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La Maison-Blanche révèle son plan pour éviter l'apocalypse que provoquerait l'impact d'astéroïdes géants mais admet que nous ne sommes toujours pas prêts du tout
©Fredrik / Wikipedia

Ça craint...

Voilà plusieurs décennies que les scientifiques préviennent de la menace constituée par les astéroïdes et de la nécessite de développer des solutions permettant d'éviter toute collision avec la Terre.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : La Maison-Blanche a récemment rendu public un plan détaillé de défense dans le cas où un astéroïde se dirigerait vers la Terre. Il en ressort que le pays manque de préparation, notamment en matière de détection. Que pensez-vous de ce rapport ? Les recommandations qui en émanent vous semblent-elles pertinentes ?

Olivier Sanguy : Les recommandations de ce rapport sont pertinentes mais elles enfoncent des portes ouvertes depuis longtemps ! La première action suggérée est ainsi d'améliorer la détection et le suivi des objets susceptibles de percuter notre planète. Il s'agit là d'une demande exprimée par les spécialistes de la question depuis des décennies. Bien évidemment, il existe déjà plusieurs observatoires au sol ou dans l'espace consacrés en partie ou en totalité à cette tâche de surveillance. Toutefois, on sait aussi qu'il y a des "angles morts" dans cette stratégie. Des comètes ou des astéroïdes peuvent n'être détectés que tardivement en fonction de leur trajectoire. Il existe des solutions, comme placer un observatoire spatial sur une orbite spécifique, mais cela demande de l'argent ! Ensuite, on s'est penché sur les gros impacteurs (1 km et plus) qui présentent le risque de destructions de grandes ampleurs. C'est compréhensible. En plus, ces objets, par leur taille, peuvent être normalement repérés suffisamment longtemps avant qu'ils ne nous percutent, ce qui laisse le temps de concevoir une mission pour altérer leur trajectoire. Les agences spatiales travaillent déjà sur des concepts de modification d'orbites d'astéroïdes dangereux. Toutefois, les limites techniques de détection actuelles font qu'on risque aussi de voir trop tard un objet plus petit capable de raser une ville et, dans le pire des cas, une menace plus grande. C'est pourquoi ce rapport édicte avec justesse l'amélioration de la détection comme objectif numéro 1.

Au vu des moyens dont nous disposons d'une part, et des caractéristiques de la menace que représente une collision avec un astéroïde d'autre part, est-il vraiment réaliste d'imaginer comment y réagir ? Sans pour autant être fataliste, dans quelle mesure pourrait-on contenir ce risque ?

Oui, il est réaliste de penser que nous disposons de moyens d'éviter une collision. On ne ferait pas exploser l'objet comme on l'a vu au cinéma. La piste principale consiste à altérer la trajectoire de l'impacteur potentiel afin qu'il rate sa cible. On peut placer dessus un propulseur qui peu à peu changerait l'orbite par exemple. Il y a aussi le tracteur gravitationnel : une sonde est placée devant l'objet et sa masse va très progressivement altérer l'orbite au point qu'il n'y aura plus de collision. D'autres stratégies sont étudiées et la majorité d'entre elles reposent sur le fait qu'on détectera un impacteur des décennies voire des siècles avant la collision. D'où la logique du rapport de la Maison-Blanche d'améliorer significativement nos capacités de détection.

Par ailleurs, cette menace pouvant survenir dans n'importe quelle région de la planète, ne faudrait-il pas imaginer des solutions plus internationales ?

L'étude des astéroïdes ou des comètes est déjà un effort international au sens où la communauté scientifique mondiale travaille sur le sujet et partage des connaissances. Il ne faut pas négliger cet aspect plus théorique car nos modèles de calcul de trajectoire ou les stratégies envisagées pour des missions de déflection dépendent de notre meilleure connaissance de la nature des astéroïdes ou des comètes. Donc, outre les observations depuis le sol, les missions d'exploration des comètes et des astéroïdes qui ont eu lieu ou qui sont en cours participent à cet effort de prévention. Et si ces missions ne s'affichent pas internationales au sens où les agences spatiales de plusieurs pays participent, on constate que les équipes scientifiques sont, elles, internationales. Enfin, la surveillance du ciel fait déjà l'objet de coopérations internationales. Il y avait un projet commun entre l'Agence Spatiale Européenne (ESA) et la NASA pour réaliser une mission visant à percuter volontairement un petit astéroïde tandis qu'une sonde observerait le résultat. Mais en décembre dernier, le conseil européen des ministres de l'ESA n'a pas financé cette mission. Toutefois, le problème n'est peut-être pas tant la volonté de bâtir une coopération internationale sur le sujet. Se préparer à un éventuel impact est une logique de prévention et la nature même de la menace apparaît trop hypothétique pour certains politiques qui votent les budgets. On le voit dans d'autres domaines comme la prévention routière où il faut hélas parfois qu'un accident se produise pour qu'on mette le budget nécessaire à, par exemple, un rond-point pour un carrefour dangereux. L'ennui avec un impact d'astéroïde ou de comète, et sans vouloir être alarmiste, est qu'en cas de collision avec un objet massif, ce ne sera plus une histoire de rond-point...

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