Le progrès et l'intelligence artificielle <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
High-tech
L'intelligence artificielle est à la fois porteuse de progrès et de risques.
L'intelligence artificielle est à la fois porteuse de progrès et de risques.
©Thomas SAMSON / AFP

IA

L'intelligence artificielle est à la fois porteuse de progrès et de risques. L'IA peut être un atout majeur, notamment pour l'emploi.

Philippe Royer

Philippe Royer

Philippe Royer est Président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens. 

Voir la bio »
Pierre De Lauzun

Pierre De Lauzun

Pierre de Lauzun est Président de la Commission économie et Finances éthiques des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens.

Directeur général délégué de la Fédération Bancaire Française - FBF

Délégué général de l’Association Française des Marchés Financiers AMAFI

Ancien élève de l’Ecole Polytechnique (1969) et l’Ecole Nationale d’Administration (1975)

Voir la bio »

L’intelligence artificielle ou IA fascine et inquiète. On la voit tantôt comme source de manipulation ou de perte d’emploi, tantôt comme progrès majeur.

Dégonflons d’abord une illusion : l’IA n’est pas une intelligence. C’est une machine « apprenante » qui fait ce qu’on lui dit à partir de données qu’on lui a transmises, fiables ou non. Donc une formidable capacité de traitement de données sur la base d’algorithmes, enrichie d’un apprentissage automatique qui multiplie son efficacité.

Percée technique majeure, par là inéluctable, l’IA est à la fois porteuse de progrès et de risques, comme toute avancée scientifique. D’où des questions éthiques inédites et qui continueront à évoluer. Il faut donc les prendre à bras le corps. Chacun doit faire son analyse et arrêter son plan d’action, à partir d’une question centrale : l’objectif visé et les moyens vont-ils dans le sens du bien commun ?

Un questionnement sur l’IA porte sur trois niveaux. Un : la matière première, les données. Comment sont-elles collectées et traitées ? Les données personnelles sont-elles protégées ? Deux, les algorithmes et les décisions explicites qu’ils contiennent. Trois, la responsabilité :  la vraie décision doit rester humaine et non remise à la machine.

La question de l’impact sur la personne humaine est en effet essentielle pour mesurer si et quand une IA est un progrès. Elle ne doit pas seulement ne pas porter lui atteinte, mais contribuer au développement humain intégral. Une personne humaine a une capacité de comprendre, de chercher et trouver un sens, de se rapporter au bien et au mal, que n’a pas la machine. Elle est libre dans son action, prend des initiatives et assume ses responsabilités. Elle est en relation aux autres. Rationalité, liberté, relation doivent être protégées de toute intrusion ou violation. Mais l’IA mal utilisée est capable de violer cette identité propre à l’homme. Par confusion avec l’intelligence humaine. Par perte de liberté. Par perte de relation aux autres.

Cela implique une responsabilité éthique majeure et nouvelle. Alors qu’on rencontre une certaine difficulté à contester le ‘jugement’ de la machine, réputée plus fiable et sans biais. En bref l’homme peut être déclassé au profit de la machine. L’effet sur la société peut être lui aussi considérable, et inquiétant si on en juge par l’exemple chinois.

L’IA aura de plus un impact majeur sur l’emploi ; y compris les emplois qualifiés et de cadres. Ce qui implique de bien préparer les personnes à ce bouleversement. Il n’est pas sûr que le bilan soit positif pour l’emploi. Mais cela dépendra en partie des stratégies des firmes : non pour refuser l’IA, mais pour se positionner autrement. Les compétences professionnelles devraient devenir complémentaires de l’IA, permettant d'investir plus dans la relation aux clients et les tâches à valeur ajoutée. En évitant le risque d’une division accrue entre une minorité qui s’en tire bien, et une majorité déclassée ou exclue.

En résumé l'IA n'est pas forcément un progrès mais peut l’être. Si sa puissance de calcul est plus grande, elle n'a pas la rationalité et la liberté de l'humain. Un entrepreneur, un dirigeant se questionne, juge et décide. Avec l'IA également. Est-ce que l'humain, dans sa rationalité, sa liberté, sa relation aux autres est gagnant avec tel ou tel algorithme ? Alors c'est un progrès.

Questions pour les équipes

1. Quel usage direct ou indirect mon entreprise fait-elle de l’IA au sens large ? Y a-t-il une réflexion organisée sur le bon usage de l’IA ?

2. Comment s’articule ce rôle de l’IA avec celui de mes collaborateurs ? (appropriation de l’IA, valorisation des tâches, adaptation des compétences etc.) ?

3. Quel est l'impact de mon utilisation directe ou indirecte de l’IA sur mon environnement, et en premier lieu mes clients ?

Philippe Royer, Président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens,

Pierre de Lauzun, Président de la Commission Economie et Finances Ethiques des EDC

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !