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Le Front national, un nouveau parti de droite ?
©Reuters

Bonnes feuilles

Valérie Igounet retrace la longue et chaotique gestation du parti, décrypte le travail des idéologues, ceux qui lui ont donné son identité et une certaine unité. Extrait de "Le Front national de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées", publié aux éditions du Seuil (2/2).

Valérie  Igounet

Valérie Igounet

Valérie Igounet est historienne, chercheuse associée à l'Institut d'histoire du temps présent (CNRS). Valérie Igounet est l’auteure d’Histoire du Front national. Le parti, les hommes, les idées (éditions du Seuil, 2014) et anime le blog francetvinfo "Derrière le Front. Histoire, analyses et décodages du FN".

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Fin 2011, le FN aurait retrouvé sa capacité militante de la fin des années quatre- vingt-dix avec 46 868 adhérents. En un an, leur nombre aurait donc doublé.

Le 22 avril 2012, Marine Le Pen rassemble sur son nom 17,9 % des suffrages pour sa première présidentielle. Elle fait mieux que son père et davantage que le cumul des scores du FN et du MNR en 2002.

Les législatives qui suivent, les 10 et 17 juin, représentent également une victoire pour elle et pour son parti. À Hénin- Beaumont, elle n’est battue par le candidat socialiste que d’une centaine de voix. L’élection des députés Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen sont la preuve de la reprise de l’ascension… et de la patrimonialisation. Nouveau visage du FN, la fille de Yann Le Pen et fille adoptive de Samuel Maréchal s’impose immédiatement. À lui seul, son nom lui permet de devenir la plus jeune députée alors qu’elle n’a aucune expérience politique. Si elle surfe sur la marque de famille, Marion Maréchal-Le Pen affiche ses différences. Contrairement à sa tante, elle défile aux manifestations pour protester contre le mariage pour tous ou se prononce contre le rétablissement de la peine de mort. Par elle, le Front national offre une image fédératrice, plus adoucie, moins « dans la bagarre » que sa tante. Beaucoup se déclarent « séduits par cette jolie jeune femme, dégagée, sorte de rock star à la manifestation du mariage pour tous à Avignon »…

Le Front national de Marine Le Pen s’inscrit dans la dynamique des années quatre- vingt- dix, les années Mégret, celles qui représentent l’apogée du parti d’extrême droite. Les structures mises en place à cette période et la stratégie politique de Bruno Mégret, à commencer par la dédiabolisation et la volonté de faire éclater la droite pour mieux la satelliser, font clairement modèle.

Une nouvelle flamme apparaît. On l’a vue pour la première fois, semble- t-il, dès 2003 à l’occasion du congrès de Nice. Elle est utilisée pendant la présidentielle de 2007, signe de l’entrisme de celle qui est alors vice- présidente du FN. Le parti poursuit une tradition mise en place dès 1972 : un signe d’identification pour une période politique précise. La flamme Marine se veut plus dansante, plus féminine et affiche, de ce fait, une volonté de séduire un électorat plus large, notamment les femmes. Elle s’impose à partir du congrès de Tours même si, sur la plupart des supports ou pendant des meetings, logo et sigles du FN ne figurent pas. Peut- être cela s’explique- t-il par le fait que le parti est dans une période transitoire, et se cherche une nouvelle identité, graphique… et politique. Notons cependant que cette flamme ressemble à une autre : celle, contestée – et dont la période d’existence a été la plus brève – de Bruno Mégret.

L’ambition du Front national demeure la création d’une structure de rassemblement. Bruno Mégret en rêvait. Marine Le Pen le fait avec le Rassemblement Bleu Marine (RBM), apparu à l’automne 2012. En observant le RBM, Frank Marest a l’impression que ce sont ses élèves qui ont pris la suite. Ils savent « rédiger un journal, sortir les phrases clés, rendre une affiche bien visible et sans contresens possible sur le message. Ils ne font plus les erreurs de leurs aînés. Nous avons ébauché le logo et ils l’ont réalisé. Nous l’avons conçu, ils l’ont vendu ». Cette volonté de bien communiquer appelle un autre sujet sensible, celui du changement de nom du parti. Cette éventualité (contre laquelle Bruno Mégret se dressait) a été évoquée à plusieurs reprises depuis la fondation du FN. Jean- Claude Martinez avait, par exemple, proposé le « Front alter-national », se référant au concept des altermondialistes. Pour sa part, Franck Timmermans se souvient d’une seule occasion :

La seule fois où la question a été posée, c’est à l’approche du scrutin législatif anticipé de 1997 et pour des raisons uniquement administratives. Un jour, Jean-Marie Le Pen qui présidait la cellule électorale réunissant les principaux dirigeants et chefs de service, a évoqué devant nous l’éventualité de devoir changer le nom du mouvement, du moins celui sous la bannière duquel se présenteraient tous nos candidats aux législatives, pour pouvoir ensuite bénéficier de la subvention électorale. Il craignait en effet que la CNCCFP [Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques] ne saisisse le Parquet à cause des comptes des campagnes précédentes, litigieux, et que les suites judiciaires n’entraînent la disqualification du FN à pouvoir bénéficier de la manne gouvernementale. Il était très inquiet et nous étions tous médusés. Heureusement, les événements ont pris une autre tournure, mais l’urgence d’un plan B avait été sérieusement mise à l’ordre du jour.

Des années plus tard, lors du congrès de Nice, Jean- Marie Le Pen « a failli être convaincu », il n’était pas hostile à l’idée de changer de nom. Mais la marque originelle perdure. Et la réflexion de Jean-Marie Le Pen paraît aujourd’hui inflexible :

Demandez à Louis Vuitton s’il veut changer de marque pour ses valises, enfin pas lui, mais ses successeurs. Le Front national a une réputation absolument respectable, honorable, il n’y aurait aucune raison de le changer, il dit très bien ce qu’il est, un Front, c’est- à- dire un organisme de combat n’est- ce pas, et national, parce que c’est le sens de son message politique, je ne vois pas, je ne crois pas du tout que ce soit à l’ordre du jour, ni que ce soit dans la pensée de Marine. Je pense qu’un certain nombre de gens qui n’ont pas eu la place qu’ils estimaient devoir avoir au Front national, pensent qu’il vaudrait mieux changer de nom […] je ne crois pas du tout que ça soit raisonnable ni utile, au contraire, n’est- ce pas quand on a une marque comme celle- là, on la garde, on a la chance dans le fond d’avoir le Front national et Le Pen, ce sont deux bonnes marques.

Le RBM est pourtant un premier pas. Ce qui doit être considéré comme une association politique tient son nom de l’association Énergie Bleu Marine, de Robert Ottaviani, directeur national adjoint du FNJ dans les années quatre- vingt et chanteur du défunt groupe de rock identitaire de la mouvance skinhead Ultime Assaut ; l’association a été fondée en octobre 2008 pour soutenir Marine Le Pen en vue de la présidentielle de 2012.

Le concept est simple. Avec « bleu marine », l’idée évolue. « On met une couleur rajoutée à un prénom ; une façon plus romantique de dire qu’on est au FN », explique Jacques Olivier. Ce qui doit être considéré comme une simple étiquette électorale rattachée au prénom de Marine, représente pourtant bien une étape de transition. L’objectif du RBM est de « rassembler l’ensemble des patriotes attachés à la souveraineté du peuple français et au respect des valeurs de la République française. Peuvent y adhérer des personnes physiques ou morales, ainsi que des partis ou groupements politiques ». Aussi, l’avocat Gilbert Collard à titre individuel, ou encore le parti Souveraineté Indépendance et Libertés (SIEL) de Paul- Marie Coûteaux et Karim Ouchikh, Patrie et Citoyenneté (PEC) présidé par Bertrand Dutheil de La Rochère, rejoignent- ils le RBM (dont Bertrand Dutheil de La Rochère devient le trésorier). À la mi- janvier 2012, Louis Aliot dépose le nom « Alliance pour un rassemblement national » à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) 5. En même temps, il se dit « partagé sur le changement de nom » et même plutôt défavorable.

La scission (1998-2000) et ses conséquences sur le long terme ont donné un coup d’arrêt brutal au travail de formation des cadres et militants du parti. Début 2013, le FN et le RBM s’inscrivent de nouveau dans cette dynamique. La formation est déterminante pour les échéances électorales à venir. Pour être crédible, le Front national doit, non seulement, faire oublier le bilan négatif des municipalités frontistes mais il doit également montrer ses compétences politiques. Jeunes, mais politiquement expérimentés : c’est le visage que tente d’imposer le Front national aujourd’hui avec ses candidats Bleu Marine. Louis Aliot, vice- président chargé de la formation et des manifestations, s’occupe du Campus Bleu Marine (CBM). Chaque week- end, une trentaine de personnes d’âges et de profils différents s’y retrouvent : « [des] personnes qui, pour la plupart n’ont aucune expérience politique et, pour ceux qui l’ont, les règles changent tous les ans », explique Louis Aliot. Trois modules leur sont proposés : les élections municipales, la communication et les actions de terrain. Des ateliers pratiques, des mises en situation complètent une formation théorique ainsi qu’une présentation du site internet CBM, passage obligé des futurs candidats. Un épais classeur, contenant les nombreuses « Fiches Formation : UV Municipales de 2014 », sert de support papier. « Ce chantier de la Formation est très certainement le chantier le plus important du Front national pour l’avenir. […] L’implantation locale et la réussite de nos futurs dirigeants locaux dépendront de notre capacité à former nos cadres dans tous les secteurs de l’action publique et des idées politiques », écrit Marine Le Pen dans une lettre figurant dans ce classeur, remis aux participants, orné d’une citation de Socrate : « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Pour former ses futurs candidats, le FN s’investit dans une formation municipale technique et assez basique, dispensée majoritairement par les hommes du Front. L’objectif est la constitution de 500 listes pour le printemps 2014. Le parti compte réaliser plus de 600 formations. Les candidats sont proposés par les SD. Ils bénéficient, par la suite, d’une attention particulière. « On ne dépense pas environ 200 euros par personne pour qu’ils ne fassent rien. On se renseigne pour savoir comment ils évoluent », affirme Louis Aliot. La formation est payée quasi intégralement par le parti. Le FN demande une participation symbolique de 40 euros. Cela « évite que des gens s’inscrivent et ne viennent pas […] Il faut que cela devienne un vrai centre de formation. Les choses importantes se déroulent à Paris. Les cadres régionaux et départementaux, lorsqu’ils viennent au siège, cela les valorise. C’est comme dans les entreprises de toute façon. C’est un peu ça d’ailleurs ». À l’issue des stages pratiques, les personnes sont notées et la formation débouche sur un diplôme propre au parti.

La suite de la formation se fera « par échanges, par le portail numérique et par cycles de conférences dans les régions », continue Louis Aliot. Début janvier 2014, les candidats partent en campagne et reçoivent, en même temps, une formation centrée sur la déclinaison du programme municipal. Le FN concentre également ses efforts sur le portail numérique. Les candidats, qui y accèdent avec un code confidentiel, consultent des données mises à jour régulièrement. La connexion sur le site permet également au FN de suivre les efforts de ses cadres, rapporte Louis Aliot.

Les municipales revêtent un « caractère d’enjeu national » : celui d’améliorer l’implantation locale du parti pour asseoir son assise électorale notamment dans les zones rurales. Une première étape qui devrait préfigurer d’autres succès électoraux. Le FN concentre aussi ses efforts sur les 38 villes de plus de 100 000 habitants et les 531 villes de 9 000 à 100 000 habitants dans lesquelles il a obtenu au moins 12 % des suffrages exprimés lors des dernières élections. Le parti de Marine Le Pen entend ainsi montrer sa force dans les zones urbaines, base de sa stratégie électorale :

Il s’agit d’abord d’obtenir le maximum de conseillers municipaux mais aussi de maires. Atteindre cet objectif est possible, compte tenu et du mode de scrutin dans les villes de 3 500 habitants et plus […], et des excellents résultats obtenus par Marine Le Pen et les candidats du Rassemblement Bleu Marine aux dernières élections. Nous sommes assurés d’avoir des élus, pour peu que nous fassions l’effort de constituer des listes. Il s’agit aussi d’asseoir notre enracinement local en investissant le terrain […]. Il s’agit encore de réaffirmer haut et fort l’attachement du Front national à la ruralité, à l’identité locale et au développement des provinces […]. Il s’agit enfin d’amorcer la reconquête des grandes villes.:

La formation CBM se calque sur celle du SG de Carl Lang. Elle n’a donc pas foncièrement évolué. Elle s’est simplement adaptée au contexte. Les anciens formateurs sont, pour la plupart, décédés ou partis lors de la scission. Les profils des intervenants CBM ne sont plus les mêmes et ils s’en flattent. Leur culture politique ne puiserait pas dans celle de l’extrême droite radicale, contrairement à leurs prédécesseurs. Ainsi, à Bernard Antony succède Frédéric Gourier, directeur de la formation et directeur de campagne de Louis Aliot à Perpignan. Il est arrivé au FN par le biais de la défense des harkis. Un autre intervenant du Campus BM est Bruno Lemaire, docteur en mathématiques et en économie, diplômé de Harvard et ancien enseignant d’HEC. Il est l’un des plus proches conseillers de Marine Le Pen.

Bruno Lemaire s’occupe également du recrutement du thinktank de Louis Aliot « Idées Nation », présenté comme un cercle de réflexion animé par des universitaires. Sa création, en mai 2010, entre dans le cadre de la respectabilisation du FN. « Idées Nation » fait partie, explique Louis Aliot, de la « valorisation de tout notre travail de formation et de captation d’un certain nombre de compétences ». Ses objectifs recouvrent ceux du comité scientifique : ils visent à intellectualiser le parti. Le FN s’apprête à lancer une revue, rattachée à « Idées Nation » (comme l’était Identité au temps du Conseil scientifique) et à créer une maison d’édition éponyme, comme les Éditions nationales. Le livre de Louis Aliot, Les Présidents français et l’Europe, préfacé par l’ancien secrétaire de l’ONU Boutros Boutros- Ghali, doit être le premier livre publié à cette enseigne.

Louis Aliot conteste l’idée que Marine Le Pen ferait du Mégret. Pour lui, « Mégret, c’était un vrai extrémiste avec des gens cachés autour de lui. Autour de Marine Le Pen, nous ne sommes pas cachés ». Marine Le Pen souligne, elle, une des différences fondamentales entre sa vision politique et celle de Bruno Mégret : si l’ancien délégué général désirait s’allier avec le RPR et multiplier les alliances, la présidente du FN est partisane de la ligne de Samuel Maréchal, « Ni droite ni gauche ». Elle explique avoir toujours « soupçonné Mégret de vouloir devenir l’UDF du RPR », précisant que cet objectif est « très éloigné » du sien. Pourtant, leur stratégie politique concorde certainement sur un point : contribuer à l’explosion de la droite pour voir le FN s’imposer comme le parti principal. Dans le cas où le Front national serait en position de force, il établirait des accords électoraux, des alliances locales avec les partis de droite sur un programme minimum commun imposé par lui.

Lorsqu’on demande à Louis Aliot quels sont les axes et différences majeurs entre le lepénisme, le mégrétisme et le marinisme, il répond :

Le lepénisme, c’est prendre la France telle qu’elle est avec ses héritages. Les bons côtés et les mauvais côtés qui choquent. C’est aussi mettre sur le même pied d’égalité des gens bons ou pas bons, des gens sulfureux, peu importe l’objectif. Le mégrétisme, c’est prendre un appareil comme un outil pour arriver à ses fins et adopter une ligne très dure. Marine, c’est du lepénisme de sa génération.

Jean- Marie Le Pen continue aujourd’hui de rassembler. Lors de ses déplacements, les fédérations l’accueillent avec émotion et reconnaissance. Louis Aliot ne contredit pas ce fait. Jean- Marie Le Pen est incontestablement fédérateur mais « l’air de rien », poursuit- il, « il y a quand même 50 000 personnes qui ont pris la carte car c’était Marine. Ces 50 000 personnes partagent- elles toutes les options du père ? ».

Le FN d’aujourd’hui n’a aucune légitimité, telle est l’opinion des hommes et femmes qui l’ont quitté ces dernières années. Les critiques les plus fréquentes se concentrent sur Marine Le Pen et sa cour de « petits marquis ». Ce FN ne serait que la « transposition de l’univers des boîtes de nuit au monde politique » et la qualité des dirigeants des années quatre- vingt contraste avec ceux d’aujourd’hui. Les bâtisseurs du FN sont nostalgiques d’un Front tenu par de « vrais hommes politiques » : André Dufraisse, François Duprat, Jean- François Chiappe ou encore le premier Jean- Marie Le Pen. Ils voient aujourd’hui sa direction renoncer aux principes fondamentaux, à ses missions traditionnelles et constatent que l’appareil du mouvement est « toujours une coquille vide, masquée par l’aréopage et le club restreint des admirateurs de la présidente ». Franck Timmermans poursuit : Mais même ceux- ci sont de plus en plus divisés et même Jean- Marie Le Pen, qui a pourtant tout sacrifié des hommes et des acquis pour introniser sa fille, se trouve aujourd’hui contesté par son entourage qui souhaite politiquement le mettre sous tutelle, voire l’écarter. Quelle ironie et quel gâchis. Combien de scissions seront nécessaires pour détruire l’oeuvre de tant de vies et d’efforts, de tant de sacrifices, pour satisfaire les appétits d’une famille de plus en plus caricaturale ? Jean- Marie Le Pen, monstre sacré de la vie politique française, laissera- t-il seulement un bilan fondé sur autre chose que des ruines et des trompe- l’oeil 1 ?

Au congrès de Tours, la nouvelle présidente disait assumer « tout l’héritage du FN » et prendre toute l’« histoire » du parti. Mais Marine Le Pen éprouve bien des difficultés à mettre en pratique ses paroles. Son FN se veut différent de celui de Jean- Marie Le Pen et s’affranchit d’une partie de son histoire. Certains épisodes, portant notamment sur ses origines et ses filiations, sont révisés et veulent donner une autre version de la réalité historique. Le FN continue de contester l’étiquette d’extrême droite, utilisée selon Marine Le Pen pour nuire au FN et le mettre à égalité avec certains mouvements néo- nazis européens. Le Front national poursuit sa stratégie de dédiabolisation. Il revendique sa normalité dans l’espace public et politique français. Il entend également le faire à l’attention de ses militants. À l’occasion d’une session de formation organisée au siège du FN, le 23 novembre 2013, Louis Aliot s’exprime devant les futurs candidats pour les municipales. Il revient sur les « grandes familles politiques françaises » et dresse cette histoire de son parti, en discordance avec la réalité :

Le FN est l’héritier de ce qu’il est. Il y a des choses vraies et d’autres qui le sont moins. Nous n’avons pas à rougir de ce que nous sommes, de ce que les combats ont été, de ceux qui nous ont précédés. Le FN n’est pas l’héritier de la Collaboration – ce qui est vrai pour les partis italiens. Il comprend, dès l’origine, une part très composite. Il y avait de tout. Des gens qui venaient de la Collaboration qui occupaient des postes subalternes qui ne les mettraient jamais au niveau de François Mitterrand. Certains sont à l’origine de la création du FN. Des parcours intéressants ou atypiques comme celui de Georges Bidault, président du MNR, à l’origine des combats de maintien de l’Algérie française […] ou encore Jean- Baptiste Biaggi, passé du gaullisme à l’anti- gaullisme, un vrai résistant. Pour Jean- Marie Le Pen, les querelles du passé avaient suffisamment affaibli la France. Il fallait parler d’avenir. Tout cela, on ne vous le dira pas mais vous devez le savoir. Vous devez être capables d’y répondre, de bien apprendre les combats que nous portons.

Le Front national de 2014 est un parti d’extrême droite. Ce n’est pas un nouveau parti. Il est, simplement et logiquement, le prolongement de son prédécesseur. Son histoire commence à l’automne 1972 et se poursuit aujourd’hui.

Extrait de "Le Front National de 1972 à nos jours. Le parti, les hommes, les idées", publié aux éditions du Seuil, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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