Les 5 plus grosses fortunes mondiales préfigurent ce que sera notre mode de vie sur la planète au cours du 21e siècle <!-- --> | Atlantico.fr
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Jeff Bezos Bernard Arnault Bill Gates richesses fortunes société grandes entreprises LVMH Facebook Amazon
Jeff Bezos Bernard Arnault Bill Gates richesses fortunes société grandes entreprises LVMH Facebook Amazon
©JOE KLAMAR / AFP

Atantico Business

Amazon, Tesla, Microsoft, LVMH, Facebook sont désormais les entreprises les plus puissantes de l’Occident. Elles ne le sont pas devenues par hasard. Elles satisfont les besoins et les envies des humains dans leur ensemble au-delà de leur culture, de leurs frontières politiques ou de leur religion.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le dernier classement des fortunes mondiales établi par Bloomberg révèle des changements importants, mais surtout dessine la façon dont une majorité d’êtres humains sur la planète veulent vivre, leurs besoins et leurs envies.

Ces fortunes ne se sont pas hissées au sommet du palmarès international par hasard.

Ces dirigeants n’ont formé ni complot, ni organisation maffieuse pour asseoir leur pouvoir mondial... Aucun n’a hérité de ce qu’il possède. Ils ont tous développé leur entreprise avec une idée, proposer des produits et des services qui n’existaient pas et s’apercevoir que ces produits et ces services ont fini par être plébiscités par les consommateurs. On est dans l’économie schumpetérienne pure. Lorsque l’innovation sort du laboratoire ou de cerveau de quelques ingénieurs, elle trouve son public et va bouleverser complètement la façon de vivre. 

Nous sommes aujourd’hui dans la même situation que les hommes de la fin du 18e siècle devant la machine à vapeur ou ceux de la fin du 19e avec l’électricité.

Les 5 plus grosses fortunes mondiales ne se sont pas imposées, elles ont été plébiscitées par le public, par les classes moyennes ou même plus défavorisées. Les plus grosses fortunes mondiales n’ont pas été fabriquées par les élites et les responsables du pouvoir qui se moquaient complètement des innovations parce qu’ils n’en voyaient pas l’utilité pour améliorer leur quotidien.

Amazon est la plus grande entreprise de e-commerce et elle a conduit son fondateur et dirigeant, Jeff Bezos, à devenir l’homme le plus riche du monde. Il pèse aujourd’hui 182 milliards de dollars et la valeur de ses actifs, principalement des actions, a augmenté de 67 % en un an, peu ou prou la même augmentation que celle du chiffre d‘affaires d’Amazon depuis le début de la crise du coronavirus.

Amazon a démarré dans le commerce de la librairie, puis s’est élargi à tous les biens d’équipement et de consommation. Le génie de Bezos, c’est d’avoir compris que le E-commerce correspondait à la demande du plus grand nombre et que c’était une évolution inévitable. Et même si Amazon n’a pas été le premier à s’installer comme commerçant digital, il a très vite transformé cette activité en marketplace. Son vrai métier est donc de mettre en contact des acheteurs et des vendeurs. La guerre que lui a fait le petit commerce était perdue d’avance à partir du moment où tout le secteur de la distribution avait compris que Amazon devenait incontournable pour toucher le consommateur.

Mais son génie a aussi été d’investir massivement dans des secteurs très diversifiés. D’abord, sa division Cloud (Amazon Web Services) qui offre des solutions de stockage et d’analyse de données. C’est devenu une part très importante du business d’Amazon parce que ça touche les entreprises, mais Amazon continue pour autant de toucher le consommateur final via les divertissements (Amazon Prime Video, service de streaming), la santé (en vendant des médicaments sur ordonnance, déjà aux Etats-Unis) et enfin, tout bientôt dans le tourisme ou le spectacle.

La force d’Amazon, c’est de s’autofinancer. En conservant les profits et donc de la trésorerie, valoriser le groupe et financer sa conquête du monde.

Elon Musk est le numéro deux de ce hit-parade depuis très peu de temps  (128 milliards de dollars). Tout ça parce que Tesla cartonne en bourse cette année, et vaut maintenant plus d’argent que tous les constructeurs américains réunis, General Motors et Chrysler. Mais Elon Musk, c’est aussi d’autres défis comme la conquête de l’espace avec des capsules habitables. Le génie de cet entrepreneur, c’est d’avoir joué à fond l’innovation dans un domaine qui était dans l’air du temps, puisqu’il s’agit de développer une batterie de produits et de services qui participent à la protection de la planète, à commencer par l’automobile électrique (Tesla), ou de se lancer à la conquête de l’espace en expliquant qu’il faudra bien un jour, pour assumer la pression démographique, découvrir d’autres planètes habitables. Mais comme Jeff Bezos, Elon Musk est obsédé par l’autofinancement à long terme de ses investissements. Comme chez Bezos, peu de distribution de dividendes.

Bill Gates est toujours dans le tiercé de tête des grandes fortunes avec 128 milliards de dollars. Son génie, c’est d’avoir inventé le micro-ordinateur ou plutôt son software. Windows et tous les services qui vont avec et qui fonctionnent avec un même système d’exploitation. Il a investi massivement pour être partout dans le monde et indispensable. Mais son génie est aussi d’avoir utilisé Microsoft et la puissance de cette marque pour investir dans des domaines clefs de la santé, de l’entertainment et du learning. Autant de services et de produits pour le plus grand nombre car ils participent au savoir et à la formation, qui sont indispensables d’où qu’on vienne. Donc les consommateurs affluent.

Bernard Arnault est désormais la quatrième fortune mondiale (105 milliards de dollars) avec une position de leader sur le marché international du luxe. Son génie est aussi intéressant que paradoxal, moins d’innovation mais plus de pragmatisme. Le succès de LVMH passe pour l’essentiel dans la recherche de la qualité, de la création et du développement international. Au début de sa carrière dans le luxe, Bernard Arnault vendait la marque France aux Français. Aujourd’hui, son génie est d’avoir pensé de plus en plus d’habitants sur la Terre allaient avoir envie de ce savoir-faire, parce qu’il y a accolé l’image du luxe, et de l’élégance. Et d’aller chercher les consommateurs là où ils sont le plus réceptif, c’est à dire surtout en Chine, où la classe moyenne supérieure grandit de plusieurs millions chaque année et même si elle voyage un peu moins s’est toujours consommatrice de ces produits et du savoir-faire français. LVMH est aussi devenu ce qu’il est en imposant l’idée que le luxe n’était plus le privilège des très riches. C’est encore plus vrai pour les nouvelles générations, les millenials, qui achètent et consomment bien plus de luxe, parce que ça fait partie de leur quotidien. Le luxe est devenu un produit nécessaire à tous ceux qui veulent devenir plus riches et améliorer leur quotidien. Comme la part de la population mondiale qui veut devenir riche (ou paraître riche) est beaucoup plus importante que la part de vrais riches et que la richesse est de toute façon subjective, Bernard Arnault a réussi à faire fortune parce que les consommateurs adhèrent à cette vision du luxe, ni trop exclusif, ni trop abordable.

Mark Zuckerberg, avec Facebook, est la cinquième fortune mondiale (102 milliards de dollars). Il devance Warren Buffet (87 milliards), Larry Page et Steve Balmer... Si on peut penser que Mark Zuckerberg a inventé les réseaux sociaux avec Facebook, Instagram ou WhatsApp dont l’influence balaie plusieurs milliards d’êtres humains sur la planète, les services crées ne sont pourtant pas révolutionnaires. L’entreprise est stratégique par sa puissance de frappe mais le modèle économique est fondé sur la publicité commerciale. Un modèle qui marche parce qu’il met l’utilisateur sur le devant de la scène. Avec une page Facebook, un réseau Instagram, des photos et stories, le consommateur devient acteur d’une histoire qu’il raconte, donc il adhère et cela devient un nouveau besoin.

Le modèle commercial sous-jacent est celui de la vieille économie, celui de la publicité et du partage de données, plus ou moins conscient, de ces milliards d’utilisateurs.

On est loin de l’impact d’Amazon qui change le modèle de consommation et de production, loin de Elon Musk qui travaille à la protection de la planète, loin de Bill Gates.

Alors ces hommes d’affaires changent beaucoup le monde. Leur modèle s’impose dans le monde entier, ils franchissent les frontières et les barrières... Ce sont évidemment les vrais architectes de la mondialisation. Que vous soyez juif ou musulman, européen du sud ou du nord, américain noir ou blanc, vous avez tous utilisé une marketplace (Amazon), une messagerie pour communiquer (Facebook) et un micro-ordinateur sous Windows. Que vous soyez africain ou chinois, russe ou grec, vous aurez besoin des mêmes médicaments pour soigner les mêmes maladies et sans doute les mêmes vaccins pour chasser les mêmes virus...

Certains récalcitrants diront que vous êtes tributaires d’une technologie que vous ne maitrisez pas et assujetti à un pouvoir lointain dirigé par l’argent. Les hommes de pouvoir, qu’ils appartiennent à la sphère financière, économique ou politique, savent très bien que leur pouvoir dépend de leurs clients, consommateurs, électeurs, actionnaires.

Machiavel disait que les hommes de pouvoir ne pouvaient accéder au pouvoir que s’ils savent proposer une offre accessible au plus grand nombre. Ils gardent le pouvoir que s’ils se souviennent que les petites gens existent,  sinon les petites gens les chasseront du pouvoir. En d’autres termes, les innovations technologiques génèrent des révolutions industrielles que si elles intéressent le plus grand nombre.

Les hommes les plus riches du monde n’ont pas intérêt à prendre le pouvoir sur une planète qu’ils contrôleraient pour reprendre l’expression cauchemardesque des complotistes,  ils ont intérêt à ce que le plus grand nombre profite des innovations et en bénéficie dans leur vie quotidienne. C’est toujours ce qu’il s’est passé depuis le 18e siècle.

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