Les hausses de salaire sont au coin de la rue… à moins que la BCE ne se mette en travers du chemin…<!-- --> | Atlantico.fr
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Les salaires vont-ils augmenter de 4,5% ?
Les salaires vont-ils augmenter de 4,5% ?
©Philippe Huguen AFP

Augmentations salariales

Les risques liés à la croissance des salaires en zone euro se sont accrus même si les généreux accords de revalorisation salariale signés dans certains pays du bloc monétaire restent conformes aux attentes, a récemment indiqué Philip Lane, chef économiste de la BCE.

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann

Alexandre Lohmann est chef économiste dans un fonds d'investissement brésilien.

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Atlantico : Les salaires de la zone euro augmentent "modérément", les récentes négociations ont abouti à des augmentations salariales de plus de 5 %, selon l'économiste en chef de la Banque centrale européenne. Que faut-il en penser ?

Alexandre Lohmann : Quand on regarde l’output gap, on constate qu’il y a un one size fits all. L’output gap, c’est le taux d’utilisation des capacités dans l’économie, c’est l’un des grands indicateurs des tensions sur les demandes plus que les salaires en eux-mêmes. D’après les prévisions de la BCE pour la zone euro, cette dernière va avoir un output gap d’environ 0. Mais en désagrégé, la France est à -0,3, l’Allemagne – 0,6, mais à l’opposée le Portugal est à + 1,7 et l’Italie à +1,1. Donc certains pays ont une inflation de la demande, d’autres pas. Pour cela, la politique de la BCE ne convient à personne, si ce n’est à trois pays : la Belgique, l’Espagne et l’Autriche.

La Banque centrale a aussi fait un graphique pour montrer l’évolution de l’inflation sous-jacente, l’une sensible aux salaires, l’une sensible aux coûts de l’énergie et dans le troisième cas ni l’un ni l’autre.

Il y a une tendance à la hausse dans l’inflation liée aux salaires autour de 5%. Mais l’inflation sensible aux salaires augmente moins vite que l’inflation sensible à l’énergie (qui est autour de 8%). Il y a une certaine pression sur l’inflation liée aux salaires actuellement qui vient renforcer une inflation existante.  On voit que les salaires négociés dans la zone euro sont aussi en hausse, d’environ 4,5%.

Jusqu’ici, l’essentiel de la contribution à l’inflation venait des politiques monétaires, du Covid, etc. Cela constituait le choc initial. Et celui-ci s’est arrêté. Les entreprises qui n’augmentaient pas les salaires dans les premiers temps ont vu leur marge augmenter après le choc initial. Mais finalement, les salaires connaissent une tendance à la hausse. Cela va faire que l’inflation va décélérer mais que la composante sensible aux salaires va prendre plus d’importante.

La crainte d’une boucle prix-salaire qui a été celle de la BCE est-elle audible ?

C’est un débat, et un vocabulaire, qui n’existe un peu qu’en France. Nous avons beaucoup insisté en France sur le sujet, sur l’idée qu’une hausse des salaires entrainerait une hausse des prix, qui nourrirait les salaires etc. jusqu’à être hors de contrôle. Mais ce n’est pas ce qui arrive. La hausse des salaires, même si elle est inférieure à l’inflation fait qu’on va retomber plus lentement à l’objectif de la BCE de 2%, mais il n’y aura pas pour autant de boucle. Ceux qui se focalisent sur ces enjeux et justifient par la même un resserrement monétaire se trompent, mais c’est le problème d’une politique monétaire unique pour 27.

Est-ce qu’on va effectivement voir augmenter les salaires de 4,5% ?

C’est un signal d’alarme que les salaires augmentent et qu’on entre dans la troisième phase du cycle de l’inflation. La hausse de salaire pourrait limiter la désinflation et faire qu’on aurait une inflation structurelle plus élevée.

Ce genre de graphique risque de mettre en alerte la BCE, pas forcément au point d’augmenter les taux plus que prévu, mais malgré tout elle pourrait avoir cette tentation pour endiguer le mouvement.

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