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"Les folies fermières" de jean-Pierre Améris : un film atypique et opiniâtre, comme on les aime
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Inspirée de l’histoire vraie d’un agriculteur du Tarn, la folle aventure d’un éleveur qui se fit patron de cabaret et restaurateur, pour sauver sa ferme, ses veaux, ses vaches et ses cochons… Aussi délicieux que pittoresque…

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THÈME

Pour sauver son exploitation agricole de la faillite, David, un jeune éleveur du Cantal (Alban Ivanov) a l’idée de monter un cabaret dans sa ferme. Le concept ? Le spectacle sera à la fois sur scène et dans les assiettes, avec des bons produits du terroir. David en est persuadé : ça ne peut que marcher. Malgré le scepticisme de ses proches, celui de sa mère (Michèle Bernier) et encore plus de son grand-père (Guy Marchand), David ne va pas en démordre. Il ne connaît rien au music-hall, mais tant pis. Faisant, comme on le sait, parfois bien les choses, le hasard va lui faire rencontrer Bonnie, une danseuse au physique de star et au caractère d’acier (Sabrina Ouazani). De fil en aiguille,le rêve de David va devenir réalité…

POINTS FORTS

Parce qu’il est aussi curieux qu’éclectique, Jean-Pierre Améris aime à trouver les sujets de ses films dans des histoires vraies, autobiographiques ou non. C’est en regardant les actualités régionales de France 3 qu’il trouve le sujet des Folies fermières. Un sujet sur les aventures d’un éleveur du Tarn qui a sauvé son exploitation de la faillite en transformant sa ferme, le soir, en cabaret, attire son attention. Ni une ni deux : le cinéaste est emballé. Il voit dans cet agriculteur, David Caumette, un personnage de cinéma comme il les aime : atypique et opiniâtre. Après le très poignant Petit Paysan, cela va lui offrir l’occasion d’aborder le problème du malaise des agriculteurs français sous un angle, pour une fois, léger ; et puis, d’une pierre deux coups, il va pouvoir faire se rencontrer deux univers rarement montrés ensemble sur grand écran : la paysannerie et le monde du music hall.

Le cinéaste rencontreDavid Caumette, puis il s’immerge un bon bout de temps, avec toute son équipe, dans l’univers paysan rural. Il veut en tirer un scénario réaliste, léger et délirant. Sa mise au point lui demandera un an et demi de travail. Mais le résultat est là. Pas une réplique qui ne sonnepas juste.

Quand il composera son casting, il le choisira à l’image de ceux destroupes de cabaret : hétéroclite. Il ira donc chercher ses comédiens dans des mondes très divers : Alban Ivanov vient de l’impro et du one-man-show; Sabrina Ouazani de la danse et du cinéma; Michèle Bernier, du théâtre de Bouvard; Guy Marchand, de la chanson; Bérangère Krief, plutôt de la comédie, Alain Rimoux du théâtre de la décentralisation, etc… Ils vont donner au film au film son côté chamarré.

QUELQUES RÉSERVES

Certains reprocheront peut-être au film son côté un tout petit peu trop convenu… Un défaut véniel tant il emportepar son pittoresque, sa tendresse et la sympathie qu’il dégage…

ENCORE UN MOT...

Décidément Jean-Pierre Améris n’arrête pas. Moins d’un an aprèsProfession du père, un drame tiré d’un roman autobiographique de Sorj Chalandon, il sort Les Folies fermières, unecomédie cette fois inspirée d’une histoire vraie contemporaine. Les points communs de tous ses films si divers ? Leur bienveillance, leur grande sincérité, leurs dialogues ciselés (le cinéaste est un grand lecteur) et leurs formidables distributions. Ici, notamment, Michèle Bernier, d’une exubérance follement drôle, Sabrina Ouazani, aussi sexy que pétulante, et surtout Alban Ivanov qui montre qu’il peut alterner, avec la maestria d’un Jacques Villeret, truculence et émotion. Grand public, charmant et… gourmand,Folies fermières estidéal en cette fin de printemps pour prendre l’air en famille dans une…salle obscure !

UNE PHRASE

Qui seront deux :

- « J’ai senti que c’était le bon moment pour mettre un coup de projecteur sur le monde des agriculteurs qu’on connaît peu. J’aime que le cinéma puisse servir une cause. C’est une belle arme. Et par-dessus tout, j’étais heureux que l’aventure qu’on allait raconter trouve sa source dansune histoire vraie ». (Alban Ivanov, comédien)

- « J’ai toujours eu une passion pour les gens du music-hall et du cabaret, cette force qu’ils ont de se produire, même dans un endroit minable, même devant un public clairsemé. A mon échelle, j’ai vécu cela en présentant parfois mes films devant des salles quasi vides… J’ai toujours réussi à y trouver de la joie. Ce n’est pas la réussite qui compte. C’est le « faire ». Le bonheur vient de là ».

(Jean-Pierre Améris, réalisateur).

L'AUTEUR

Diplômé de l’IDHEC, Jean Pierre Améris, né à Lyon en 1961, est un réalisateur parmi les plus prolifiques, les plus éclectiques, les plus discrets et les plus appréciés du cinéma français.

Il débute dès 1987 en réalisant trois courts métrages dont l’un,Interim’ se fait particulièrement remarquer en remportant le Grand Prix du Festival de Clermont-Ferrand. Cinq ans plus tard, le jeune cinéaste se lance dans le long métrage. C'estBateau de mariage qui, en plus d’un chaleureux accueil critique, reçoit de nombreux prix. En 1996Les Aveux de l’Innocent lui apporte

la consécration. Ce drame sur un homme qui, pour briser sa solitude, s’accuse d’un meurtre qu’il n’a pas commis, lui vaut de rafler à Cannes, le Prix de la Semaine de la Critique et le Prix de la Jeunesse.

Depuis, presque tous les films du réalisateur, drames ou comédies, ont figuré au palmarès de grands festivals, notamment, 1998,Mauvaises fréquentations( Prix de la mise en scène au Festival de San Sebastian), en 2001C’est la vie(Prix de la mise en scène au Festival de San Sebastian), en 2011 Les Émotifs anonymes(Magritte du meilleur film étranger), en 2012,L’Homme qui rit(choisi pour faire la clôture de la Mostra de Venise). Parmi ses autres films les plus applaudis, Poids léger sorti en 2004,Une Famille à loueren 2015 etProfession du pèreen 2020.

Les Folies fermières est le treizième film de ce cinéaste au cœur tendre qui aime à puiser les sujets de ses films dans la vraie vie.

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