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Les autorités sanitaires de la ville de New York s'émeuvent de la propagation rapide de maladies pourtant peu courantes, comme certains types de méningites, imputant cela au vagabondage sexuel favorisé par les réseaux sociaux.
Les autorités sanitaires de la ville de New York s'émeuvent de la propagation rapide de maladies pourtant peu courantes, comme certains types de méningites, imputant cela au vagabondage sexuel favorisé par les réseaux sociaux.
©Reuters

Vagabondage sexuel

Les sites de rencontres et réseaux sociaux favoriseraient le vagabondage sexuel, qui pourrait multiplier les risques de contracter des infections sexuellement transmissibles.

Dominique Lefèvre

Dominique Lefèvre

Dominique Lefèvre est psychologue sexologue clinicienne, experte en analyse de pratiques professionnelles en groupe et sur les questions intimes individuelles ou conjugales. Elle exerce ses activités de sexothérapeute depuis 5 ans au CHU Henri Mondor de Créteil et donne des consultations privées sur Paris et en région Est Île de France (bureau basé à Nogent sur Marne) ainsi qu'en national et international par Skype. Dominique Lefèvre est aussi docteure en droit.
 
 
 
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Atlantico : Les autorités sanitaires de la ville de New York s'émeuvent de la propagation rapide de maladies pourtant peu courantes, comme certains types de méningites, imputant cela au vagabondage sexuel favorisé par les réseaux sociaux. Des nouveaux comportements sexuels "compulsifs" rapides se sont-ils réellement développés grâce aux sites de rencontres et autres réseaux ? Qu'ont-ils de plus dangereux ?

Dominique Lefevre : Le nomadisme sexuel est favorisé par une communication facilitée par les échanges basés sur des réseaux sociaux. Oui, les sites Internet facilitent les rencontres légères qui nuisent à la prévention. Les infections sexuellement transmissibles (IST) et maladies sexuellement transmissibles (MST) sont en augmentation. Depuis 2000, on constate une progression de 52 % d’IST chez les hommes et les femmes et plus particulièrement chez les jeunes (source : Hirschen).

Il existe différents types de méningites et le lien significatif quant à leur propagation avec "le nomadisme sexuel" favorisé par les réseaux sociaux contemporains via Internet reste cependant à prouver.
Depuis 2000, il y a un relâchement de la prévention des IST. Les injonctions aux préservatifs ne sont plus suivies de la même manière, ce qui laisse l’animalité s’exprimer dans ce désir d’être en tension dans une jouissance permanente. La non utilisation du préservatif peut aussi s’expliquer par des problèmes d’estime de soi engendrant des pratiques sexuelles à haut risque. Par ailleurs, l’arrivée des trithérapies pour le VIH qui fait du SIDA une maladie chronique et non plus mortelle a dilué l'injonction aux préservatifs. Dans la communauté homosexuelle, le multipartenariat a fait des IST un sujet d'actualité et de santé publique. 
Des facteurs de risque et des conditions propices dans notre société nous permettent de dire que de nouveaux comportements sexuels simultanés se sont multipliés du fait d’une facilité d’accès et d’étendue géographique du nombre de partenaires proposés. Quid de la liberté d’avoir une bonne santé sexuelle épanouie procurant plaisirs et jouissance face aux problèmes de responsabilités posée par une offre insatiable ?
Nous pouvons donc reconnaître que cette offre augmente la consommation sexuelle et engendre de nouveaux comportements. Le problème étant celui de la consommation insatiable, renvoyant à la question de la soif : soif d’argent, de profit, d’objets, de corps, de jouissance, à jamais inassouvie.
Le principal danger de l’Internet est en partie lié au fait que des personnes se créent des identités virtuelles fictives. Développant un "moi idéal", un sentiment de toute puissance. Cette toute puissance peut leur faire croire qu’ils sont immortels, inattaquables donc n’ayant besoin d’aucune protection. Si l’on se réfère à la tranche d’âges des 20-40 ans, grande consommatrice de virtuel,le double imaginaire qu'engendre leur avatar sur la toile peut leur donner l'impression d'être protégés de tout risque. On peut alors assister à une perte du sens des responsabilités, notamment en matière de protection dans une sexualité "sans limites". Il existe un rapport idéologique entre la santé et la liberté.

La population qui pratique la consommation sexuelle intensive via les réseaux aurait-elle tendance à négliger les questions de préventions des IST ? Si oui, pourquoi ?

De manière générale, il est possible de parler de négligenceDepuis la déclaration de la Fédération internationale du planning familial en 1995, 1996 et  2008, les droits sexuels sont inscrits dans les droits de l’homme comme universels et fondamentaux autour du plaisir, de l’émotion et de la reconnaissance de la santé sexuelle. Un trépied bien-être/responsabilité et comportement sexuel s’est établi. L’individualisme de la consommation sexuelle via Internet ne favorise pas cette éthique qui serait basée sur le principe de "ne pas nuire à autrui", ni même sur le sentiment de solidarité très prégnant dans le milieu gay. La sexualité devient un loisir et on constate l'apparition de personnes accro au sexe.

Si 30% des personnes séropositives le découvrent lors d’un dépistage, 30% des femmes apprennent leur contamination lors d’une grossesse. Les IST peuvent passer inaperçues ce qui les rend d'autant plus dangereusesLes gens ont de plus en plus tendance à avoir recours à l'automédication par Internet et sans ordonnance. Cela peut augmenter les risques de transmission des infections en renforçant les résistances aux antibiotiques.

Quels sont les maladies qui pourraient resurgir ou proliférer si devaient se développer des comportements de multiplication du nombre de partenaires sexuels dans un temps court ? Font-elles courir des risques sanitaires majeurs à une population plus large ?

Le facteur du nombre de partenaires est le premier indicateur de risque dans  la contamination. Les IST sont rarement isolées des autres formes de maladies ou infections. Comme par exemple la gonococcie dans la syphilis est en recrudescence souvent associés au chlamydia et à l’herpès. L’hépatite B aussi se développe et s’exprime par de la fatigue. Ces IST ne sont pas décelables tout de suite. Il y a donc les IST virales (hépatites, herpès, condylome, papillomavirus) qui ne se traitent pas, puis les IST bactériennes (syphilis, gonococcie, chlamydia) et les IST parasitaires (trichomonas, morpions, gale). 

Il s’agit alors de remonter la chaîne de transmission et traiter le partenaire et tous les sujets en contact. La prévention est le maître mot : port du préservatif, dépistage et vaccination (hépatite B).
Les femmes rencontrent des IST qui touchent principalement l'appareil génital et peuvent entraîner la stérilité à long terme. Le sexe de la femme est une couveuse à germes non visibles, plus réceptive avec une propagation plus importante.
Le premier rapport sexuel est à très haut risque, le rapport anal du fait de la muqueuse rectale fine avec un traumatisme possible est plus contaminante de VIH.
Le conseil de santé publique pour 2010-2014 propose de réduire de 50% l’IST en VIH. Les recommandations vont du préservatif aux digues dentaires. Car en France, 50 000 personnes seraient séropositives sans le savoir.
Nous voilà confrontés à des choix de société où la liberté individuelle ne peut s’inscrire que dans une éthique responsable. Le développement de la santé publique et de la clinique individualiste doivent pouvoir s’associer afin de combattre les risques majeurs que courent la population.

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