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Le PIB américain augmente de 3% grâce à un nouveau calcul : accorde-t-on trop d’importance à des chiffres pourtant loin d'être précis ?
©Reuters

A côté de la plaque

Le PIB américain va augmenter de 3% en juillet suite à une nouvelle méthode de comptabilisation de la production.

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart

Jean-Michel Boussemart est Délégué Général et économiste chez Coe-rexecode.

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Atlantico : Suite à de nouvelles méthodes de comptabilité, le PIB américain va être relevé de 3% en juillet 2013, soit 430 milliards de dollars de "richesse" en plus. Comment expliquer une telle révision ? Pourquoi changer les méthodes comptables ? Cela signifie-t-il que les méthodes précédentes mesuraient mal la "richesse" produite ?

Jean-Michel BoussemartLa révision annoncée s’explique ainsi. Le PIB est la somme des valeurs ajoutées par les entreprises, ménages et administrations. La valeur ajoutée est la valeur du produit final moins les consommations intermédiaires qui ont été nécessaires pour élaborer le produit. Certaines dépenses, comptabilisées en consommation intermédiaire comme par exemple les dépenses de recherche, le seront désormais comme des dépenses finales d’investissement.

Le poids des consommations intermédiaires va diminuer, celui de la valeur ajoutée et donc le PIB va augmenter. Le niveau du PIB américain sera relevé de 3%. La révision est conforme aux nouveaux standards internationaux de comptabilité nationale fixés par l’ONU. La France et l’Europe vont suivre, probablement dès 2014. Les autres pays aussi. Cette révision a pour but d’améliorer les mesures faites de la croissance, du niveau de vie. Ce n’est pas la première et ce ne sera pas la dernière. La statistique progresse, les concepts bougent à mesure que les économies se transforment.

Existe t-il une certaine incertitude dans chacune des statistiques et chiffres publiés ?

Les mesures statistiques macro-économiques sont complexes, elles le sont déjà parfois au seul niveau micro-économique. Les agrégations sont faites à partir d’une multitude de données recueillies auprès des entreprises, des administrations, des ménages, soit de façon exhaustive, soit par sondage. Il y a inévitablement des erreurs (données manquantes, fraude, fluctuations d’échantillonnage, difficultés de mesure...) de sorte que les estimations sont parfois drastiquement révisées même lorsque les concepts et les façons de mesurer ne changent pas.

Les difficultés de mesure auxquelles se heurtent les statisticiens augmentent à mesure que le poids de l’immatériel croît dans nos économies. L’un des exercices les plus difficiles est de partager la valeur de la production, de la consommation entre le « volume et le prix » pour ne pas être victime de l’illusion monétaire, pour apprécier l’élévation réelle de la production et du niveau de vie par exemple. Rien de plus normal qu’il y ait des révisions, rien de plus normal que l’on change les concepts et les façons de mesurer pour s’adapter aux changements, pour progresser dans la connaissance des réalités économiques.

Faut-il par conséquent relativiser l'usage et l'importance que nous accordons à ces chiffres phares ?

Bien sûr qu’il faut en relativiser l’usage et l’importance. Ces chiffres phares sont établis avec des conventions qui sont les meilleures aujourd’hui mais peuvent être remises en cause demain dans un monde qui change vite. Pour autant on ne peut se passer de ces chiffres pour ajuster la politique économique, orienter la stratégie et éclairer les décisions des entreprises.

Ainsi le diagnostic macro-économique ne doit pas se fonder sur un seul indicateur comme celui du PIB par exemple. Le macro-économiste doit s’efforcer de mobiliser le plus d’indicateurs possibles, confronter les signaux que chacun envoie et qui peuvent parfois se contredire pour établir son diagnostic. Tout l’art est de discerner les lignes de convergence, les inflexions et les ruptures que l’ensemble de ces indicateurs révèlent.

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