvernement, bien au contraire. Le 28 mars, entre un et trois millions de personnes vont profiter de la grève interprofessionnelle pour faire flancher Jacques Chirac, alors président de la République et Dominique de Villepin, son premier ministre. Ce dernier annonce le 10 avril que "les conditions ne sont pas réunies" pour que le CPE s'applique. Le projet est retiré.

Ce dimanche, les opposants au mariage homosexuel vont tenter de marquer les esprits mais ils savent que ce n'est pas chose aisée. Il existe bien plus de manifestations qui ont échoué que le contraire…

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