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Les principaux chantiers de la droite pour reconquérir le pouvoir
©ERIC FEFERBERG / AFP

Bonnes feuilles

Guillaume Peltier publie "Milieu de cordée" aux éditions Plon. Dans ce premier livre et face au capitalisme financier d'Emmanuel Macron et au populisme des extrêmes, il appelle la droite à bâtir le parti des "milieux de cordée" et aspire ainsi à réconcilier "les républicains des deux rives". Extrait 1/2.

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier

Guillaume Peltier est député de Loir-et-Cher et vice-président délégué des Républicains. Il a été professeur d'histoire-géographie, chef d'entreprise et porte-parole de Nicolas Sarkozy.

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Je suis de droite. Mais je suis français avant d’être de droite. Or, depuis plus de dix ans, depuis l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, depuis cette campagne de 2007, la dernière qui ne suscita pas un vote par défaut, mais bel et bien un vote d’adhésion, la dernière qui suscita l’enthousiasme des Français, qu’ils fussent des soutiens de Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal ou François Bayrou, la droite s’est oubliée. La droite s’est perdue, même. Dans les querelles d’ego. Notamment, mais pas seulement. Car elle a aussi oublié de travailler ou, au mieux, de faire connaître ses idées nouvelles au plus grand nombre. La droite a négligé ses fondamentaux et omis d’appréhender le monde tel qu’il est et tel qu’il vient. 

Avant la saine et légitime bataille qui permettra de choisir notre candidat à l’élection présidentielle de 2022, nous devons donc engager pleinement le combat des idées. Ce sont les idées qui mènent le monde. Toute victoire électorale est précédée d’une victoire idéologique. Nous bâtirons une droite nouvelle seulement sur des idées nouvelles. J’en appelle, dès lors, à la révolution des idées.

Nous avons perdu deux élections présidentielles, deux élections législatives et le dernier scrutin des élections européennes de mai 2019. Il n’est pas question ici d’accabler quiconque en particulier, tant il est facile de faire porter le poids de la défaite à quelques-uns et tant je me refuse à être de ceux qui accusent tel ou tel d’être les responsables uniques de nos échecs répétés. Mais ma conviction profonde, c’est que la cause de ceux-ci tient à la défaite de nos pensées. Depuis trop longtemps, nous n’avons rien à dire aux Français, et ces derniers, légitimement, se sont détournés : qu’est-ce que la droite leur propose comme projet de société, de vie, de civilisation ? Telle est la question. Telle est aussi la condition de notre renaissance. 

Bien sûr que nous sentons encore le souffle cruel de la défaite de 2017. Pour la première fois sous la Ve République, notre candidat n’a pas été qualifié au second tour de l’élection présidentielle. Mettre ce résultat sur le dos d’une campagne médiatique ne me paraît pas honnête. Je fais, en effet, partie de ceux qui considèrent que nous n’avons pas seulement perdu à cause de la tempête des affaires qui s’abattit sur François Fillon, nous avons trébuché parce que notre programme, vu comme strictement libéral et comptable, ne correspondait en rien à l’ADN de la droite, et encore moins à celui de la France. La droite de 2017 fut une droite technique, financière, froide : elle s’enferma dans les chiffres de la dépense publique, les statistiques du nombre de fonctionnaires à supprimer, le coût de l’Assurance maladie, et oublia de parler au cœur, aux tripes, à l’âme. 

La droite de 2017 avait rompu avec la droite populaire, celle du général de Gaulle, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, du RPF d’André Malraux, celle du « métro à 6 heures du soir ». Une droite qui redeviendrait populaire et donc majoritaire, c’est une droite forte sur l’ordre républicain, juste sur le travail, prônant l’unité et la réconciliation nationales. Une droite qui parle à tous les Français, s’élargit et s’ouvre au monde qui vient. 

La droite moderne à créer, c’est une droite qui n’abandonne plus l’immigration, la sécurité, l’identité, l’ordre au clan Le Pen ; une droite qui ne laisse pas le travail, la laïcité, l’écologie, la dépendance, l’égalité entre les hommes et les femmes, la justice à la vieille gauche. 
La droite moderne à créer, c’est une droite qui ne fait pas que s’opposer, mais qui propose. Un parti qui cesse de se positionner par rapport à Emmanuel Macron et à Marine Le Pen, mais qui transcende et redevient une nouvelle voie, un premier choix, avec sa pensée autonome et ses idées propres. 

La droite de demain, c’est la droite qui rassemble au-delà de ses rangs, traite de tous les sujets prioritaires et qui, chaque jour, convainc des Français venus d’ailleurs, une droite qui sait qu’elle ne peut gagner seule et qui renoue, sur un projet fort et clair, peut-être au sein d’une confédération, avec ses partenaires centristes historiques, mais aussi avec la volonté d’en trouver ailleurs chez les républicains de l’autre rive. Car, je l’ai dit, la droite est la droite quand la droite est la France. 

Qui peut croire un seul instant que les seules questions de baisse des dépenses publiques, de suppression de l’ISF ou d’interdiction de la PMA suffiront à nous réconcilier avec nos compatriotes et à redevenir une grande force populaire de l’alternance ? À mon sens, la droite doit sortir de ses propres caricatures et refonder son discours et ses idées autour de trois chantiers immenses : l’ordre républicain, la justice sociale et l’unité nationale. Elle doit incarner une vision pour la France et nos enfants ; répétons-le : une France juste, car une France en ordre, une France au travail, une France fière de ses racines et déployant ses ailes à l’universel. 

Dès lors, la droite ne doit plus se contenter de vouloir conserver la France d’hier : la liberté et l’identité comptent bien sûr, mais au-delà, au-dessus, il y a la justice. La France d’aujourd’hui et de demain attend, avec impatience, que l’idéal de justice soit rétabli partout et pour tous. 

Les Français sont prêts à vivre ensemble si la politique impose de nouveau cet idéal : de la justice pour augmenter les salaires de ceux qui travaillent, de la justice pour que la France du milieu ne soit plus asphyxiée par la caste des rentiers et des assistés, de la justice pour que la droite ne soit plus le syndicat de défense des privilégiés, et la gauche celui des assistés, de la justice pour que les terroristes ne perçoivent plus d’aides sociales, pour que les entreprises du CAC 40 ne paient pas moins d’impôt que les PME, pour que les artisans et les agriculteurs n’aient plus une petite retraite moindre que certains « chômeurs professionnels » ou des retraités étrangers qui ont si peu cotisé. De la justice encore pour que Bruxelles n’impose plus des directives absurdes et des normes asphyxiantes, de la justice pour que les hauts fonctionnaires et l’Administration aient des comptes à rendre et non plus le pas sur les élus, de la justice pour que les habitants du monde rural ne soient plus des citoyens de seconde zone, de la justice pour que l’impôt ne soit plus confiscatoire, mais retrouve sa juste valeur redistributive, de la justice pour que le délinquant ne soit plus la victime, et cette dernière forcément un peu coupable. De la justice, enfin, pour que les plus vulnérables soient protégés par un État fort, de la justice pour que la loi du mérite et de l’effort redevienne la valeur cardinale de la société française, de la justice pour refaire de la France le pays de l’égalité des chances et de l’ascenseur social. 

La raison première de nos échecs, c’est que la droite est devenue une auberge espagnole dans laquelle chacun dit l’inverse de son voisin. La deuxième, c’est que nos aînés ont trop souvent fait au pouvoir l’inverse de ce qu’ils promettaient, perdant ainsi leur crédibilité. La troisième, c’est que nous avons oublié que mener un grand parti, c’est savoir s’opposer, certes, mais surtout incarner des propositions. Redevenons donc ce que nous étions. Choisissons enfin une ligne claire : nous ne sommes ni le parti des élites fondé sur l’idéologie mondialiste, ni celui des populistes fondé sur le rejet, l’outrance et la caricature. 

Soyons le parti du peuple et du progrès. Le parti du travail, de l’ordre, de la laïcité, des provinces et de l’écologie. Le parti de la justice. Le parti des milieux de cordée. Alors, j’en suis convaincu, demain, nous prendrons le pouvoir et nous changerons la vie des Français.

Extrait du livre de Guillaume Peltier, "Milieu de cordée", publié chez Plon

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