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Les partisans du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) lors d'un rassemblement avant des pourparlers pour un gouvernement de transition au Mali, le 5 septembre 2020.
Les partisans du CNSP (Comité national pour le salut du peuple) lors d'un rassemblement avant des pourparlers pour un gouvernement de transition au Mali, le 5 septembre 2020.
©MICHELE CATTANI / AFP

Contestations politiques

Les coups d’Etat se multiplient en Afrique de l'Ouest, notamment au Mali (deux fois depuis août 2020), en Guinée (septembre 2021) ou bien encore au Burkina Faso (le 24 janvier 2022). Comment expliquer l'instabilité de la région ?

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy

Emmanuel Dupuy est enseignant en géopolitique à l'Université Catholique de Lille, à l'Institut Supérieur de gestion de Paris, à l'école des Hautes Études Internationales et Politiques. Il est également président de l'Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE). 

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Atlantico : Mali par deux fois depuis août 2020, Guinée Conakry en septembre 2021, Burkina Faso le 24 janvier et désormais Guinée Bissau. Comment expliquer que ces derniers mois aient été marqués par une forte instabilité politique notamment en Afrique de l’Ouest ?

Emmanuel Dupuy : Il est important de singulariser les différents agendas des putschistes. Ce ne sont pas les mêmes causes qui produisent ce même effet de déstabilisation des régimes politiques – qui sont certes nés de processus électoraux mais pas forcément vertueux et le plus souvent fortement contestées avant le passage à l’acte des militaires -. Le double putsch du 18 août 2020 et du 24 mai 2021 au Mali, à l’instigation du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), sous les ordres du colonel Assimi Goïta, visait à renverser le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) élu en août 2013 et pourtant réélu pour un second mandat en août 2018. Les raisons principales ayant justifié le putsch d’août 2020 résident dans la perception des forces armées maliennes (FAMA) que malgré cette « légitimité » électorale, elles s’estimaient  mal soutenue dans la lutte contre les groupes armés terroristes (GAT) qui continuent à sévir. Il faut ainsi contextualiser, quelque peu, en rappelant que 1500 militaires maliens ont perdu la vie dans la lutte contre ses groupes armées depuis 2013, malgré la multiplication par quatre du budget militaire malien, entre 2015 et 2020.

C’est à peu près pour les mêmes raisons que le président Marc Roch Christian Kaboré a été renversé au Burkina Faso, le 24 janvier dernier (500 militaires burkinabés sont morts depuis 2015) par le Lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, désormais à la tête du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). La mort de 53 gendarmes burkinabè, à Inata, le 14 novembre 2021 a, sans doute été l’élément déclencheur du courroux des forces armées.  Le président Kaboré avait essayé de prendre en compte cela en changeant de Premier ministre, en nommant le 13 décembre, Lassina Zerbo, mais, en vain.

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En Guinée, le 5 septembre 2021, le président Alpha Condé est renversé après avoir brigué en octobre 2020 un troisième mandat - après avoir changé à son seul profit la constitution en mars 2020, par Mamady Doumbouya, à la tête du Groupement des forces spéciales de l’armée guinéenne, désormais à la tête du Comité National du rassemblement pour le Développement (CNRD). Le Lieutenant-colonel guinéen accomplit, ainsi ce que le scrutin d’octobre 2020 n’avait ainsi réussi à faire : chasser le président Alpha Condé du pouvoir, à la grande satisfaction de nombre de Guinéens.

Il faut y ajouter les deux coups d’état d’avril 2019 et d’octobre 2021, à l’instigation du général Abdel Fattah Abdelrahmane al-Burhan, au Soudan, ainsi que le « coup » institutionnel ayant porté le fils d’Idriss Deby Itno, Mahamat Idriss Deby, au pouvoir en avril 2021, à la suite du décès de son père, au Tchad ; sans oublier, également la tentative de coup d'État au Niger en mars 2021, deux jours avant l’investiture du président Mohamed Bazoum.

Il convient, cependant, de mettre un peu à part les évènements actuels en Guinée Bissau, visant à renverser le président Umaro Sissoco Embalo, car il est un peu tôt pour savoir quelles sont les motivations exactes des commanditaires de la tentative de putsch, mais aussi car on se rend compte, que l’instigateur de cette tentative serait le contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, ancien chef d’état- major de la marine, arrêté par la DEA américaine en 2013  et ayant effectué trois ans de prison aux Etats-Unis, car fortement soupçonné d’être l’instigateur du trafic de drogue en Guinée Bissau. Or Umaro Sissoco Embalo avait été élu en décembre 2019, précisément sur un agenda de lutte contre la corruption et le trafic de drogue. Les militaires bissau-guinéens ont ainsi sans doute voulu profiter d’un effet domino.

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Par ailleurs, les nouveaux locataires putschistes des palais présidentiels, se connaissent tous très bien, car ayant fréquenté les mêmes écoles de formation au commandement, à l’instar  de l’Ecole d’état-major de Libreville  (EEML, qui, faut-il le rappeler est une école nationale à vocation régionale – ENVR - née de la coopération  entre le Gabon et la France), au Sénégal, où l’Ecole de guerre  forme les officiers supérieurs ouest-africains , sans oublier les formations temporaires suivies aux Etats-Unis - à travers le National Defence College (NDC) et ses formations pour officiers africains, à travers l’African Center for Strategic Research and Studies (CESA), ou encore en Israël, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Russie et, bien sûr,  au sein de l’Ecole de guerre ou encore à travers le Forum de l’Institut des Hautes Etudes de Défense (IHEN) sur le continent africain (FICA) sis à l’Ecole militaire, à Paris.

Enfin, ill convient aussi de ne pas oublier que tous ont la même trajectoire de carrière militaire, ayant gagné leurs galons au contact des groupes djihadistes (Goïta, Damiba, Deby) et au plus près de la lutte anti-terroriste pour Doumbouya, en sa qualité de chef du Groupement des Forces Spéciales (GPS). Cette expertise opérationnelle a ainsi nourri une expertise certaine, un respect évident de leurs troupes et une « rancœur » contre leurs autorités de tutelle, accusées de corruption, compromission voire de démission dans le contexte de l’insécurité née de l’installation des groupes armés et organisations terroristes depuis une dizaine d’années.

Dans tous ces contextes singuliers, il est néanmoins avéré que les populations sont plutôt enclines à soutenir des alternances militaires plutôt que politiques puisque ces dernières n’aboutissent pas à la légitime alternance et la bonne gouvernance qu’elles sont supposées porter. La « boîte de pandore » est désormais ouverte et nombreux sont les chefs d’état à craindre de subir le même sort : Alassane Dramane Ouattara, en Côte d’Ivoire ; Paul Biya au Cameroun ; Ali Bongo, au Gabon…

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Même si les raisons sont singulières, comment expliquer que, malgré tout, l’Afrique et notamment l’Afrique de l’Ouest concentrent bien plus de coups d’Etat que le reste du monde récemment ?

Évidemment, malgré 60 ans d’indépendance, de nombreux principes ne sont pas respectés sur le continent africain : celui de la bonne gouvernance ; du respect des institutions, de constitutions qui se voulaient inclusives à leur rédcation mais qui se révèlent - après modification - exclusives, au seul profit de ceux qui tiennent le pouvoir ;  de la limitation des mandats ; du respect du droit d’expression politique critique - le plus souvent délégitimisé - au profit d’oppositions compromises avec le pouvoir en place. Cela explique le recours de plus en fréquent aux forces armées. Néanmoins, même si le continent africain a connu moult coups d’Etat - environ 140 depuis les indépendances des années 1960 - ce n’est pas le seul continent où cela se produit, de manière récurrente, plus ou moins récemment. L’on peut ainsi considérer que l’arrivée des Talibans à Kaboul, le 15 août dernier est un coup d’Etat ! L’on pourrait aussi citer la tentative début janvier, de déstabilisation au Kazakhstan - où une implication du leadership au sein des services de renseignement semble se préciser - ou encore à travers le phénomène des révolutions colorées (notamment au Kirghizistan en 2005 et 2010) ou encore en Ukraine, fin 2013, début 2014 puis novembre 2014 dans le Donbass ;  en Arménie, en mai 2018, où, au caractère pacifique et révolutionnaire des instigateurs s’associe - par adhésion ou opposition - des éléments des forces armées et des services de sécurité…

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La singularité africaine est dans le fait que ces coups d’Etat soient militaires, mais cela a aussi pu être le cas en Amérique du Sud depuis les années 1960 (1964 au Brésil, 1970 en Bolivie, 1973 au Chili, 1976 en Argentine, 1992 au Venezuela, en 2009 au Honduras ou encore la plus récente tentative - échouée -  en 2010 en Equateur) ou même en Europe (Grèce en 1967 avec la mise en place de la « dictature des colonels » jusqu’en 1974, Espagne avec la tentative de prise de pouvoir par le lieutenant-colonel Antonio Tejero Molina, le 23 février 1981, Portugal avec la Révolution des Œillets en avril 1974, à l’instigation de jeunes officiers renversant la dictature salazariste par le truchement d’un coup d’état, etc.).

Il ne faut ainsi pas coller une image de prétorianisme au seul continent africain. Il est, néanmoins, une certitude. Celle que, depuis les années 1990, le continent africain se trouve dans un très difficile cheminement démocratique qui le rend actuellement plus perméable aux coups d’Etat, faute de processus électoraux accomplis et vertueux.

Est-ce qu’il y a une explication conjoncturelle favorisant l’instabilité dans une région déjà habituée à des contestations politiques et des coups d'État de longue date ?

Oui ! Bien évidemment, l’affrontement avec les groupes armés - ou acteurs armés non gouvernementaux (NSAG) selon la nomenclature internationale en vigueur - et leur « enkystement » géographiquement et sociologiquement parlant est un facteur explicatif.

Ces derniers remettent en cause la légitimité et surtout l’efficacité de la pratique régalienne de l’usage de la force et viennent, dans le même élan, mettre en péril l’intégrité territoriale et obèrent la souveraineté nationale.

Le continent africain est désormais déstabilisé par deux organisations terroristes.

D’une part, l’Etat islamique, présent dans une quinzaine de pays, en Afrique de l’Ouest (Etat islamique dans le Grand Sahara – EIGS – au Sahel, notamment au Burkina-Faso, Niger et Mali ; Etat Islamique en Afrique de l’Ouest - ISWAP au Nigéria, Cameroun ;  Etat Islamique en Afrique centrale - ISCAP) et dans la corne de l’Afrique, à travers le mouvement des Shabaab, en Somalie, au Kenya, en Tanzanie, au Mozambique et désormais, en Afrique centrale via les ADF (Allied Democratic Forces) à l’est de la RDC.

D’autre part, les organisations ayant prêtés allégeance de longue date à Al Qaïda, à l’instar de groupes terroristes qui s’organisent, se regroupent parfois, comme c’est le cas avec Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI), Al-Mourabitoune, le Mouvement pour l’Unicité et le Djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et Ansar Dine, auquel s’ajoute le Front de libération du Macina (parfois appelé Katiba Macina), au sein du Groupe de Soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM) à partir de mai 2015, sous la férule du touareg Iyad Ag Ghali et prédicateur peul, Amadou Koufa.

Les allers-retours entre les affiliations terroristes sont fréquentes. Ainsi, le 31 décembre dernier, le mouvement Ansaru - mouvement, aussi connu comme « l’avant-garde pour la protection des musulmans en Afrique noire » - issu de la scission de Boko Haram, s’est détaché de l’ISWAP -ayant prêté allégeance à Daesh en 2016 – pour se rapprocher de nouveau d’Al Qaïda

De fait, les gouvernements sont de plus en plus affaiblis là où l’absence de l’état est criante : le sud algérien, les Grand Fezzan libyen, le nord-est du Mozambique (Cabo Delgado), le Nord, Nord-est et centre du Mali (autour de Kidal, Ménaka, le Gourma et Macina), les régions de Diffa et Zinder au Niger, celles autour du Lac Tchad, dans les Nord-ouest et Nord-est du Nigéria, le nord-est du Burkina Faso, et désormais les septentrions ivoiriens, béninois, togolais, etc.  

L’installation de ces groupes armés concurrençant ou - le plus souvent - remplaçant l'État dans un certain nombre de territoires a affaibli considérablement les fondements mêmes de ces Etats. Cela a consommé leur énergie, monopolisé des pans entiers de leurs budgets, happé leur agenda politique, singularisé leurs relations internationales, réduisant leur dialogue avec l’Europe, les Etats-Unis, désormais la Russie et la Turquie, à des considérations sécuritaires. Ils se sont ainsi réarmés, rééquipés, réorganisés pour lutter plus efficacement contre la menace en urgence. Cela a entraîné une hausse des budgets défense dans de nombreux pays : multiplié par 4 au Mali depuis 2015 (de 132 millions de dollars en 2013 à 495 millions en 2020) ou encore passant de 142 millions à 312 millions de dollars au Burkina Faso (entre 2013 et 2020), il correspond à 17% du budget total du Tchad, 20% au Mali, 17% au Niger (91,6 millions en 2013 à 230 millions de dollars en 2020), alors que le nouveau président Mohamed Bazoum, souhaite multiplier par deux les forces de défense et de sécurité en les portant à 50 000. La sécurité a ainsi sensiblement et durablement perturbé les autres objectifs et priorités gouvernementales, notamment celles qui font société et unissent les citoyens entre eux, notamment l’éducation et la culture. D’autant que cela a entrainé les mouvements de nombreux réfugiés. L’on estime ainsi le nombre de réfugiés sahéliens, à 2 millions, dont 1,5 millions rien qu’au Burkina-Faso. Il y a ainsi les 2 millions de Nigériens, parmi les 30 millions de Sahéliens (Niger, Burkina-Faso, Mali, Nigéria, Tchad) qui sont dans une « situation d’insécurité alimentaire extrême », dont principalement les 220 000 réfugiés et 187 000 personnes déplacées à cause de la situation sécuritaire au Niger.

Sans oublier, hélas, la fermeture des écoles. 2244 écoles sont fermées au Burkina,1344 écoles fermées au Mali, 3300 écoles fermées dans les cinq pays appartenant au G5-Sahel. Au total, 13 millions d’enfants sont déscolarisés (65% des enfants du Niger, Mali, Burkina) constituent les ferments possibles de futurs déstabilisations ou perturbations de l’état de droit dans la région. Ainsi tout ce qui fait société est minoré, ce qui augmente, inévitablement, le fossé entre les citoyens et les exécutifs, tout autant que le hiatus entre centres urbanisés et périphéries rurales, nettement moins impactées par l’action de l’état et la mobilisation internationale en vue de l’aide au développement. Cela est d’autant plus vrai que les populations entendent parler de l’immensité des moyens mis à disposition par la communauté internationale (16,92 milliards d’euros engagés par le truchement de l’Alliance Sahel ou encore les 8,5 milliards d’euros que l’UE a confirmé à travers sa révision - confirmation de sa stratégie Sahel, pour la période 2021-2028.

En résumé, les populations peuvent légitimement s’interroger quand avec plus ou moins 30 000 militaires (5100 réduits à 2500 d’ici 2023,  au sein de l’opération militaire française Barkhane dont plusieurs centaines de forces spéciales issus de 8 pays européens - péniblement - réunis au sein de la Task Force Takuba ; 14 000 casques bleus au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA) ; 400-500 à travers les missions européennes European Union Training Mission (EUTM-Mali) et European Union Capacity Border Assistance Mission (EUCAP-Mali & EUCAP Sahel-Niger) ; plus ou moins 5000 au sein de la Force conjointe du G5-Sahel…) agissent en vain, à raison de 4 millions d’euros dépensés par jour, pour juguler une violence qui a fait plus de 6000 victimes ces deux dernières années…

Les institutions dans cette région du monde sont-elles trop faibles et laissent-elles trop de place aux milices ?

C’est une certitude. On estime, en effet, à environ 84000 les forces supplétives ou concurrentes aux forces armées : les groupes terroristes (celles liées à Al Qaïda et/ou Daesh), les milices d’auto-défense, les groupes armés touaregs, peuls, etc. Au Burkina-Faso, par exemple, une loi datant de décembre 2019 a permis la création de Volontaires pour la défense (VDP), venus se rajouter aux 20 000 à 40 000 milices rurales Koglweogo burkinabè.

C’est aussi le cas au Mali, par le biais des milices dogons Dan Na Ambassagou (regroupant « les chasseurs qui se confient à Dieu ») ou encore les mouvements touaregs (dont le GATIA - Groupe d’Autodéfense Touareg Imgad et Alliés – ou le Mouvement pour le Salut de l’Azawad – MSA) qui viennent de confirmer, ces dernières heures, à Rome, leur adhésion au Cadre Stratégique Permanent (CSP) et de facto confirmant leur caractère supplétif à la lutte multidimensionnelle (politique et militaire) contre les groupes armés djihadistes.

En parallèle à cette réponse aux groupes armés par l’émergence de milices d’autodéfense, il faut aussi considérer la multiplication des acteurs périphériques aux Etats, dans une dynamique d’externalisation de la lutte contre les groupes terroristes. A cela s’ajoute le phénomène de privatisation de la sécurité avec la présence des sociétés militaires privées : la russe Wagner qui défraye la chronique depuis son installation fin 2016 en RCA , en Libye en 2017, désormais au Mali et dans 14 pays africains, mais aussi la turque Sadat ; les américaines Blackwater devenu Academi, Constellis, Relyant ; la britannique Executive Outcomes ; la chinoise Frontier Services Group (FSG) ou encore les sud-africaines Dyck Advisory ou Paramount Group, actives au Nord-est du Mozambique face au mouvement Ansar Al-Sunna (Al-Shabaab au Mozambique).

Face à cela les groupes terroristes s’organisent, se regroupent parfois, de manière opportune comme ce fut le cas en 2017 avec AQMI, Ansar Dine, le MUJAO et Al Mourabitoune au sein du Groupe de Soutien à l'Islam et aux Musulmans (GSIM) derrière Iyad Ag Ghali ou encore, autour d’Adnane Abou Walid al-Sahraoui (tué par une frappe française, mi-août dernier) au sein de l’État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) désormais fortement minoré dans ses capacités par l’action conjointe des forces armées maliennes, nigériennes, Burkinabé et françaises.

On comprend, donc, aisément que l’agilité, l’asymétrie et grande volatilité qui caractérise la situation sécuritaire au Sahel, comme en Afrique centrale, australe et orientale impose une prise en compte multidimensionnelle de la réponse aux crises et conflits. Il n’est pas certain que les « réponses » apportées jusqu’à présent aient été efficaces.

C’est aussi, fort de cet évident constat d’échec que les nouveaux présidents - colonels ou généraux - s’appuient pour proposer une autre voie. Il n’est pas sûr, néanmoins qu’elle diffère sensiblement des pouvoirs jugés défaillants qu’ils ont remplacé, encore moins qu’elle réussisse…

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