Le moral des patrons se dégrade en mars, face aux hésitations stratégiques du gouvernement dans la lutte contre le Covid-19<!-- --> | Atlantico.fr
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Les chefs d'entreprise s’inquiètent de la capacité du gouvernement à répondre à la crise du Covid-19.
Les chefs d'entreprise s’inquiètent de la capacité du gouvernement à répondre à la crise du Covid-19.
©Ludovic MARIN / AFP

Atlantico Business

Alors que l’Insee enregistre un ralentissement de l’activité depuis le début mars, le moral des patrons se dégrade à nouveau, d’autant que la stratégie du gouvernement ne leur paraît toujours pas cohérente.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La dernière communication du gouvernement en cette fin de semaine ne va pas contribuer à redresser le moral des patrons qui est en baisse depuis le début du 3e confinement, à un moment où l‘enquête Insee sur la conjoncture du dernier trimestre indique un ralentissement de l’activité.

C’est nouveau. La majorité des prévisionnistes et des chefs d’entreprises avait démarré l’année 2021 sur une note assez optimiste, en imaginant sérieusement une sortie de crise à l’été. En bref, l’année 2020 avait été dramatique sur le plan sanitaire mais chacun reconnaissait que le potentiel économique avait été préservé. Entre les mesures de soutien du gouvernement, l’acceptation de changement dans l’organisation du travail et la résilience des entreprises françaises, dont la plupart ont su assumer les mutations nécessaires, tous les observateurs se félicitaient que les actifs de production avaient été préservés et que le montant d’épargne des Français allait alimenter la reprise. Il y avait certes des secteurs entiers qui restaient très sinistrés (restauration, hôtellerie, évènementiel, culture). On a vu aussi que les activités, qui étaient très malades avant le Covid, le sont encore plus aujourd’hui et auront besoin de réformes structurelles profondes pour s’en sortir...

En dehors de ces chantiers très lourds mais aidés par l’Etat, les responsables économiques pensaient retrouver des conditions normales vers la fin de l’année.

Depuis la fin du premier trimestre, les patrons ont changé de partition et s’inquiètent de la capacité à répondre à cette crise. La communication gouvernementale depuis le 3e confinement n’y est pas pour rien dans le retournement de tendances au niveau du moral. On le sent du côté du Medef, on l’entend dans la plupart des organisations professionnelles. Tout le monde s’impatiente.

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En fait, si le discours officiel ne les rassure pas, c’est parce que la stratégie leur paraît très hésitante et même assez peu cohérente.

Pour comprendre leur impatience, les patrons s’inquiètent de trois phénomènes :

1 - Le premier concerne la vaccination. En dépit des engagements, le monde de l’entreprise en France craint que cette campagne de vaccination soit en retard parce que les doses nécessaires vont sans doute manquer. Par ailleurs, l’opinion publique est sceptique et on ne peut pas dire que le gouvernement ait fait ce qu‘il fallait pour convaincre l’opinion de la nécessité de se faire vacciner, avec n’importe quel vaccin mis sur le marché. Or, la vaccination du maximum d’Européens est la première des conditions.

2 - Le deuxième phénomène porte sur les déficits de moyens mis en place pour continuer de protéger la population de la circulation du virus. Les tests sont évidemment insuffisants, notamment dans les écoles, les transports et tous les lieux avec du public. Le traçage est aléatoire et l’isolement des cas positifs n’ets pas garanti. L‘Etat aurait pourtant tous les moyens techniques d’assurer les approvisionnements, le traçage et l’isolement. Quitte à demander aux entreprises de prendre en charge une partie de ces taches ou même de ne pas les empêcher de procéder au testing et à l’isolement, ce qui est encore le cas.

3 - Le troisième phénomène porte sur l’incapacité du gouvernement à imposer des mesures coercitives pour s’assurer que les mesures de protection sont respectées (l’isolement notamment). Parallèlement, le gouvernement n’envisage toujours pas de préparer un passeport vaccinal qui permettrait à tous ceux qui sont immunisés contre le virus d’avoir une vie normale. En fait, tout se passe comme si le gouvernement préférait imposer un confinement à tout le monde plutôt que de laisser les hommes et les femmes non contagieux vivre en liberté et d’assumer cette inégalité.

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La France a une telle obsession de l’égalité que ses dirigeants sont convaincus que les Français n’accepteraient pas que certains puissent être protégés (parce que vaccinés ou immunisés) et que d’autres ne le soient pas. Le comble c’est que parmi les nombreux Français qui ne sont pas vaccinés, une part d’entre eux refusent la vaccination.

Le gouvernement n’imposera jamais la caractère obligatoire de la vaccination... Il laissera les acteurs de l’économie le faire. Les compagnies aériennes ont commencé à surveiller l’état sanitaire des voyageurs, mais beaucoup d’entreprises qui ont un rapport avec le public se préparent à le faire.

Pour info, le tableau de bord conjoncture de l’Insee : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2107840

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