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Manuel Valls publie « Le courage guidait leurs pas » aux éditions Tallandier.
Manuel Valls publie « Le courage guidait leurs pas » aux éditions Tallandier.
©Thomas SAMSON / AFP

Grandes figures de l'histoire

Le nouvel ouvrage de Manuel Valls est publié aux éditions Tallandier. Alors que les valeurs européennes sont menacées par le fanatisme, la violence aveugle et le terrorisme, cette réflexion sur le courage de ceux qui nous ont précédés est plus nécessaire que jamais.

Dov Zerah

Dov Zerah

Ancien élève de l’École nationale d’administration (ENA), Dov ZERAH a été directeur des Monnaies et médailles. Ancien directeur général de l'Agence française de développement (AFD), il a également été président de Proparco, filiale de l’AFD spécialisée dans le financement du secteur privé et censeur d'OSEO.

Auteur de sept livres et de très nombreux articles, Dov ZERAH a enseigné à l’Institut d’études politiques de Paris (Sciences Po), à l’ENA, ainsi qu’à l’École des hautes études commerciales de Paris (HEC). Conseiller municipal de Neuilly-sur-Seine de 2008 à 2014, et à nouveau depuis 2020. Administrateur du Consistoire de Paris de 1998 à 2006 et de 2010 à 2018, il en a été le président en 2010.

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Manuel VALLS nous présente son Panthéon des grandes figures qui « ... nous incitent à rejeter la tentation de la mollesse et de la résignation. » Charb, Sébastien CASTELLION, Georges CLÉMENCEAU, Louise MICHEL, NADEJDA, Ossip MANDELSTAM, André MALRAUX, de GAULLE et CHURCHILL, Albert CAMUS, les 343, Willy BRANDT, Jean-Marie TJIBAOU et Jean MOULIN.

Le parcours de la découverte de ces personnages hors du commun commence avec « le crime politique » du 7 janvier 2015 qui a fauché une partie de la rédaction de Charlie Hebdo. Avec ce massacre, « nous prenons conscience de toutes ces valeurs au pied de notre berceau … : la liberté de conscience, la liberté d’expression, la liberté de la presse, la laïcité… Nous comprenons qu’il faudra nous battre pour les préserver, les reconquérir, ou tout simplement pour en être dignes. Le monde dans lequel nous avons basculé n’est plus celui de l’insouciance. C’est un monde où plus que jamais, nous aurons besoin de courage. » Et Manuel VALLS fait preuve de courage en nommant les responsables d’islamistes radicaux, voire d’islamo-fascistes !

Sans évoquer les difficultés dans nos banlieues, la société française est confrontée à :

-L’islamisme radical. Charb et ses compagnons vont payer leur courage pour avoir publié les caricatures de Mahomet, d‘avoir décliné un droit typiquement français, celui du blasphème, d’avoir perpétué « La tradition bien française de la caricature politique et religieuse. ». L’ancien premier ministre rappelle que Charlie Hebdo a été le seul journal à les avoir publiées, que tous les autres sollicités ont refusé et que de nombreuses voies européennes, au plus haut niveau et de nombreux horizons dont de gauche, ont qualifié cette publication de provocation. « C’est le début d’une fracture entre Charlie Hebdo et une partie de la gauche française… »

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-L’antisémitisme. Depuis l’attentat de la rue Copernic en 1980, la liste des actes antisémites ne cesse de s’allonger : Sébastien SELLAM en 2003, la séquestration et la mise à mort en 2006 d’Ilan HALIMI par le gang des barbares, la tuerie en 2012 devant l’école Otzar Hatorah à Toulouse, les blocages en 2014 des synagogues de la rue de la Roquette, de Sarcelles et de Créteil, le massacre en 2015 à l’Hyper cacher de Vincennes, Sarah Halimi, torturée et défenestrée... Avec Ilan, le patronyme devient malheureusement emblématique… M. Manuel Valls n’hésite à parler des islamo-fascistes.

Et pourtant, « Charb n’était pas seulement un chantre de la liberté d’expression ; il était antiraciste fervent et fraternel. »

Pour Sébastien CASTILLON (1515-1563), « Tuer un homme, ce n’est pas défendre une doctrine, c’est tuer un homme. Quand les Genevois ont fait périr, ils ne défendaient pas une doctrine, ils tuaient un être humain. » Pour Manuel VALLS, « il existe un fil de courage et de grandeur qui relie CASTELLION… à VOLTAIRE… et plus tard à ZOLA… » et il nous livre une quinzaine de pages sur ce personnage méconnu, voire inconnu.

Manuel VALLS en arrive à son héros, Georges CLÉMENCEAU « … dans tous les bons combats. Républicain de toujours, il est emprisonné deux mois sous le second Empire, alors qu’il n’a pas vint ans. Dreyfusard, il souffle à ZOLA le titre « J’accuse… ! » Anticolonialiste, il s’oppose à FERRY sur l’expédition du Tonkin… Opposé à la peine de mort… se bat contre le cléricalisme… » Personnage hors normes, « on ne fait jamais le tour de CLÉMENCEAU. »

« … Il possède une boussole infaillible : son sens de la liberté », comme l’atteste cette déclaration « Non ! Non ! je suis pour la liberté intégrale et je ne consentirai jamais à entrer dans les couvents et les casernes… Il y a les Jésuites noirs. Il y a aussi les Jésuites rouges. » Mais, Manuel VALLS est fasciné par l’homme de la guerre, le Tigre devenu Père la Victoire « non seulement parce qu’il fit preuve de bravoure en toutes circonstances, mais aussi et surtout parce qu’il a insufflé sa fermeté à un pays exsangue. ». « Dès novembre 1917 la situation est dramatique… plus d’un million de morts… L’offensive NIVELLE a été un désastre… la nation se craquelle de tous côtés : mutineries, grèves dans les usines d’armement, défaitisme… le traité de Brest-Litovsk… qui permet aux Allemands de rapatrier quarante-deux divisions sur le front de l’Ouest…L’arrivée des premiers soldats américains est bien trop progressive pour rattraper ce déséquilibre. ». Ce rôle comme Président du Conseil avec le portefeuille de la défense entre novembre 1917 et l’armistice sublime le briseur de grèves et efface l’échec de l’accès à la Présidence de la République ou du Traité de Versailles.

Manuel VALLS aime l’homme de cette année, « le Tigre aux yeux mouillés des lendemains de guerre… », en référence à sa réaction lorsqu’il voit, dans la galerie des Glaces le 28 juin, les poilus invités à la signature du Traité.

« CLÉMENCEAU va me conduire jusqu’à Louise MICHEL (1830-1905). C’est par lui en effet que j’ai commencé à m’intéresser à elle, à travers un beau livre : Georges & Louise, de Michel RAGON… » « La personnalité de Louise MICHEL, riche en contrastes, me fascine plus que ses idées. Je n’ai pas, je n’ai jamais eu la fibre anarchiste… ni la mémoire de la Commune… les admirateurs de CLÉMENCEAU et ceux de Louise MICHEL s’excluent réciproquement … Je revendique pourtant d’aimer les deux à la fois. » « Louise MICHEL me touche pour son courage, pour ses contradictions qui soulignent l’humanité de cette incorruptible, et sans doute aussi pour son action en Nouvelle Calédonie, une terre qui m’est chère. »

Échappant à la peine capitale pour sa participation à la Commune, notamment à la bataille du fort d’Issy avec le 61ème bataillon des marcheurs de Montmartre, elle a été déportée en Nouvelle Calédonie. Et de détailler les liens entre le Tigre, nommé maire du XVIIIème arrondissement en septembre 1870, et l’institutrice Louise MICHEL, qui a créé une école au 24 rue Houdan ; au fil des événements qui renforcent leurs liens au point de se transformer en amitié, on découvre de nombreux personnages, Louis-Auguste BLANQUI, Théophile FERRÉ, Maxime du CAMP, Édith THOMAS, Henri ROCHEFORT… et des pages sur l’histoire de France des trente dernières années du XIXème siècle.

Manuel VALLS essaie ensuite de comprendre comment certains continuent à défendre le projet communiste. « Je n’ai jamais été marxiste… Après Prague et l’Afghanistan, après SOLJENITSYNE et KUNDERA, cela aurait supposé une aptitude à se boucher les yeux et les oreilles qui n’était décidemment pas dans mon caractère. Mes premiers actes militants passent par le soutien à Solidarnosc et à WALESA, je me nourris des textes d’Adam MILNIK… les purges staliniennes opérées dans les rangs des républicains espagnols m’avait vacciné très tôt envers cette zone de l’échiquier politique… », et de reprendre le discours de BLUM au Congrès de Tours et sa défense « des valeurs démocratiques face au totalitarisme ». « Dire le vrai, ou même simplement ne pas dire le faux, c’était risquer sa vie » conduit Manuel VALLS à présenter l’un des héros de la liberté Ossip MANDELSTAM (1891-1938) et son épouse Nadejda (1899-1980).

La poursuite de l’itinéraire dans cette galerie des courageux prêts au sacrifice de leur vie pour défendre la liberté, conduit à André MALRAUX, adulé par le père, le peintre Xavier VALLS ; ce dernier « … n’a pas directement participé aux événements. Mais deux de ses frères avaient rejoint l’armée républicaine. » Bercé par les récits de la guerre civile, Manuel VALLS admire MALRAUX pour son courage, sa lucidité sur les événements, son engagement comme pilote, et relativise ses silences sur les crimes staliniens ainsi que ses présentations romanesques.

Manuel VALLS est également fasciné par Charles de GAULLE et Winston CHURCHILL, « deux discours de 1940 », l’appel du 18 juin et le celui du 13 mai « never surender, du sang, de la sueur et des larmes ». « Il faudrait des pages et des pages pour démêler l’écheveau des relations personnelles … » entre ces deux hommes, « persuadés de la force du langage et des mots… ils visent à insuffler courage et espérance à leurs peuples. Ce sont des harangues qui ont façonné l’Histoire, mais aussi deux modèles de rhétorique démocratique. » CHURCHILL a été le dernier rempart face à HITLER et de GAULLE a sauvé l’honneur de la France.

« Ce sont Bobby FISHER et Anatoli KARPOV qui m’ont conduit à Albert CAMUS. » La passion des échecs l’entraine à délaisser ses études ; ses parents font appel à une professeure qui leur permet de découvrir certains auteurs dont celui de l’Étranger. « … plus je lis CAMUS, plus j’admire son courage intellectuel… » contre la peine capitale, le marxisme soviétique, ses réflexions sur le terrorisme, la violence, la tragédie algérienne…

« … Quand le courage d’un(e) seul(e) prend une dimension collective. Cette cristallisation me fascine. » Tel est le cas du manifeste publié en 1971 dans le nouvel observateur, signé par « Les 343 courages », déclinaison de la libération de la parole pour la libération, l’émancipation de la femme, notamment par la dépénalisation de l’avortement. Quatre ans plus tard, c’est la loi VEIL qui, pour Manuel VALLS, aurait pu faire partie de son Panthéon.

Willy BRANDT trouve sa place dans la galerie par le geste réalisé le 7 décembre 1970, lorsqu’il s’est agenouillé devant le monument dédié aux combattants du Ghetto de Varsovie, première manifestation allemande de reconnaissance de la responsabilité dans la Shoah et l’assassinat de 6 millions de Juifs. Militant antinazi dés la première heure, BRANDT a été maire de Berlin-Ouest depuis 1957 et, en 1969, le 1er chancelier social-démocrate d’Allemagne fédérale ; il a mis en application sa vision d’une politique de diminution de la tension avec l’Est, voire de rapprochement ; c’était l’Ostpolitik ! « Après BRANDT, d’autres hommes politiques ont tenté d’incarner la réconciliation et la prise en compte des fautes du passé. … Lech WALESA, en 1991, à la tribune de la Knesset, s’excusant pour le mal fait aux Juifs… Jacques CHIRAC… qui reconnait la responsabilité… de la France dans la déportation des Juifs…, en 2001, les excuses du Premier ministre japonais… exprimant « son profond remords » pour les crimes commis… en Corée du Sud avant 1945. »

L’intérêt porté à la Nouvelle Calédonie par Manuel VALLS le conduit logiquement à nous présenter Jean-Marie TJIBAOU. Il nous décrit une histoire de la présence française depuis 1853, et surtout les conditions de réalisation des Accords de Matignon.

Enfin, la galerie se termine avec « Jean MOULIN, un préfet de combat ». « Devant son héroïsme, toute phrase est guettée par le verbiage. Toute parole, fut-elle d’admiration, semble dérisoire. Il faudrait se taire. Se contenter d’admirer. » Tout est écrit !

En guise de conclusion, Manuel VALLS cite Volodymyr ZELENSKY qui aurait pu, après l’invasion russe, se réfugier à l’étranger. Il est resté et anime la résilience, la résistance ukrainiennes face au voisin russe impérialiste. Aujourd’hui, c’est la personnification du courage et aucun autre responsable politique n’est en mesure de le concurrencer.

Au-delà de la découverte de tous ces personnages hors du commun, de la présentation de nombreux épisodes historiques, « Le courage guidait leurs pas » permet de mieux comprendre les fondements de l’engagement politique de Manuel VALLS, les ressorts de son attachement viscéral à la République et à la liberté.

Manuel Valls publie « Le courage guidait leurs pas : 12 destins face à l'Histoire » aux éditions Tallandier

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