Le misérabilisme affiché par une partie importante de la classe politique ne correspond pas à la réalité économique mais hypothèque le quinquennat Macron II<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Atlantico business
Le misérabilisme affiché par une partie importante de la classe politique ne correspond pas à la réalité économique mais hypothèque le quinquennat Macron II
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

Le misérabilisme qui a dominé le débat politique de ces derniers mois a gagné la bataille de la communication. Il ne correspond pas à la réalité économique et va hypothéquer les chances de réduire les poches de pauvreté et d’inégalités.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Voir la bio »

Emmanuel Macron va devoir ramer fort s’il veut convaincre le pays qu’il a des chances de se sortit du piège de la crise. La France garde des fondamentaux solides et surtout une forte résilience à la crise. Mais le misérabilisme a remporté la bataille de la communication. 

Parce que, dans quel pays sommes-nous pour que chaque jour ou presque, une grande partie de la classe politique se plaise à développer un discours misérabiliste, au point de se convaincre que la France entière serait menacée de misère partagée par le plus grand nombre? Entre la covid et l’inflation violente, les risques de récession, la guerre en Ukraine et les sanctions à la Russie, ajoutés aux coupures de gaz et d’électricité qui nous menacent. Sans parler de la canicule, un pur produit du réchauffement climatique, lui-même généré par l’activité industrielle ou l’abus d’énergies fossiles aggravé par la surconsommation. 

Ce discours très négatif a dominé la campagne des législatives et sert de fond sonore aux débats parlementaires. 

Le misérabilisme est donc devenu la couleur dominante pour peindre ce qui nous attend. Mais de quoi parle-t-on, parce que dès qu'on quitte le spectacle désolant de l’hémicycle, on perçoit une réalité qui est toute autre. 

De quel pays parle-t-on, parce que nos routes sont embouteillées de voitures et de camions, nos TGV sont complets alors que les prix sont extrêmement chers, les couloirs aériens sont tellement encombrés et la plupart des avions sont surbookés et ne réussissent pas à respecter les horaires. Quant aux hôtels, restaurants et tout autre forme d’hébergement, ils manquent cruellement de personnels pour gérer les innombrables clients qui sont revenus. 

Mais de quel pays parle-t-on quand dans les usines, les laboratoires, les entreprises du digital, le tourisme on se retrouve face à un seul problème : une pénurie de main-d’œuvre. La population française serait- elle si misérable qu’elle n’aurait plus ni l’envie, ni le gout de travailler?

Mais au-delà d’une situation actuelle qui serait catastrophique, on nous prédit aussi une rentrée des plus difficiles et douloureuse… mais là encore de quoi parle-t-on ?

-Des chiffres de la croissance, ils seront médiocres. 

-Des risques sur le pouvoir d’achat, ils seront alarmants. 

-Mais le comble de cette rentrée nous sera agrémenté par des coupures d’Energie et des rationnements. Pour beaucoup, c’est intolérable. 

Ces discours ne correspondent pas la réalité économique. La France a résisté aux affres du covid alors qu’elle se voyait sombrer dans les faillites et le chômage, la France a protégé son modèle social par un « quoi qu’il en coute » dont certains ont pu penser qu’il était durable mais qu’il faudra bien débrancher pour cause de surendettement. 

Mais au final, de quoi parle-t-on, sinon d’un pays où les dépenses publiques dépassent les 60 % de la richesse créée, d’un pays où le modèle social est l’un des plus généreux du monde alors qu'il n’est pas le plus efficace. 

Mais il y a plus grave, en demandant pour répondre à cette misère sous pression politique, toujours plus de dépenses et d’assistance, on recule d’autant le moment des vrais traitements et des vraies réformes structurelles. On ne touche pas la retraite, on ne touche pas à la gestion des services publics qui s’asphyxient sous l’obésité. 

Alors ce discours ne correspond pas à la réalité mais enfin, il est honteux de la part de ceux qui le tiennent. Parce que pendant que beaucoup s’accrochent à une retraite à moins de 60 ans, que certains pleurent à l’idée d'être obligé de prendre des douches un peu moins longues et chaudes, de réduire l'usage du lave-vaisselle ou du lave-linge une fois par semaine, et peut être de subir des coupures d’électricité qui nous priveront du film un dimanche par mois à la télévision. 

Mais est- ce que pendant ces concerts de lamentations prédictives et egocentrées, on pense une fois de temps en temps qu’au même moment, et à la porte de l’Europe, il y a quelques millions d’Ukrainiens qui n’ont ni eau, ni électricité, et qui se battent pour des valeurs de liberté et de souveraineté qui sont aussi les nôtres. Ce combat-là, qui dure depuis trop longtemps vaut bien quelques rationnements de notre part, notre forme finalement assez relative de notre participation à l’effort de guerre.  

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !