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Livre : Un paquebot pour Oran, une immersion vérité, comme si vous y étiez, hier et aujourd'hui
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Hélène Renard pour Culture-Tops

Hélène Renard pour Culture-Tops

Hélène Renard est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LIVRE

Un paquebot pour Oran

de Guillaume de Dieuleveult

La Librairie Vuibert

256 p.

RECOMMANDATION : EXCELLENT

THEME

Ce n'est pas le récit d'un "pied-noir" nostalgique ni même d'un visiteur occasionnel (il n'était jamais allé en Algérie). C'est plutôt le regard d'un voyageur qui, aimant à la folie la Méditerranée dont il connaît bon nombre d'autres rives, ne peut admettre d'ignorer celle-ci qui a vu passer tant de peuples divers et connu tant de péripéties historiques, de l'Antiquité à nos jours. Une sorte de trajet à rebours.

On le suit donc dans l'Algérie d'aujourd'hui, essentiellement à Oran et Alger, et, tandis qu'il découvre des lieux qu'il avait approchés par l'Histoire ou par la littérature, il nous entraîne, loin des clichés, dans la réalité actuelle.

Embarquement sur un "paquebot" qui navigue entre récit de voyage et livre d'histoire.

POINTS FORT

Il ne se contente pas de "reporter" ce qu'il voit ou ce qu'il ressent. Il alterne,  avec une belle habileté d'écriture qui renouvelle le genre reportage, les moments présents et les évocations de l'Histoire, le visible contemporain et les traces du passé. Ce balancement agrémente la lecture.

Evidemment il rappelle  -sans trop de considérations politiques-  les "années de chaos", les douloureux événements de la guerre, particulièrement l'année 1962, les drames, les horreurs, les souffrances, dans les deux camps.

Il décrit avec sensibilité et sympathie la vie des Algériens qu'il rencontre, sa logeuse, une famille d'amis, une guide universitaire... 

Parmi les 13 chapitres, on s'attarde avec intérêt sur celui de la conquête de l'Algérie en 1830, intitulé "Pour un coup d'éventail"(le geste de Pierre Deval, consul de France à Alger, en 1827, contre le Dey Hussein), conquête qui, selon l'auteur, ne s'est pas faite aussi aisément qu'on le croit.   

Sa documentation, en particulier celle concernant la marine et les bateaux, est solide et son art de résumer les événements historiques sans trop de détails, rend le récit aisé sans jamais être pesant. 

Son admiration pour Camus est touchante, de même que son rappel d'autres maîtres ès lettres, Alphonse Daudet et Montherlant notamment, envoûtés par ce pays. 

Quant à l'épilogue, les retrouvailles avec son ami Yassine, on ne saurait le lire sans émotion.

POINTS FAIBLES

Les premières pages sont trop longues. Sa narration de Marseille, même évoquant Albert Londres, nous fait languir. Il faut attendre la page 80 pour qu'enfin, il aperçoive la falaise et débarque à Oran. Certes, le voyage sur le ferry "décrépit" de la compagnie Algérie Ferries, à peine confortable, ne manque pas d'imprévus (il est dérouté sur Palma) mais avec moitié moins de pages, il en aurait raconté autant.  Admettons cependant que ce long préliminaire justifie le titre !

EN DEUX MOTS

Oran m'a toujours fascinée pour en avoir longuement entendu parler, à la fois par des frères appelés pour 32 mois de Service national, par des pieds-noirs à la cicatrice ineffaçable, mais aussi par des amis algériens. Un nouveau regard ne pouvait que retenir mon attention. Je ne l'ai pas regretté. 

UN EXTRAIT

"[à mon ami Yassine], j'avais lancé comme une sorte de défi : "Un jour, j'irai voir Oran". Il avait secoué sa grosse tête et répondu désinvolte : "Bien sûr". Ca n'était pas sérieux. Quelle idée de vouloir visiter Oran ? Mis à part quelques pieds-noirs rongés par la nostalgie, cette ville n'intéresse personne. Et puis le passé est trop lourd, l'Algérie a mauvaise presse. Personne ne part en vacances là-bas... Quelques jours plus tard, je déjeunais avec un éditeur. Nous réfléchissions à voix haute. Il proposait que je monte sur un paquebot à l'ancienne et tout s'est mis en ordre : d'accord pour le paquebot mais cap au sud, direction Oran".

L'AUTEUR

Journaliste pour le service tourisme du Figaro Magazine, Guillaume de Dieuleveult est envoyé partout dans le monde (tout dernièrement en Tasmanie). Parfois il s'arrête, comme en Egypte où il a vécu trois ans. Il est d'ailleurs l'auteur d'un Dictionnaire  insolite de l'Egypte. Mais le plus souvent, pour ses reportages, il s'immerge au coeur des pays pour en capter l'essentiel. Il ne se considère jamais comme touriste mais se sent plutôt appartenir à la catégorie de jadis, en voie de disparition (?), celle des "voyageurs". Il lui arrive cependant de se pencher sur la France, lorsque l'actualité "chaude" l'exige, tels "Les gilets jaunes" ou "Les marchés de Noël", titres de ses récents articles parus. Ses aïeux bretons lui ont légué un amour inconditionnel des voyages et de la mer. 

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