"Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain" : 40 ans après, quel bilan réel pour le théorème d’Helmut Schmidt en Allemagne<!-- --> | Atlantico.fr
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Helmut Schmidt, ancien Chancelier allemand, est décédé ce mardi 10 novembre.
Helmut Schmidt, ancien Chancelier allemand, est décédé ce mardi 10 novembre.
©Reuters

Vieux dicton

Helmut Schmidt, ancien Chancelier allemand, est décédé ce mardi 10 novembre. Ce dirigeant politique social-démocrate a donné son nom à ce qui est aujourd’hui appelé le "théorème de Schmidt" : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain."

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le 3 novembre 1974, le chancelier social-démocrate Helmut Schmidt prononçait une phrase devenue culte : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain.". Depuis, cette phrase a été érigée au rang de théorème sur le terrain politique, car sur le terrain économique, quelques doutes subsistent.

Et il suffit de prendre l’exemple de l’Allemagne contemporaine pour s’en apercevoir. En effet, entre 1999 et 2006, l’Allemagne fait le choix de la modération salariale afin de privilégier les marges et les profits des entreprises. Le premier pilier du théorème. Et cette politique va atteindre son but aussi rapidement qu’efficacement :

Part des profits des entreprises dans le revenu national. Allemagne. En % du revenu national brut

Et ce transfert de richesse s’est bien effectué en provenance des revenus salariés.

Part des revenus salariés dans le revenu national brut. En %.

Ici, aucune surprise. Tout se déroule comme prévu. Les salaires ne progressent plus, par contre les marges décollent. Il s’agit maintenant de vérifier la réalité de la suite du théorème en observant si ces nouveaux profits ont permis de financer les investissements des entreprises allemandes. Et là, c’est une petite déception, parce que les investissements ont bien chuté tout au long de cette période de modération salariale. 

Investissements. En % de PIB. Allemagne. Source Destatis

Pourquoi ? Parce que si les entreprises industrielles allemandes ont bénéficié à plein de la modération salariale, elles ont décidé d’investir ailleurs qu’en Allemagne. Plus rentable. Ainsi, puisque les profits des entreprises constituent une part de l’épargne nationale, les efforts consentis par les salariés allemands ont finalement servi à financer les déficits commerciaux d’autres Etats. (Espagne, Portugal , Grèce etc…). Ce qui explique en partie la chute des investissements en Allemagne. Les investissements de "demain" ont donc bien eu lieu, mais plutôt ailleurs qu’en Allemagne. Cette situation perdure aujourd’hui puisqu’en 2014, la part de l’investissement dans le PIB allemand atteint 19.31%, pas plus élevée qu’elle ne l’était en 2006.

Enfin, le principal ; les emplois d’après-demain. Et là, force est de constater que le pays a été créateur d’emplois depuis 2006, soit plus de 2.3 millions. Et ce malgré la chute des investissements. Le théorème pourrait donc bien se justifier de lui-même. Pourtant, le détail des emplois crées dans le pays depuis cette date laisse peu de place au doute :

L’industrie manufacturière allemande n’a été à la source que de 9% des créations d’emplois depuis 2006. Alors que le secteur des services y a contribué à hauteur de 85%. Ce qui signifie que le grand secteur de l’exportation, qui a été la cible prioritaire de la politique allemande du début des années 2000, n’a pas réellement suivi le théorème d’Helmut Schmidt. Non pas que les entreprises en soient coupables, mais simplement pour se défaire d’une idée toute faite.

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