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Les exosquelettes vont-ils nous libérer des douleurs liées aux travaux physiques ?
©Reuters

Humain 2.0

Dans une de ses usines, l'entreprise Ford teste l'utilisation d'exosquelettes sur quatre employés. Objectif : leur permettre de faire leur travail sur la ligne d'assemblage en limitant les risques de blessures.

Michel Volle

Michel Volle

Michel Volle est économiste français.

Diplômé de l'École Polytechnique et de l'École Nationale de la Statistique et de l'Administration Économique, il est l'auteur d'un blog dédié à l'actualité économique.

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Atlantico : Dans son usine de Wayne, dans le Michigan, Ford a commencer à tester l'utilisation d'exosquelettes sur quatre employés qui devraient leur permettre de faire leur travail sur la ligne d'assemblage en limitant les risques de blessures. Après les applications militaires, c'est au tour de l'industrie de trouver une utilité aux exosquelettes. L'exosquelette est-il l'avenir du travail physique ?

Michel Volle : L'article publié par The Verge, "Are exoskeletons the future of physical labor ?", contient d'utiles éléments d'information.

Les épaules sont l'articulation la plus complexe et la plus fragile du corps humain, sujette à des pathologies dont la guérison demande un long délai : il est donc normal que le premier effort d'une entreprise industrielle concerne l'application de l'exosquelette à cette articulation. D'autres applications sont prévisibles.

On imagine aisément certaines réticences : l'exosquelette n'est pas beau à voir, il donne à la personne qui le porte une allure de science-fiction qui rappelle Robocop. Il permet par ailleurs d'augmenter la performance de l'ouvrier, donc d'accroître la quantité de travail que l'entreprise exige de lui, etc.

Plus profondément, l'innovation qu'il introduit inquiète parce que l'on sent qu'elle va changer certaines habitudes et que l'on craint que cela ait des conséquences négatives.

L'exosquelette est cependant une prothèse comme une autre, et comme les autres prothèses (lunettes, aides auditives) il est fait pour rendre la vie plus facile à ceux qui l'utilisent.

Il faut écouter l'avis de l'ouvrier qui a utilisé un exosquelette chez Ford  : "s'ils essaient de me l'enlever, on va se battre : je suis en bien meilleure forme qu'avant quand je rentre chez moi le soir après l'avoir porté toute la journée ".

Les exosquelettes actuels sont des prototypes mal dégrossis. Ils deviendront certainement plus discrets. Le problème qu'ils posent relativement à l'exploitation de la force de travail n'est qu'un cas particulier du problème général que pose la mécanisation qui, depuis le XIXe siècle, a assujetti la main d'oeuvre à la machine.

Qu'en est-il du coût des exosquelettes ? Pourra-t-on en posséder un comme on possède un aspirateur ou une tondeuse à gazon dans les dix prochaines années ?

Le prix actuel d'un exosquelette (6 500 $ pour la veste qui soulage les épaules chez Ford) est celui auquel se vend un équipement produit en petite série. Le prix ne sera pas le même lorsque le marché se sera développé.

Le marché sera principalement professionnel, pour les personnes qui ont à porter des fardeaux et à faire des efforts importants dans le BTP et l'industrie. Il sera aussi médical, pour compenser certains handicaps (paraplégiques, etc.). Enfin il sera militaire, pour aider les soldats à porter un lourd paquetage, des armes et autres équipements, et à effectuer de longues marches rapides.

Il ne semble pas a priori que les exosquelettes puissent être dans la vie familiale et personnelle aussi utiles que le sont les aspirateurs et les tondeuses à gazon.

Quelles sont les améliorations envisageables et potentielles qu'on devrait connaître dans les prochaines années ?

L'amélioration esthétique que nous avons évoquée peut s'accompagner d'une diminution du poids. La commande électromécanique des articulations pourra être assouplie au point de devenir imperceptible pour l'utilisateur, qui aura simplement l'impression d'être devenu plus fort.

L'offre comportera une grande diversité d'exosquelettes, selon la partie du corps et les gestes qu'il s'agit d'assister. Des réglages seront nécessaires pour les adapter à chaque personne selon sa corpulence, sa taille, ses gestes, etc. : une offre de services devra donc se développer.

Il faudra définir diverses variétés d'exosquelette, capables de répondre chacune de façon exacte à un besoin particulier. Cela suppose un effort de marketing au sens noble du mot.

Ce marché de nature essentiellement professionnelle et technique permettra-t-il une production d'un volume suffisant pour rentabiliser l'effort de conception et faire baisser rapidement les prix ? L'avenir nous le dira.

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