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Le risque de déflation est-il aujourd’hui plus fort que celui d’inflation ?
Le risque de déflation est-il aujourd’hui plus fort que celui d’inflation ?
©PHILIPPE DESMAZES / AFP

Evolution des marchés

La crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine ont contribué à une forte inflation. Alors que l’inquiétude sur le pouvoir d’achat demeure, une spirale déflationniste pourrait intervenir, selon certains économistes.

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

François-Xavier Oliveau accompagne les entreprises dans leur transition écologique, à la fois en capital et sur le plan opérationnel. Il vient de publier La crise de l'abondance aux Editions de l'Observatoire. Il y interroge l'invraisemblable paradoxe d'une société plus riche que jamais mais traversée de crises majeures. Après avoir décrit le mécanisme d'innovation et de baisse permanente des prix qui nous donne accès à l'abondance, il propose des solutions concrètes pour maîtriser cette abondance. Son premier essai, Microcapitalisme (PUF, 2017, collection Génération Libre) a obtenu le prix du jury du comité Turgot. Il a enfin publié en avril 2019 une étude avec l'Institut Sapiens sur les impacts entre technologie, prix et monnaie, Pour la Création d'un dividende monétaire.

Les opinions exprimées dans ses articles n'engagent que lui.

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Atlantico : Alors que l’on entend beaucoup l’importance de la lutte contre l’inflation, Le risque de déflation est-il aujourd’hui plus fort que celui d’inflation ?

François-Xavier Oliveau : Tout est en place pour un contre-choc déflationniste : une baisse de prix marquée en réaction à leur forte hausse. L’inflation que nous avons connue est en effet liée à un décalage temporaire entre une offre au ralenti et une demande très forte. Or la situation s’inverse désormais. Les hausses des taux de la Fed et de la BCE (cette dernière étant restée plus prudente) peuvent accentuer ce contrecoup. On n’est probablement pas très loin du pic des prix duquel on pourrait redescendre de façon forte. Je m’attends à une inflation négative à horizon douze – dix-huit mois, comme ça a déjà été le cas en 2009 et 2015 après des fortes variations des cours du pétrole.

Quels sont les indices qui nous permettent d’appréhender le risque déflationniste ?

L’inflation sous-jacente (hors énergie, nourriture, alcool et tabac) régresse aux Etats-Unis depuis mars dernier et elle se stabilise en Europe. Les prix des matières premières sont nettement repartis à la baisse - blé, acier, cuivre, pétrole... En complément, la politique monétaire est redevenue très prudente avec a hausse récente des taux. On crée moins de monnaie que ce qu’on a créé jusqu’à présent. Le contrecoup pourrait donc arriver plus vite et plus fort que prévu.

Notre situation est-elle comparable à celle des années 70 ?

Les années 1970, je ne pense pas, car la situation à l’époque était surtout liée à la création massive de monnaie. La fin des accords de Bretton Woods en 1971 déclenche une création monétaire très forte qui est amorce l’endettement actuel des Etats et déclenche la crise pétrolière. A l’époque, les gouvernements font tourner la planche à billets de manière considérable, bien plus qu’actuellement. La situation actuelle me rappelle plus la crise de 1999-2000, avec une grande euphorie accompagnée d’excès et de très fortes hausses sur les marchés, puis un contrecoup très violent mais relativement court.

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À terme cet épisode de perturbation va-t-il perturber sur un long terme la valeur de notre monnaie ?

Il faut garder en tête que l’économie est un phénomène structurellement déflationniste : le progrès technique fait baisser les prix. La situation actuelle me semble donc être une anomalie de court terme liée à la guerre en Ukraine et la crise Covid. Une fois ces deux évènements résolus ou stabilisés, on va revenir à une tendance déflationniste naturelle. Je m’attends à un retour à des taux très bas voire négatifs à horizon 12 ou 18 mois, peut-être un peu au-delà si la situation internationale reste plus durablement dégradée. Cela nous ramènerait à des niveaux de devises a priori pas très éloignés de ce qu’on a connu, avec moins de décalage de taux entre Europe et Etats-Unis. Les banques centrales sont actuellement dans leur rôle, mais elles ne disposent pas d’une arme adaptée car l’inflation n’est pas d’origine monétaire. Cela souligne la limite des armes anti-inflations de ces institutions. Elles subissent bien plus qu’elles ne contrôlent.

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