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Le matraquage fiscal : erreur du monde d’avant, continuée dans le monde d’après ?
©PHILIPPE HUGUEN / AFP

Solutions pour le monde d'après

Face à la crise du coronavirus et suite à l'impact économique du Covid-19, la hausse des impôts et le rétablissement de l'ISF sont revenus au coeur des débats. Les Arvernes décryptent les dangers du matraquage fiscal.

Les Arvernes

Les Arvernes

Les Arvernes sont un groupe de hauts fonctionnaires, de professeurs, d’essayistes et d’entrepreneurs. Ils ont vocation à intervenir régulièrement, désormais, dans le débat public.

Composé de personnalités préférant rester anonymes, ce groupe se veut l'équivalent de droite aux Gracques qui s'étaient lancés lors de la campagne présidentielle de 2007 en signant un appel à une alliance PS-UDF. Les Arvernes, eux, souhaitent agir contre le déni de réalité dans lequel s'enferment trop souvent les élites françaises.

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La France affronte une crise économique d’une ampleur inouïe. Alors qu’au cours de la crise 2008, que l’on qualifiait déjà de crise la plus importante depuis celle de 1929, le PIB avait reculé de l’ordre de 3,2% sur un an, la récession dépassera sans doute les 11% en 2020 (dernière évaluation de Bercy). Le désastre humain, pour l’instant évité grâce à la morphine du chômage partiel, se manifestera à l’automne. C’est dans ce contexte que les autorités rivalisent de mots d’ordre martiaux, souvent ineptes, dont la philosophie délirante se résume à l’expression « sans limite ». Le Président de la République, ami des formules, paraphrasant FD Roosevelt, semble envisager pour la fin de son quinquennat, un « New Deal ». 

Disons-le tout net : nul ne conteste que les autorités politiques agissent avec force. Mais pourquoi n’ont-elles pas mis cette détermination au service d’une lutte plus efficace contre la pandémie dès janvier ? Et comment ne pas regretter que l’esprit guerrier qui les anime n’ait pas été mis au service de réformes sans cesse repoussées depuis trente ans ? 

Dès lors, quelles réponses apporter à a crise ? Un risque existe : répéter les erreurs commises au cours des années récentes, et qui expliquent largement la sous-performance française. Or, la principale de ces erreurs, ainsi que vient de le rappeler l’OCDE, a été le matraquage fiscal, notamment des classes moyennes et modestes. Et les pouvoirs publics, de jouer à nouveau les pompiers pyromanes. 

Il faut en effet rappeler que si la France se trouve dans un tel état, elle le doit aux erreurs répétées commises depuis plusieurs dizaines d’années par tous les gouvernements. Ces gouvernements ont créé un cocktail économique mortifère : augmentation systématique des impôts (en particulier en 2011 sous N. Sarkozy et 2012 sous F. Hollande), pour faire de la France le champion du monde de la pression fiscale, ce qui a asphyxié l’économie ; réduction du temps de travail, accréditant l’idée que la pénurie ne se combat pas, elle se partage ; augmentation des dépenses publiques sans action sur leur efficacité, (notamment à l’hôpital et dans les collectivités territoriales) ; absence totale de réflexion sur les domaines d’autosuffisance économique. Parallèlement, l’on jetait systématiquement l’opprobre sur des populations entières (automobilistes, les fumeurs, les agriculteurs), relégués aux rangs de « usual suspects » de notre société, pour toujours mieux les ponctionner, une main sur le cœur. 

Les résultats sont catastrophiques. 11,3 % du PIB est consacré aux dépenses de santé, soit la part la plus élevée de l'UE, et malgré cela la France n’a pas été en mesure d’équiper efficacement les hôpitaux. Financièrement, le pays apparaît de plus en plus déclassée, avec une dette publique hors de contrôle. Et l’Etat nounou, qui n’hésite pas à nous dire que manger, comment conduire, et à nous faire la leçon quand nous fumons, a avec gourmandise enfermé les français chez eux pour palier son échec sanitaire retentissant. 

Que faire désormais ? Renoncer aux solutions de facilité et aux erreurs d’hier. La première erreur est d’écarter l’augmentation du temps de travail : oui, trois fois oui, il faudra travailler plus. Non, trois fois non, il ne faudra pas augmenter massivement les impôts directs et indirects, ou rétablir l’ISF qui a fait tant de mal pour de si maigres résultats. Le gouvernement, de guerre lasse, avait fini par comprendre que les impôts de productions étaient trop élevés : qu’il les baisse de manière massive ! Il a fallu le mouvement des gilets jaunes pour qu’il comprenne combien une partie de la population était à bout : qu’il renonce, pour une fois, à la facilité de l’augmentation des taxes sur le tabac, l’alcool et les carburants. Enfin, et surtout, qu’il procède enfin à la baisse de la dépense publique dont l’excès est le vrai cancer de notre pays.

Tout ceci sera-t-il suffisant ? La réalité est que les français auront encore des années à payer les erreurs des gouvernants qu’ils se sont choisis. Rien ne sera possible si la France ne se guérit pas de sa vraie maladie : son addiction à la dépense publique.

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