Le G 20 va-t-il créer un nouveau système monétaire international ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La fin du dollar est-elle pour bientôt ?
La fin du dollar est-elle pour bientôt ?
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Stratégie anti-crise

Depuis les accords de Bretton Woods (1944), le dollar est la monnaie de référence mondiale. La fin de sa conversion en or en 1971 provoquera la chute du système monétaire international, mais non pas du rôle prééminent de la monnaie américaine. Une situation intenable à l'heure de la mondialisation. Le G20 qui ouvre ses portes jeudi à Pékin (mercredi soir en France) saura-t-il trouver un remplaçant au dollar tout puissant ?

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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 On sait que le sujet doit être abordé dans le cadre du G20, sous l’inspiration de la France. Mais les Etats-Unis ne sont pas chauds devant la mise en cause de leur rôle dominant, avec le dollar. Les Chinois non plus, s’il s’agit de faire avancer le yuan au devant de la scène internationale. Quant à l’idée de rajeunir les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI, la question est de se demander si c’est possible, si les Etats-Unis voudront, et si la Chine n’a pas trouvé ce palliatif pour cacher sa propre monnaie ! Tout est donc possible, tout semble permis. Pour autant,  il semble bien qu’une vérité émerge de la situation (et de la crise), à savoir que les réserves sont stabilisatrices, à condition de ne pas être excessives.

Des réserves, c’est en effet le moyen de résister aux chocs de la conjoncture, à des aléas du commerce international, à des problèmes climatiques, sanitaires, à des crises politiques ou écologiques, et bien sûr et surtout, aux fluctuations de l’activité. Les réserves sont un tampon, mais il s’agit d’une autre monnaie, d’une créance sur une autre économie. Par construction, cette autre économie doit être solide si l’on veut que la réserve maintienne sa valeur et importante, si on veut que la réserve soit liquide par temps de nécessité. Les pays qui ont connu des crises, Chine par exemple, ont donc souhaité « reconstituer leurs réserves », voire les accroître.

Trop de réserves créent des déséquilibres

Mais une chose est de se protéger, une autre d’accumuler sans limite la devise d’un autre pays. Car cet autre pays, alors, doit mécaniquement enregistrer un déficit de sa balance des comptes courants. Et si le processus se poursuit, comme entre la Chine et les Etats-Unis, on peut toujours dire que l’une épargne trop et les autres consomment trop, il reste que des déséquilibres mondiaux se mettent en place. Les Etats-Unis perdent en effet en compétitivité, mais leur renflouement par la Chine le cache, tandis que la Chine dope la sienne par une sous-évaluation du yuan, et les Etats-Unis sont assez contraints de l’accepter. Il faudra donc en sortir.

C’est le sujet des débats actuels, l’importance des réserves mais aussi leur danger quand elles sont trop importantes, et donc leur remplacement, par des DTS ou par un système mondial multidevises (deux ou trois) mais aussi leur endiguement. C’est là sans doute la grande nouveauté des débats actuels, par la mise en œuvre de batteries d’indicateurs pour suivre les économies et leurs éventuels dérèglements, et pour trouver des moyens de remplacer les réserves dans leur fonction d’assurance. Peut-être des accords de swaps, de soutien en cas de chocs dans des zones monétaires qu’il va s’agir de dessiner. Les solutions sont sans doute plus rapides à mettre en œuvre.

Moralités : oui il faut redessiner le Système monétaire mondial ; oui il faut trouver de nouvelles monnaies de réserves pour réduire le privilège du dollar, privilège dangereux pour tous ; oui il faut trouver des indicateurs de tensions et de déséquilibres ; oui surtout, il faut gérer les réserves… avec réserve.

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