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Le FMI veut sauver l'économie mondiale : ce qu'il devra faire pour espérer y parvenir
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Quitte ou double

Une seule nécessité pour la réunion du FMI et de la Banque Mondiale qui s'ouvre ce vendredi 10 octobre : mettre l'accent sur la bonne gouvernance, la régulation et la coordination globale.

Driss Lamrani

Driss Lamrani

Driss Lamrani a exercé pendant plus de 10 ans les métiers de banquier d'affaires, d'opérateur de marché sur les produits dérivés et d'analyste financier au sein de divers établissements bancaires. Il a aussi participé à plusieurs ouvrages, en tant que spécialiste des opérations de marché.

Il a récemment publié, aux Editions Mélibée, un ouvrage intitulé "Vers de nouvelles bulles spéculatives... Comment les éviter ?", préfacé par Jacques Attali. Il est actuellement  stratégiste et économiste au sein d'un fonds alternatif à Londres spécialisée dans le Global Macro.

Il s'exprime sur Atlantico à titre personnel, et ses propos n'engagent en aucune façon son employeur.

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A la suite de la crise de 2008,les institutions mondiales, comme le FMI ou la Banque Mondiale, et les banques centrales locales ont été à la manœuvre pour sauver le système financier d'une calamité certaine. Les premières années après ce sauvetage, les agents publics et privés ont repoussé l'urgence de réformer, passer à la paille de fer les investissements excessifs et la transformation sociétale vers un monde plus connecté et mondialisé.

Devant un tel agenda ambitieux, qui nécessite de se serrer la ceinture (moins de consommation et plus de remboursement des dettes), chacun a cherché à d'abord mettre la responsabilité sur le voisin (immigrés, la Chine, le modèle social etc.). Il est certes beaucoup plus facile de dire c'est la faute des autres pour laisser aux suivants (aux autres le coût d'une inévitable transformation).
Cependant dès mars 2013, les bourgeons d'une collaboration internationale pour entreprendre les réformes ont commencé à éclore. D'abord, la Federal Reserve a commencé à réduire son aide à la liquidité. Ensuite, la Chine s'est embarquée dans un plan de réforme aussi ambitieux que risqué (puisqu'il remettait en cause les acquis des lignes princières), l'Europe s'est réveillée à la nécessité de suivre l'exemple de Schroeder, et le Japon s'est embarqué dans un programme destiné à sortir le pays du marasme dans lequel il s'est trouvé après l'éclatement de la bulle immobilière des années 1990.
Ces réformes sont en cours même si nous pouvons nous interroger si elles sont suffisamment rapides compte tenu des enjeux en termes de transformation de nos économies face à l'innovation technologique (robotique, traitement de données par le Big Data etc.) et aux  enjeux écologiques. Elles doivent être poursuivies, coordonnées afin d'éviter de créer une nouvelle crise, que plusieurs idéologues et intérêts privés appellent de leur voeux. Une nouvelle crise pourrait nous faire repartir au point initial. 
A titre d'exemple, cette semaine le Premier ministre italien Matteo Renzi a avancé sur la réforme du droit du travail. Le Premier ministre Valls est en cours de mettre en œuvre un programme de réformes ambitieux relativement au conservatisme français des dernières décennies même si face aux enjeux d'aujourd'hui nous aurons pu espérer une déclaration de vérité plus ferme : la France est un grand pays, son marché de l'emploi doit évoluer et cela nécessitera de la part de tout un chacun un effort de formation. En Chine, le President Xi Jipping a entrepris plusieurs réformes :
1) une chasse au gaspillage administratif,
2) un combat effréné contre la corruption (qui a touché des personnalité considéré par plusieurs experts comme "intouchables"),
3) la mise en œuvre d'accords commerciaux internationaux pour promouvoir le savoir faire chinois en matière de construction et d'infrastructure,
4) la mise en place d'accord avec les pays africains pour délocaliser les industries manufacturière qui nécessitent beaucoup de main d'œuvre pour se concentrer sur les activités innovantes (robotique, mobile etc.)
Face à ses ambitions de réformes, les forces conservatrices de droite et de gauche se sont mises vent debout pour bloquer les pays, créer une crise identitaire, faire l'écho à des ressentiments nationaux pour éviter toutes réformes. Comme à son habitude, dans les années 1930 comme aujourd'hui, le populisme parle aux laissés pour compte pour maintenir les privilèges des intérêts privés des plus puissants.
Pelé-mêle, le maelström du populisme est passé de groupes marginaux a l'élite. Il ne passe pas un jour sans que des organes de presse de premier ordre ne fasse des allusions à peine masquées à la nécessité de la révolte contre le niveau des inégalités en passant des intermèdes publicitaires pour des voitures de luxe. Des contacts entre le Front National, ou le Tea Party, avec le gouvernement de Vladimir Putin ne sont que la partie émergée de cet iceberg vers lequel l'oligarchie souhaite pousser les peuples du monde pour choisir un nouveau bouc émissaire. Hier ce fut les juifs, aujourd'hui les musulmans sont la cible. 
Au lieu de faire peur aux masses que la robotique remplacera leur travail, nous pouvons promouvoir les nouveaux métiers et la facilité pour toute personne d'y accéder. Concrètement les nombreuses personnes qui jouent à Flight Simulator avec dextérité peuvent demain avoir l'agrément de piloter des drones civils qui permettrait au livreur de Pizza de troquer sa Vespa contre un mini drone. Les métiers de demain mélangeront jeux, plaisir et activité rémunératrice. Ce scénario que nous avons développé depuis plusieurs années est en train de devenir réalité si les organismes internationaux réussissaient à faire reculer la mauvaise gouvernance et par conséquent les deux risques du populisme et du terrorisme. Plusieurs experts en technologie s'accordent à dire que ces nouveaux métiers nous permettront non seulement d'accroître la croissance potentiel mais aussi d'éviter le scénario de la stagnation dont a parle M. Larry Summers, l'an passé au FMI.
Afin de faire reculer l'inflation des expressions haineuses sur Twitter, Facebook et blog de tout genre, les institutions internationales doivent continuer leur combat pour une meilleure gouvernance. Celle-ci est la seule garante de la réduction des inégalités puisqu'elle permet de réduire les taxes indirectes payés par la majorité pour le privilège de certains. Cette démarche devrait s'accélérer en novembre, lorsque le G-20 devra se prononcer sur l'adoption de la réforme du système fiscale international, sous la proposition de l'OCDE, afin de réduire l'évasion fiscale qui mine les finances publiques, la crédibilité des dirigeants pour le bénéfices de certains.
Au delà de l'aspect fiscal, le FMI a pris le flambeau sous l'impulsion de Madame Lagarde pour mettre en place une meilleure gouvernance, plus de régulation financière et la mise en place d'une règle de responsabilité. Il en va de soit que les sanctions financières ou les menaces de prison par le département de justice américaine sont en train de transformer en profondeur la finance même si l'image du banquier voyou n'est pas prêté à s'estomper de si vite.
Par ailleurs, il est nécessaire de faire de la coordination internationale en matière fiscale un enjeux important. En effet, dans un monde globalisé les problèmes sont globaux : Ebola, le terrorisme etc. sont des problèmes globaux qui nécessitent une réponse globale pour la sécurité de chacun.
Il va de soi qu'une meilleure gouvernance réussira à faire reculer le cynisme que les populistes de tous bords comme les militants du mal (terrorisme) utilisent pour recruter une jeunesse en mal de repères.
Il semble de plus en plus évident que le scénario où travailleurs, actionnaires ET consommateurs gagnent est réalisable et même devra être mis en œuvre. Il est de la responsabilité de ces institutions de faire le nécessaire pour tenir bon face à des groupes d'intérêts dont les preuves s'accumulent chaque jour qui trahissent  chaque jour la démocratie. 
L'avènement du Big Data et de l'analyse de la quantité de données que nous créons chaque minutes permettra de faire reculer la mauvaise gouvernance, l'évasion fiscale, et l'illégalité de certaines pratiques, puisque chaque organe de justice aura les moyens de faire respecter la loi.

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