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Pour les économistes du FMI et de la Banque mondiale, tout comme pour les investisseurs internationaux, on aura du mal à retrouver un rythme de croissance mondiale tant que les rapports géopolitiques ne seront pas rétablis.
Pour les économistes du FMI et de la Banque mondiale, tout comme pour les investisseurs internationaux, on aura du mal à retrouver un rythme de croissance mondiale tant que les rapports géopolitiques ne seront pas rétablis.
©David Dee Delgado/Getty Images/AFP / Getty Images via AFP / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / David Dee Delgado

Atlantico Business

Pour le FMI, la Banque mondiale et les grandes entreprises internationales, la montée des fondamentalismes religieux ou idéologiques au Moyen-Orient, en Russie ou en Chine est de nature à bloquer les mécanismes de développement économique de la planète.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Pour les économistes du FMI, de la Banque mondiale, comme pour les dirigeants des grandes multinationales et des fonds d'investissement, la montée du terrorisme religieux au Moyen-Orient, les massacres épouvantables qui ont touché les Israéliens, et les menaces de guerre totale Gaza tous ces évènements qui s'ajoutent au durcissement des régimes autoritaires (Russie et Chine ) bouleversent complètement les perspectives d'avenir sur le développement économique de la planète. Au premier rang des victimes les modèles de décollage économique dans les pays émergents, là où les populations les plus pauvres s'agglutinent.

Depuis trente ans, le monde des affaires avait cru que la mondialisation pourrait booster la croissance mondiale, y compris dans les pays en voie de développement qui sont sortis de la misère en exploitant leurs ressources naturelles et en installant des centres de production de produits exportés sur les grands marchés occidentaux. Les pays émergents ont importé des technologies innovantes, des processus de fabrication, et lancé des programmes de recherche, d'éducation et d'infrastructure. Mais cette mondialisation heureuse a aussi engendré des dégâts collatéraux qui ont été difficiles à gérer politiquement : un appauvrissement des classes moyennes, du chômage, un accroissement des inégalités, sans parler des dégâts sur l'environnement. D'où la montée des populismes dans les pays développés et des courants radicalisés dans les pays autoritaires, où la montée du terrorisme religieux a commencé après les attentats du 11 septembre notamment. D'où un ralentissement de la croissance pour tous, masqué en partie par la révolution digitale.

L'explosion de la violence avec la guerre en Ukraine, le durcissement du gouvernement chinois et ses ambitions de reconquête de Taiwan, la multiplication des coups d'État en Afrique et l'agression des fractions terroristes dans le monde de l'islam ont complètement bloqué les processus de développement. Publics ou privés.

Les aides et subventions d'origine publique distribuées par de grandes organisations internationales, du FMI à l'Union européenne, en passant par toutes les ONG, sont désormais suspectées d'avoir été détournées en partie de leur finalité pour financer des régimes autoritaires et des organisations plus proches des organisations mafieuses que politiques ou caritatives. C'est flagrant quand on observe à la loupe la gestion des budgets alloués à Gaza. Ces fonds profitent beaucoup plus aux dirigeants du Hamas qu'aux populations palestiniennes.

Quant aux investissements privés d'origine occidentale, ils se sont effondrés. D'abord parce qu'ils ont respecté les sanctions (sur l'Iran ou la Russie), ensuite parce que les investisseurs ont besoin de garanties qui ne sont évidemment pas réunies. Ce que les dirigeants des pays autoritaires et même les chefs des courants terroristes ne se rendent pas compte, c'est qu'ils ont tous besoin de performances économiques pour assurer leur pouvoir et que ces performances économiques ne sont possibles que dans le cadre d'une économie de marché.

Or, une économie de marché ne fonctionne que s'il y a un État de droit, que si les engagements et les contrats signés sont respectés, que si l'ensemble du business est contrôlé. Mais l'économie de marché a besoin de liberté individuelle et du respect de la propriété. En fait, l'économie de marché a besoin d'une organisation politique fondée sur les valeurs démocratiques.

À partir du moment où plus de la moitié de la planète ne fonctionne pas sous un logiciel de démocratie et surtout à partir d'un climat dominé par la violence terroriste, tous les équilibres géopolitiques sont rompus et les mécanismes économiques ne peuvent pas fonctionner. Cette situation est extrêmement grave sur le plan humain, grave et douloureuse pour toutes les populations qui sont directement touchées, en commençant par les populations juives vivant en Israël ou ailleurs, mais au-delà pour tous les êtres humains. Mais cette situation est grave parce qu'elle rend impossible toute construction de lien socio-économique et de mécanismes de création de richesse. Pas de création de richesse, pas d'enrichissement, pas de développement, pas de formation, pas de croissance, etc.

Sans transfert de fonds publics à des fins de développement d'infrastructures, le pays ou la région ne progresse pas. Sans investissements privés ou peu, pas d'actifs de production, pas d'innovation, pas de marché, pas d'appareils d'éducation, pas de système de santé. On retombe au niveau d'une économie primaire moyenâgeuse, mais avec des systèmes d'information du 21e siècle, ce qui change tout et génère des appétits et des frustrations. Pour les économistes du FMI et de la Banque mondiale, tout comme pour les investisseurs internationaux, on aura du mal à retrouver un rythme de croissance mondiale tant que les rapports géopolitiques ne seront pas rétablis et les rapports de force ne seront pas rééquilibrés. Le monde des affaires ne revendique pas de gérer politiquement les pays sous des valeurs démocratiques. Après tout, chaque pays peut s'organiser selon sa culture et son histoire, à une condition : qu'il respecte les choix de ses partenaires. C'est tout l'enjeu des conflits du Moyen-Orient. Il n'y a pas de guerre entre Israël et les Palestiniens. Il y a une guerre entre Israël et les groupes islamistes et terroristes qui se sont installés au cœur des populations civiles.

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