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Le paradoxe de la fertilité : quand les hommes diminuent leur capacité à avoir des enfants en cherchant à se rendre plus attractifs
©DESIREE MARTIN / AFP

Effet secondaire

Selon le paradoxe de Mossman-Pacey - du nom des scientifiques qui l'ont découvert -, prendre des stéroïdes pour rendre son physique plus attrayant ou des pilules anti-calvitie pour garder une chevelure pleine peut nuire à la fertilité des hommes.

Sylvain Mimoun

Sylvain Mimoun

Sylvain Mimoun est gynécologue, andrologue, psychosomaticien. Il est directeur du Centre d'andrologie de l'hôpital Cochin à Paris; Il est également chroniqueur radio et TV, notamment au Journal de la santé (France 5) où il tient la rubrique "Questions sexo".

Il est l'auteur de "La masturbation rend sourd : 300 idées reçues sur la sexualité " aux éditions First.

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Atlantico : Au moment-même où des hommes travaillent leur look (grâce au sport ou grâce à des produits chimiques), principalement pour attirer les femmes, ils réduisent par inadvertance leur fertilité. En quoi, derrière le caractère ironique de cette situation, ce phénomène est-il symptomatique de la crise de la virilité actuelle ?

Il s'agit de la lutte entre l'être et le paraître Les hommes se sentent plus virils artificiellement et, dans les faits, sont moins virils dans la mesure où ils ne peuvent pas avoir d'enfants ou réduisent leur chance de procréer. C'est un choix cornélien. J'ai beaucoup connu ça avec les femmes : par exemple, une femme de 25 ans prenait des anti-androgènes parce qu'elle avait des poils et qu'elle souhaitait s'en débarrasser. Or cela risquait de réduire leur fertilité. Certaines personnes viennent me consulter seulement parce qu'elles n'avaient pas de désir. Tout ceci pose la question de ce qu'il faut mettre en avant : est-ce le raisonnement que l'on a qui va nous pousser à agir comme il faut ou est-ce que c'est l'image que l'on a de soi de manière hyper-sensible etc. La plupart du temps les gens choisissent ce qui les calme émotionnellement.

De toute façon, ce phénomène rejoint le phénomène de société, même si on ne peut pas dire que ce dernier soit dû à ces imperfections hormonales et autre mais c'est vrai que cela retentit là-dessus. A partir de là, cela oblige la personne concernée si elle souhaite être un super-masculin ou super-féminin, ou si elle veut fonctionner normalement, sans histoires.

Quelle part tient la fertilité masculine dans la virilité ? Est-il raisonnable de sacrifier sa capacité à se reproduire au profit de sa capacité à séduire ?

Cela dépend un peu de l'âge de cet homme. S'il est jeune, il pense qu'il va être fertile et ce n'est jamais une urgence de faire un enfant pour lui, à la différence d'une femme qui, dès son plus jeune âge, se dit : "je voudrais être enceinte", "je ne veux pas gâcher mes chances d'être enceinte". Pour l'homme, c'est en apparence secondaire pour lui. En revanche, quand il dépasse la quarantaine cela devient urgent et il commence alors à se focaliser uniquement sur la fertilité au point que cela lui joue des tours sur le plan émotionnel, sexuel, psychologique etc.

Un homme à qui l'on propose le marché de sa fertilité contre sa virilité va refuser : il ne compte pas gâcher ses chances d'être père, même au profit de sa virilité. Dans les faits, ce n'est jamais aussi tranché que ça. On leur pose la question et ils répondent de manière toujours un peu détournée en se disant que quand le moment sera venu, ils sauront quoi faire. En répondant cela, ils ne répondent pas à la question. Par contre, si tout d'un coup, ils dépassent la quarantaine et qu'ils se disent qu'ils veulent un enfant tout de suite parce que cela fait quinze ans qu'ils attendent un enfant, cela devient une urgence. Là, les hommes deviennent beaucoup plus pragmatiques et plus prêts à agir pour que les choses se déroulent favorablement sur le plan de la fertilité.

Ce paradoxe est-il propre à la gent masculine ? Les femmes nuisent-elles parfois à leur fertilité en travaillant à leur féminité ?

De même que pour les hommes, les femmes qui savent que cela nuit à leur fertilité de travailler à leur féminité sont minoritaires : elles ne sont pas prêtes à prendre des produits qui va gâcher leur fertilité. Il y a une différence cependant : les femmes ont un instinct de procréation que les hommes. En tous cas, c'est comme si dès qu'elles sont très jeunes, cela fait partie de leurs pensées, des leurs attentes. Quand on demande à une femme ce qu'elle voudrait pour plus tard, c'est souvent d'avoir plusieurs enfants. C'est quelque chose qui fait partie presque de leur génie procréateur, au sens émotionnel, psychologique etc. C'est vrai que l'on ne se retrouve pas, sauf exception, dans une situation de dernier recours de type : "il faut aller à droite ou il faut aller à gauche". Mais quand elles se retrouvent dans ces situations, elles font toujours valoir leur désir d'avoir un enfant. 

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