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Une photo prise le 29 mai 2007 de plaques de cuisson fonctionnant au gaz à Paris.
Une photo prise le 29 mai 2007 de plaques de cuisson fonctionnant au gaz à Paris.
©ERIC PIERMONT / AFP

Hausse des tarifs

Les prix de l’énergie subissent une hausse spectaculaire à l'approche de l'hiver. Les dirigeants tentent par tous les moyens de réguler et de contrôler ces dérapages, malgré les errements de leurs décisions sur le dossier de l'énergie.

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent

Loïk Le Floch-Prigent est ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France, et spécialiste des questions d'énergie. Il est président de la branche industrie du mouvement ETHIC.

 

Ingénieur à l'Institut polytechnique de Grenoble, puis directeur de cabinet du ministre de l'Industrie Pierre Dreyfus (1981-1982), il devient successivement PDG de Rhône-Poulenc (1982-1986), de Elf Aquitaine (1989-1993), de Gaz de France (1993-1996), puis de la SNCF avant de se reconvertir en consultant international spécialisé dans les questions d'énergie (1997-2003).

Dernière publication : Il ne faut pas se tromper, aux Editions Elytel.

Son nom est apparu dans l'affaire Elf en 2003. Il est l'auteur de La bataille de l'industrie aux éditions Jacques-Marie Laffont.

En 2017, il a publié Carnets de route d'un africain.

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Alors que l’hiver s’annonce les prix de l’énergie s’affolent et les politiciens de tous bords essaient de trouver des parades pour convaincre de leur avenir électoral : exercice difficile car ce sont les décisions contradictoires qu’ils ont tous soutenues qu’il faudrait discuter aujourd’hui.

Certes on ne pouvait pas anticiper une pandémie aussi forte combattue par une baisse de la production, mais on pouvait prévoir une reprise importante  de l’économie et donc de la demande d’énergie abondante et bon marché dans des délais courts. Les sources fossiles (charbon, pétrole, gaz) représentant 80% de l’énergie consommée dans le monde, il était clair que la période que l’on allait vivre après le pic du covid devait  connaitre une augmentation importante de la demande et donc une augmentation des prix si l’offre ne pouvait pas suivre . C’est bien ce qui est arrivé alors que l’ensemble des pays développés essayait de réduire la production d’hydrocarbures « pour sauver la planète ». On n’a rien sauvé du tout, la consommation de charbon a repris de plus belle, et celle de pétrole aussi, quant au gaz, désormais indissolublement associé aux énergies intermittentes (éolienne et solaire), il connait un engouement tel que certains en viennent à oublier que sa combustion dégage du CO2 ! On a donc voulu réduire l’offre, la demande s’est accrue et les prix flambent : il n’y a que les politiciens européens et leurs commentateurs attitrés pour pouvoir s’en étonner !

Mais la France , poussée par l’Allemagne, a encore fait mieux, c’est le moment qu’elles ont choisi pour accélérer à la fois la demande électrique dans les mobilités (véhicule électrique) en voulant restreindre l’offre en pénalisant la production d’origine  nucléaire. On a donc surinvesti dans l’énergie électrique intermittente, ce qui coute cher à l’économie des pays, on a désinvesti dans un nucléaire déjà amorti et qui ne coute plus que les frais de fonctionnement, et désormais on a des prix qui ont augmenté tandis que les risques de pénurie existent si l’hiver est froid et si la quantité de voitures électriques augmente trop vite, alors que les constructeurs sont mis à l’amende s’ils n’en vendent pas beaucoup. C’est UBU roi, les libéraux déclarés se retrouvant des étatistes impénitents et poussant des solutions absurdes à des problèmes qu’ils ont eux-mêmes créés contre les désirs profonds des peuples dont ils ont la charge.

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L’erreur de politique est visible à l’œil nu, il fallait conserver, au moins, la rente de l’électricité nucléaire, abondante et bon marché, pour passer le cap sans douleur extrême de diminution progressive de consommation d’énergie fossile. C’était d’ailleurs le sens du mot « transition » que chacun utilisait avec bonheur. On a préféré la brutalité et la coercition, et ceci au niveau des gouvernements comme des grandes municipalités, et le peuple constate une augmentation importante de ses notes d’énergie -électricité, gaz, essence, diesel – tandis qu’on lui annonce que ce n’est pas fini et que des coupures d’électricité sont prévisibles bien que l’on ait accéléré le programme « d’effacement » des entreprises, c’est-à-dire que les volontaires industriels vont recevoir de l’argent s’ils consentent en période de pénurie à arrêter leurs installations !

Le bon sens populaire voudrait que l’on revienne sur une politique inefficace et que tous les postulants à la magistrature suprême annoncent dès maintenant un examen et une remise en question des causes qui nous conduisent aujourd’hui à cette charge insensée ,et créée de toutes pièces, qui va peser durablement sur tous les foyers de France (et d’ailleurs) . On peut observer qu’il n’en est rien, une politique qui montre son échec est considérée comme intangible et chacun rivalise de mesurettes destinées à « protéger les plus fragiles » des conséquences de décisions imbéciles. Ce n’est plus l’heure de tergiverser, si l’on se préoccupe vraiment du peuple, de son ensemble, fragiles et moins fragiles, il faut clairement interroger la politique restrictive suivie depuis dix ans qui a conduit à la fermeture de la Centrale Nucléaire de Fessenheim, à l’arrêt du programme Astrid de réacteurs à neutrons rapides, aux non décisions du remplacement des Centrales par des EPR 2, à l’explosion des projets d’éoliennes hors de prix conduisant à des atteintes inacceptables à l’environnement, aux installations sur des magnifiques plans d’eau de centrales solaires mieux adaptées aux déserts, à la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) qui rançonne tous les acteurs économiques, à la politique européenne de l’énergie qui appelle « vert » ce qui ne l’est pas… Il faut revenir sur les dogmes et obtenir que l’on observe la réalité : c’est la politique suivie qui mène aux prix de l’énergie trop élevés pour la population européenne( et française !), c’est cette politique qu’il faut interroger et changer. Il ne faut pas accuser le ciel, la malchance, ou le destin, et ne pas inventer des rustines inapplicables pour corriger des erreurs, il faut simplement changer de politique énergétique.

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