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Divorce Valls-Macron, Uber plus fort que General Motors, Accor 1er hôtelier du monde, Merkel superstar outre-atlantique et mystérieuse disparition du Chinois le plus riche : les 5 infos clés que les régionales ont masqué cette semaine
©Reuters / Charles Platiau

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

De Matignon à la Silicon Valley, de Berlin aux conseils d'administration de nos grandes entreprises mondialisées : cinq infos que les Français n’ont pas voulu voir cette semaine.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La violence de la vie politique française a mis le pays à l’écart de ce qui pouvait se passer en dehors des querelles politiciennes qui se sont jouées pour le deuxième tour. Et pourtant, toutes ces infos ont largement plus d’impact que les diatribes de Marine Le Pen, les hésitations gênées de Nicolas Sarkozy et plus largement, que les états d’âme de la classe politique en quête de jobs lucratifs plus souvent que de convictions.

1- Le divorce entre Manuel Valls et Emmanuel Macron semble consommé

Rien ne va plus entre les deux hommes. Cette semaine de l’entre-deux tour, leurs rapports ont été particulièrement violents. Lundi, alors que le Parlement remettait un rapport d’étude sur le RSI, le régime social des indépendants, Emmanuel Macron a mis à plat le système en annonçant que c'était une erreur, en refusant les réformettes de façade et en laissant entendre qu'il fallait tout revoir. Du coté de chez Manuel Valls, on a dit et redit, qu’il n’était pas question de jeter le système mais de le réparer. Et pour terminer, Manuel Valls a rappelé qui était le chef. "Je rappelle seulement que c’est moi, le Premier ministre". Avec une vraie ou fausse colère, il aurait d’ailleurs pu retrouver à l’adresse d’Emmanuel Macron, l’expression attribuée jadis à Jean-Pierre Chevènement, "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne".

Toujours est-il, que le ministre en a pris pour son grade. D’autant que deux jours plus tard, le jeudi soir, il a appris que sa loi, la loi Macron 2, très attendue par le monde du business, la loi NOE, celle qui doit ouvrir des nouvelles opportunités économiques serait retardée. Pourquoi ? Personne ne le sait exactement. Jusqu’à quand ? Là encore, il faudra attendre le printemps pour avoir des précisions et, à ce moment-là, on entrera pratiquement en campagne présidentielle. Pour les chefs d’entreprise c’est une déception. La loi NOE portait la réforme du code du travail et beaucoup de mesures de dérégulation. La décision aurait été prise à Matignon. Pour Macron, c’est un échec et ça marque évidemment le début d’une procédure de divorce entre le ministre de l’Economie et le Premier ministre. Pour les entourages, le climat entre les deux hommes est devenu très lourd. En fait, Manuel Valls ne supporte plus son ministre de l’Economie. Il ne supporte plus ses déclarations, les fameuses Macronades.

Il ne supporte plus sa popularité record, dans tous les milieux sociaux de l’opinion. Il ne supporte plus que la presse en ait fait une star, il ne supporte plus le personnage, trop jeune, peut-être, trop brillant, trop libre. En réalité, Manuel Valls a compris que son ministre de l’Economie pouvait mieux que lui incarner le courant moderniste et libéral de la gauche. Il a compris que Macron lui faisait concurrence. Il surtout compris qu'au réveil, le lendemain du second tour,  François Hollande sera obligé de réagir.

Soit il rebondit sur sa gauche, et il faudra sacrifier Manuel Valls qui sera tenu pour responsable de la défaite électorale. Soit il rebondit sur sa droite par une politique de réformes d’urgence libérales et il s’appuiera plutôt sur Emmanuel Macron dont la légitimité et la notoriété est plus forte pour accoucher de toutes ces réformes. Dans les deux cas de figure, Manuel Valls est sans doute un des perdants notoire du second tour des régionales. Dans les deux cas, il retrouve Macron sur la route de ses ambitions personnelles. Lequel Macron ne sera pas sans développer les mêmes ambitions mais pour son propre compte. Lundi matin, ça ne tanguera pas seulement à droite. La gauche aussi va régler ses comptes.

2- Le triomphe d'Angela Merkel

Alors que la classe politique française se bat comme des chiffonniers en étant d’accord sur rien, l’Allemagne affiche une fois de plus sa cohésion politique et son efficacité économique. Ceci expliquerait sans doute cela. Sur le plan politique, les deux grands partis politiques allemands, ont réuni leurs congrès. Le SPD, à gauche et la CDU à droite. Ce qui est intéressant, c’est que depuis deux ans, ces deux partis ont formé une coalition et gouvernent ensemble autour de Mme Merkel. Pas de politique politicienne, chacun a mis sous le boisseau ses petits intérêts personnels et travaille pour la collectivité. Le SPD, dont on pouvait penser qu'il allait prendre l’ascendant sur la CDU, n’a pas progressé dans les sondages malgré le charisme de son chef, le ministre de l’Economie qui sera sans doute réélu ce week-end.

L’Allemagne marche en équilibre grâce à ce type de consensus, que l'on retrouve dans l’économie avec de larges accords entre le patronat allemand et les syndicats. De telles structures donnent à Angela Merkel un pouvoir considérable. Le magazine Time l’ayant cette semaine désignée comme la femme de l’année.

L’affaire des migrants, sur laquelle elle avait pris des positions très progressistes en annonçant que l’Allemagne allait en accueillir un million par an, lui a valu quelques inimités et quelques débats un peu violents. Il y a six mois, sa popularité s’était effondrée. Aujourd'hui, elle a tout regagné et le débat est clos. Angela Merkel est aujourd'hui soutenue par 54% des Allemands. Qui dit mieux en Europe ?

Sur le plan économique, le bilan est simple : pas de chômage, pas de dettes, un budget en excèdent, des exportations fortes et une croissance soutenue. Qui dit mieux en Europe ? Ce qui est un peu décourageant, c’est la critique des Européens à l’encontre de ce modèle allemand. Il a certes, des défauts, mais il performe là où l’opinion en a besoin, l’emploi, la sécurité, l’éducation et le modèle social.

Ce qui est parfois décourageant, c’est de refuser que ce modèle fondée sur la cohésion et le compromis  fonctionne mieux que le modèle français fondé sur la culture du conflit permanent. On veut si peu reconnaitre le succès de nos voisins, que l'on ne cesse pas d’accuser Angela Merkel de tous les défauts et turpides européennes possible. L’essentiel est, que chez elle ça marche, alors que chez nous, ça ne marche pas.

3- Uber en grande forme

La société d’origine américaine est devenue en quelques années une multinationale du transport individuel avec une plateforme digitale qui gère le partage des voitures. C’est le nec plus ultra de cette nouvelle économie. En début de semaine, Uber a fait une levée de fonds pour financer son développement internationale et à cette occasion Uber a été valorisé plus de 65 milliards de dollars. C’est  40 % plus cher que le prix en bourse de General Motors le premier constructeur automobile au monde.

Incroyable. D’un côté environ 300 salariés, un modèle informatique très sophistiqué et une idée fondée sur le partage d’un actif. De l’autre, une énorme industrie vieille de plus d’un siècle qui emploie un millions de salariés dans le monde et ne réussit à traverser les crises qu'avec l’aide de l’Etat. D’un coté GM a fait sa fortune historique avec l’idée que le client avait l’envie de posséder sa voiture. De l’autre, Uber a fait son succès avec l’idée que le client voulait avant tout, utiliser un véhicule pour satisfaire un besoin de mobilité.

Pendant le temps où l’industrie mondiale opère des changements aussi spectaculaires, en France, on se préoccupe surtout de savoir comment gérer la présence de l’Etat au capital de Renault sans pour autant perturber une stratégie internationale, tout en maintenant la possibilité pour Bercy d’intervenir tout en disant qu'il n’interviendra pas. Surréaliste !

Le conseil d’administration qui regroupe le gratin de l’industrie européenne a du se réunir quatre fois depuis deux mois pour essayer de désamorcer le piège qui menaçait l’équilibre de l’alliance Renault Nissan.

4- Sébastien Bazin la joue en douce

Le PDG du groupe Accorhotels a choisi la semaine la plus chargée sur le plan politique pour annoncer qu'il avait mobilisé tous les moyens pour faire de son groupe le numéro 1 sur le marché mondial de l’hôtellerie. Pour se faire, il a racheté une poignée de palaces internationaux qui appartenaient jusqu’à maintenant à des investisseurs Qataris. Le groupe FRHI, l'Ermitage à Beverly Hills, le Montreux Palace, Raffles Pékin, Raffles Dubaï, et d’autres.

Au total, 116 hôtels comprenant environ 44000 chambres dans 34 pays : le montant de la transaction avoisinerait environ 2,7 milliards d'euros. D’ici deux ans, le groupe Accor serait en mesure d’ouvrir un hôtel par jour dans le monde. Là encore, pendant que la France s’interroge pour savoir si la mondialisation ouvre de bonnes ou de mauvaises perspectives, des hommes d’affaires français évitent de se prendre la tête et développent une stratégie de conquête.

C’est quand même la meilleure réponse à apporter à l’inquiétude que soulèvent les vagues de terrorisme, la meilleure réponse à la menace concurrentielle de Booking ou de AirBnB. La meilleure réponse à tous ceux qui pensent  que la France n’a pas d’avenir mondial. Après tout, son savoir-faire dans le tourisme lui rapporte plus d’argent aujourd'hui que son agriculture ou ses Airbus.

La meilleure réponse enfin, à ceux qui pensent que le Qatar a les moyens de tout acheter en occident. Parfois, il doit vendre des actifs  pour compenser la perte des revenus pétroliers, et ça ne fait que commencer.

5- Avis de recherche au Club Med

Le milliardaire chinois Guo Güanchang a disparu depuis deux jours. Il ne s’est pas présenté au conseil d’administration du ClubMed, dont il est un des gros actionnaires. Henri Giscard d’Estaing l'a attendu en vain. La rumeur indique que ce Chinois qui serait l’un des plus riches de l’empire aurait été arrêté par la police pour des soupçons de corruption. Les cotations boursières ont été suspendues.

Aux derniers nouvelles, les Club Med sont restés ouverts. Aucune raison, le management français tient la barre. Mais parfois on pourrait se dire que l’éthique et la morale des affaires sont des valeurs cardinales. On pourrait aussi se féliciter de vivre dans une véritable économie de marché, c’est-à-dire une économie où il y a des règles de conduite qui sont le plus souvent respectées. Pendant ce temps-là, les Français se font la guerre pour savoir pour qui voter. On pourrait voter sans se faire la guerre ou s’insulter. 

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