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Le combat pour le droit à réparer ses appareils électroniques est lancé : la résistance contre l'obsolescence programmée prend de l'ampleur
©Pixabay

On retrousse ses manches !

Alors que les industriels font tout pour empêcher les réparations d'objets électroniques, un mouvement de contestation se met en place.

L'obsolescence programmée. La nomination est déjà bien connue par le grand public et fait hurler les associations de consommateurs. Derrière ce terme, une véritable stratégie industrielle qui permet aux grandes marques d'assurer le renouvellement des produits. Ainsi, en avril dernier, Apple n'a pas hésité à dire que les iPhones n'avaient que "3 ans de vie". Un peu faible pour un téléphone qui dépasse les 600 euros. Pour permettre un nouvel achat, il faut surtout faire en sorte que le produit perde de son utilité. Plusieurs techniques existent. La marque à la pomme empêche, par exemple, les mises à jour de son logiciel sur des appareils trop vieux. Impossible donc de faire tourner iOS9 sur un iPhone 4, même en parfait état.

L'autre technique est d'empêcher ou de freiner au maximum la possibilité de réparer son produit. Pour les tondeuses à barbe, une simple pièce détachée défaillante est souvent plus chère que l'objet lui-même…ou tout simplement introuvable. Pour les objets plus technologiques, les marques verrouillent tout simplement l'électronique, par exemple en soudant les composants et empêchant ainsi leur remplacement. Pour faire simple : il devient plus facile d'acheter un nouveau gadget que de réparer celui que l'on possède. L'obsolescence programmée est un véritable serpent de mer. Selon l’Ademe (l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), seuls 44 % des appareils qui tombent en panne sont réparés et le mouvement ne fait que s'accentuer.

Mais des consommateurs ont décidé de riposter. Aux États-Unis, le "droit à la réparation" prend de l'ampleur pour faire bouger les lignes. "La plupart des gens rencontrent ce problème, mais ils ne savent pas qu'il existe une solution, et ils ne savent pas que les fabricants se comportent mal"explique ainsi Gay Gordon-Byrne, le directeur exécutif de l'Association 'Repair'. Il fait depuis 3 ans pression sur les élus pour tenter de légiférer. De la même façon, le site iFixit incite les consommateurs à réparer eux-mêmes leurs produits en apprenant aux membres de sa communauté à remettre en état. Ils sont plus de 22 000 dans le monde entier et proposent même des notices pour s'occuper de ses objets personnels.

Pour ces militants, c'est une question d'écologie puisque cela éviterait le gaspillage, mais aussi d'économie car les réparateurs professionnels meurent à petit feu et sont parfois attaqués en justice par les marques.

En France, ça bouge aussi avec le vote de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte, votée en juin 2015. "Désormais, pour toute machine achetée, on devrait obtenir des renseignements quant à l’existence de pièces pour la réparer" explique Laëtitia Vasseur, fondatrice de l'association "Halte à l’Obsolescence Programmée", sur le site Consoglobe. "Mais cet amendement n’est pas appliqué, car le décret d’application a été reformulé de manière à spécifier que seuls les fabricants proposant des pièces détachées sont tenus de le faire. Or près de 80 % des grandes marques ne donnent pas cette information aux consommateurs : il faut donc que l’État fasse respecter la loi."

Tout l'enjeu est là. En France, comme dans les autres pays, la législation avance par petits pas, freinée par les lobbies des industriels. D'autres solutions se mettent aussi doucement en place comme les téléphones modulaires, qui permettraient, en théorie, de faire évoluer ces derniers en remplaçant facilement leurs composants. Google a bien annoncé une première monture mais l'objet a finalement fortement déçu. La lutte contre l'obsolescence programmée s'annonce longue…

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