Les verts : un groupe parlementaire contre l’environnement ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jean-Luc Mélenchon pose avec des députés de LFI et des membres de NUPES devant l'Assemblée Nationale à Paris, le 21 juin 2022
Jean-Luc Mélenchon pose avec des députés de LFI et des membres de NUPES devant l'Assemblée Nationale à Paris, le 21 juin 2022
©JULIEN DE ROSA / AFP

Réflexion

La récente élection de l’Assemblée nationale a vu les verts obtenir 23 députés. L’échec de la proposition de Jean-Luc Mélenchon de constituer un seul et même groupe parlementaire pour la NUPES a conduit ces derniers à constituer leur propre groupe parlementaire.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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Qu’il soit permis de poser ici une question simple : un groupe parlementaire les verts, pourquoi faire ? 

A l’heure où l’on parle d’union nationale, de majorités de projets, de dépassement des clivages, certains esprits chagrins qui se souviennent du duo Antoine Waechter-Brice Lalonde rappelleraient que l’ADN politique des écologistes français est la division. D’autres, plus polémistes et idéologiquement sans doute plus à droite, se feraient fort, selon le mot bien connu, de montrer que dernière le vernis environnemental qui est le leur, la vraie couleur des écologistes français est le rouge : un parti dont la véritable colonne vertébrale est la lutte des classe, le progressisme érigé en combat de tous contre tous. 

Ramener les verts à la question environnementale ne permet pas non plus de convaincre de l’utilité de ce parti. Pour au moins deux raisons. 

La première, peut-être la plus positive et la moins évidente, c’est que le combat pour la défense de l’environnement – cœur supposé de la conscience verte – est au fond gagné. Nul de sérieux, dans aucun parti, ne conteste plus réellement non seulement l’existence du réchauffement climatique, mais cette idée au fond assez simple que la terre n’étant pas sans limites de ressources, il est nécessaire de lui accorder une place importante dans les politiques publiques. L’Union européenne est à ce titre un exemple assez éclairant. Le fil rouge de l’actuelle Commission européenne, dirigée par Ursula Von der Leyen, est ainsi le Green deal. C’est en son nom, par exemple, que le principe de l’interdiction de la production de voitures thermiques dans l’UE– malgré les conséquences industrielles et humaines qu’un tel choix aura pour l’Europe – vient d’être fixé à 2035. C’est en son nom que les dépenses environnementales sont priorisées dans le plan Next Génération. C’est en son nom encore que la BCE entend « verdir » la politique monétaire. L’on pourrait continuer. Mais le plus remarquable, c’est que la décision de faire de l’environnement la priorité numéro 1 de la Commission a été prise par Mme Von der Leyen, réalisant ainsi une sorte de coup d’Etat contre la force politique de centre droit dont elle est issue : le Parti populaire européen (PPE). A quoi bon un parti vert si tout le monde l’est, y compris la droite conservatrice ? 

La seconde est plus dérangeante. Car si l’on prend le temps de s’arrêter sur ce que proposent les verts, l’on s’aperçoit qu’ils poussent souvent l’idéologie si loin qu’ils luttent en réalité contre ce qu’ils prétendent défendre. Deux exemples l’attestent. 

Le premier exemple est celui de l’électricité nucléaire. Tout a été dit et par tout le monde, jusqu’au GIEC pourtant peu suspect de sympathie pour l’atome, sur cette réalité simple : l’augmentation maitrisée de la part du nucléaire dans le mix de production énergétique mondiale est inéluctable si l’on veut se donner encore la possibilité de résoudre la question du changement climatique. A-t-on vu les écologistes évoluer sur cette question ? Pas le moins de monde. Emboitant le pas à leurs homologues allemands – usuellement plus responsables – les verts français refusent obstinément de considérer l’usage maîtrisé du nucléaire. Demain, comme leurs homologues allemands, préconiseront-ils le rouvrir des centrales à charbon, plus de 1000 fois plus émettrices de carbone ? 

Le second exemple est celui de l’huile de palme, autre usual suspect des verts. Le combat contre cette huile au nom de la lutte contre la déforestation – problème que l’on peut faire vouloir régler mais dont il est prouvé qu’il a des causes multiples – conduit à une condamnation sans nuance. Surtout, il ne prend pas en compte des réalités fâcheuses. L’une de ces réalités est le manque criant d’huiles végétales (tournesol etc.) lié à l’éclatement de la guerre en Ukraine, qui montre l’utilité de l’huile de palme. Une autre réalité est la nécessité, poussée par l’Union européenne de développer les biocarburants, par exemple dans l’aviation dès 2025. Curieusement, les verts français, dès qu’il s’agit d’huile de palme, oublient opportunément une européophilie dont ils prétendent par ailleurs avoir fait l’un de leurs marqueurs.

Un proverbe dit que les cordonniers sont les plus mal chaussés. En fait de protection de l’environnement, la création d’un groupe parlementaire les verts n’est peut-être pas une très bonne nouvelle pour nos forêts, nos mers et nos abeilles….

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