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Un électeur détient une carte électorale et un bulletin de vote avant de voter à Etaples, dans le nord de la France, pour le second tour des élections régionales, le 27 juin 2021.
Un électeur détient une carte électorale et un bulletin de vote avant de voter à Etaples, dans le nord de la France, pour le second tour des élections régionales, le 27 juin 2021.
©Ludovic MARIN / AFP

Bonnes feuilles

Damien Fleurot et Mathieu Souquière publient « 2022, la flambée populiste » aux éditions Plon. Notre tour est-il bientôt arrivé ? La France n'a jamais semblé aussi près du point de bascule vers le populisme. ​La crise économique et sanitaire aggrave la tendance, en offrant un terreau idéal pour les antisystèmes de tous bords, des anti-masques aux antivax. Extrait 1/2.

Damien Fleurot

Damien Fleurot

Damien Fleurot est journaliste politique depuis plus de 15 ans (BFMTV, Cnews).

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Mathieu Souquière

Mathieu Souquière

Mathieu Souquière, consultant et ancien conseiller politique, est expert associé auprès de la Fondation Jean Jaurès (notamment co-auteur de Inventaire 2012-2017, retour sur un quinquennat "anormal", Fondation Jean Jaurès, 2018).

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« Vous n’avez pas le monopole du populisme… »

Au moment où il la prononce, l’orateur sent bien, comme toutes les personnes qui assistent à ce débat d’entre-deux-tours, que la formule fait mouche et lui donne l’avantage sur son adversaire. Confirmation quelques jours après, c’est son visage qui s’affiche sur tous les écrans et officialise son accession à l’Élysée.

Fiction ? Et si cette variation contemporaine permet‑ tait, cinquante ans après le thème original, de rallier les derniers indécis et de « plier le match » présidentiel en 2022 ? Vu le climat dans lequel baigne la société française et le nombre chaque jour plus important de représentants politiques succombant à la tentation populiste, l’hypothèse ne semble pas si loufoque…

Voilà en effet un terme –  « populisme »  – dont le succès fulgurant le conduit aujourd’hui à saturer le débat public, sans toujours l’éclairer. Omniprésence du mot, donc, mais souvent encore à forte charge critique. Tout serait populisme ou en tout cas mériterait d’être ainsi caractérisé pour être mécaniquement déprécié. Car ce concept emprunté à la science politique relève désormais autant de la condamnation morale que de la catégorie d’analyse. Dans la lignée de certains penseurs d’extrême droite ou de la gauche radicale, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont pu être tentés d’en faire une captation positive avant de renoncer à s’en revendiquer. Emmanuel Macron lui-même s’y est ponctuellement risqué. Difficile toutefois d’endosser une étiquette – « populiste ! » – devenue l’insulte la plus tendance du moment. Il y a ainsi un hiatus entre la répétition des assauts populistes et l’incapacité à les assumer. Entre ceux qui, comme Monsieur Jourdain, pratiquent le populisme sans le savoir et ceux qui y viennent cyniquement en prétendant le contraire, les boussoles semblent de plus en plus déréglées.

Avertissement préalable : si la référence au populisme est si fréquemment convoquée, c’est au prix d’une certaine confusion. Petit détour tautologique donc  : cette idéologie a beau être critiquable – et même dangereuse, nous y reviendrons –, tout ce qui est critiquable et dangereux n’est pas de son ressort. S’agissant d’un mot devenu fourre-tout, un tri s’impose en revenant à la définition première et consensuellement admise du populisme. Ce dernier, c’est sa marque originelle, renvoie à une vision clivée de la société, fondée sur l’antagonisme de deux groupes : d’un côté les élites, incompétentes et corrompues ; face à elles, le peuple, pur et trahi par ces dernières. Deux mondes, présentés comme homogènes et irréconciliables, qui renvoient la lutte des classes aux oubliettes de la société industrielle : place à la confrontation d’un « peuple victime », appelé à se soulever, et de coupables élites –  politiques, économiques, intellectuelles et médiatiques, incarnations multiformes et complices d’un « système » dévoyé. Telle serait la nouvelle ligne de fracture mise en récit et en projet, selon une analyse qui connaît un succès croissant dans l’opinion.

Pour autant, le populisme a une longue histoire, qui puise ses racines au XIXIe siècle, et embrasse une zone géographique très large, dont aucun continent – à part l’Afrique peut-être – n’a été exclu. Alors que l’élection de Donald Trump en 2016 avait été perçue par ses détracteurs comme un accident de l’Histoire, le score exceptionnel de ce dernier quatre ans plus tard confirme l’enracinement contemporain du populisme dans la plus grande démocratie du monde. La Vieille Europe n’est pas en reste puisqu’un tiers des députés élus au parlement de Strasbourg en mai 2019 appartiennent aux partis qualifiés de populistes, qui représentent aujourd’hui des forces politiques enracinées dans la plupart des pays de l’Union européenne ou voisins  : ainsi de la Suisse et de la Norvège, sans oublier le gouvernement de « brexiters » mené par Boris Johnson. Les différents berceaux de la démocratie libérale sont donc tous contaminés. Ironiquement, cette idéologie qui réhabilite la notion de frontières les franchit toutes sans le moindre obstacle, telle une pandémie galopante. Même si le phénomène n’a rien de franco-français, l’Hexagone, cluster de plus en plus bouillonnant, serait-il la prochaine zone de prolifération ?

(…)

Les fractures françaises ou la matrice du populisme

Coquetterie ou schizophrénie française, nos rêves de grandeur, de concorde et de réconciliation nationale se fracassent sur le mur de nos représentations. La France est l’un des pays les plus riches, l’un des pays où la solidarité entre ses membres est la plus poussée, un pays dont la culture et l’art de vivre lui valent un rayonnement planétaire, au point d’être même la première destination touristique mondiale. Pas si mal pour un pays qui représente moins de 1 % de l’humanité. Depuis les quatre coins du monde, la France est admirée, aimée, enviée, visitée. Mais cela ne suffit pas à flatter notre orgueil national. Nous voudrions être, en toute chose et en tout lieu, un phare pour le monde, imaginant l’avoir été, ambitionnant de le redevenir. Ne supportant manifestement pas qu’il en soit autrement, nous avons développé une autre exception française : une capacité d’autodénigrement à nulle autre pareille. Parce que, selon nos critères, nous ne serions pas les premiers de la classe, nous avons fini par nous percevoir comme les pires des cancres. Entre arrogance et défiance françaises…

Destin ou déclin français ?

En l’espèce, les deux tendances se confondent dans l’esprit de l’écrasante majorité des Français : ainsi, pour près de 8 Français sur 10 (78 %), la France est belle… et bien en déclin. Ce n’est pas une nouveauté, et la tendance est même moins marquée que dans les années 2014‑2016, où elle se situait à 85‑86 %. Mais le quinquennat d’Emmanuel Macron a produit un effet inédit : alors que son élection avait réussi à siphonner comme jamais ce sentiment de déclin collectif, qui avait ainsi reculé de 17 points entre avril 2016 et juin 2017, celui-ci est ensuite remonté de 9 points en quatre ans. Si l’élection d’Emmanuel Macron a donc créé un puissant espoir, sa présidence a engendré une sévère déception.

Facteur aggravant, la remontée tient surtout à ceux qui considèrent ce déclin comme irréversible (+7 points). On peut ainsi parler d’un déclinisme désespéré, à tendance nihiliste, caractéristique du RN, dont 1 sympathisant sur 2 (49 %) partage cette conviction. L’optimisme est d’ailleurs minoritaire dans toutes les catégories, sauf chez les sympathisants de LREM où il est (très légère‑ ment) majoritaire (52 %). On a souvent évoqué l’idée d’un bonheur privé et d’un malheur public, fait d’optimisme individuel et de pessimisme collectif, illustré par le fait que la proportion de personnes inquiètes de la situation économique nationale (77 %) était supérieure à celle se disant inquiète pour leur propre situation financière. Le sentiment de déclassement individuel existe néanmoins et fait écho à ce déclinisme général : en la matière, les Français écrasent leurs voisins, près de la moitié d’entre eux (47 %) étant persuadés en 2020 que leur niveau de vie se dégrade (proportion tombée à 37 % toutefois depuis, dans un contexte de crise sanitaire et de déploiement d’importantes béquilles économiques pour les entreprises et amortisseurs sociaux pour les particuliers).

Il en découle ainsi une nostalgie d’hier et une crainte de demain, le passé étant érigé en boussole, l’avenir ayant un effet repoussoir. Déclinisme et passéisme se répondent mutuellement : sur les dix dernières années, entre les deux tiers et les trois quarts des Français disent s’inspirer des valeurs du passé dans leur vie ; mais, là encore, le quinquennat d’Emmanuel Macron a été marqué par un renforcement de cette tendance avec une remontée de 65 à 74 % entre 2017 et 2020 ; idem pour la conviction que « c’était mieux avant », dans les mêmes proportions, avec une hausse de 64 à 68 % entre 2017 et 2020.

L’année 2017 constitue rétrospectivement une sorte de plancher, l’élection de ce nouveau président, jeune, moderne et ambitieux ayant créé une vraie bulle d’optimisme. Mais, telle une bulle de savon, celle-ci n’a malheureusement pas duré, l’action du Président n’ayant ensuite cessé de décevoir. Telle est la spirale piégée des amours déçues : elles engendrent une violente rancune.

Une « défiance 360° »

Yann Algan et Pierre Cahuc ont décrit en 2007, dans un livre qui a fait date, la France comme une « société de défiance ». Quinze ans plus tard, l’heure est encore plus grave avec une « défiance à 360° », qui s’exprime quelle que soit la direction dans laquelle on regarde. On parle ainsi de défiance horizontale pour décrire la défiance interpersonnelle et de défiance verticale pour décrire celle qui frappe le système institutionnel, les deux additionnant leurs effets comme jamais. En réalité, l’exercice donne le tournis : le riche est un profiteur, le pauvre un assisté, le politique un parasite, le patron un voyou, le syndicaliste un feignant, le monde extérieur un ennemi, l’étranger un danger… En résumé, l’autre est une menace et les institutions sont une plaie.

Le niveau de défiance interpersonnelle est ainsi stabilisé à un niveau très élevé, partagé par près de 8  Français sur 10 (entre 78 et 80 % depuis 2013), qui considèrent qu’« on n’est jamais assez prudent quand on a affaire aux autres ». Avec un malus pour l’étranger : s’agissant de personnes d’une autre nationalité, le niveau de confiance a reculé en dix ans de 72 à 55 %. En la matière, l’attitude des Français est celle qu’avait décrite Jean-Marie Le Pen, respectant une logique de cercles concentriques, en déclarant faire davantage confiance à sa famille (entre 90 et 95 %), puis à ses voisins (entre 70 et 75 %), devant les gens d’une autre nationalité et enfin les personnes rencontrées pour la première fois (autour de 40 %). Résultat, seul 1 Français sur 5 affirme pouvoir spontanément faire confiance aux autres, contre 1 Anglais sur 2 ou 1 Danois sur 3.

La défiance institutionnelle frappe essentiellement les syndicats (autour d’un tiers de confiance depuis 2014), les parlementaires (entre 25 et 30 %), les médias (autour d’un quart) et, lanterne rouge, les partis politiques (autour de 10 %), tous dans les tréfonds. Cette désaffection très grande pour les partis politiques et les syndicats notamment – jugés comme des moyens d’expression efficaces pour seulement 6 % des personnes interrogées – est bien plus marquée chez nous (2 à 3 fois en moyenne) que chez nos voisins. Ce sont donc toutes les « représentations » qui sont en perte de légitimité.

Mais derrière, c’est l’intérêt pour la politique elle-même qui s’émousse : il a en effet baissé de 10 points environ en dix ans, passant de 60 à 49 %. Les Français, peuple prétendument politisé, sont en la matière très largement distancés par le Royaume-Uni (de 10 points), par l’Italie (de 20  points) et par l’Allemagne (de 30 points). En écho à ce désintérêt, la politique inspire des sentiments négatifs à 77 %, la méfiance caracolant en tête (39 %, très stable sur dix ans), loin devant le dégoût (23 %, mais après être monté à 33 % sous le quinquennat de François Hollande) et l’ennui (12 %)… Peuple politisé peut-être, peuple désabusé, c’est évident.

Et la foudre frappe sans distinction. Le populisme est un dégagisme qui n’épargne personne, y compris les leaders populistes  : 58 % des électeurs de Jean-Luc Mélenchon en 2017 sont favorables à une autre candidature que la sienne en 2022, tout comme 44 % des électeurs de Marine Le Pen de 2017 souhaitent le rem‑ placement de cette dernière (et même 47 % des électeurs RN au scrutin européen de 2019).

Exceptions en matière de défiance institutionnelle, celles qui incarnent les fonctions régaliennes sont en revanche bien épargnées. L’armée et même la police – il faut noter un regain en faveur de cette dernière qui passe de 69 à 73 %, retrouvant ainsi le niveau de 2016 (mais pas le pic de 2013, à 80 %) – ne sont ainsi pas considérées comme comptables du sentiment d’insécurité très prégnant par ailleurs. Les Français considèrent au contraire qu’elles ne sont pas en situation d’assumer convenablement leurs missions, entravées soit par le manque de moyens soit par d’autres, à l’image de la justice qui se situe, elle, beaucoup plus bas.

Éclipse démocratique

En toute logique et en écho à ces données, la défiance démocratique s’enracine également. La démocratie comme système perd des plumes et une dizaine de points depuis 2014, passant d’une proportion des 3/4 à une proportion des 2/3 environ pour ceux qui considèrent qu’il s’agit du meilleur système possible. En l’espèce, la désadhésion la plus marquée s’observe au RN et à LFI (55‑56 %), même si la démocratie y conserve un soutien (légèrement) majoritaire. Mais, fait notoire, si les deux formations convergent, c’est après avoir suivi deux trajectoires opposées  : une progression au RN (+10  points depuis 2016) en même temps qu’un très fort recul chez LFI (-25 points depuis 2014‑2016). L’idée démocratique progresse donc à l’extrême droite – comme une sorte de pendant à la dédiabolisation du RN  – alors qu’elle recule sévèrement au sein de la gauche radicale.

Pour évaluer le risque populiste en France, la Fondapol a conçu un indicateur de « protestation électorale » afin d’en suivre l’évolution d’ici l’élection présidentielle de 2022. La vague 3 de ce baromètre (septembre  2020) révèle un recul net et rapide de l’adhésion à la démocratie représentative qui passe, en neuf mois seulement, de 64 à 59 %. Ce désamour démocratique concerne toutes les catégories socioprofessionnelles, mais les artisans, commerçants et chefs d’entreprise sont les moins nombreux à soutenir le régime représentatif (38 %), derrière les ouvriers, également minoritaires dans leur sou‑ tien (à 44 %). L’âge constitue une autre ligne de fracture puisque moins de la moitié des jeunes démontrent un attachement à la démocratie représentative (46 % des 18‑24 ans et 44 % des 35‑34 ans), surtout séduits par un système de démocratique directe (2 à 3 fois plus que par un système de pouvoir fort). Parmi les partisans de la démocratie directe, sont surreprésentés les personnes disant être mécontentes de leur vie, les « antivax » ou celles favorables à la détention d’armes (30 % contre 23 %).

Éclaircie néanmoins en ce printemps 2021 : la démocratie connaît un regain d’affection en sortie de confinement, près d’1 Français sur 2 considérant qu’elle fonctionne bien (48 %), renouant quasiment avec le meilleur score enregistré par le baromètre du CEVIPOF en 2009 (50 %). Éclaircie passagère ou arrivée d’un anti‑ cyclone ? L’observation des tendances de moyenne durée plaide pour la première réponse. Le niveau d’abstention record aux dernières élections régionales en fournit un récent indice.

La trahison des élites : du « tous nuls » au « tous pourris »

L’un des indicateurs peut-être le plus éclairant pour mesurer ce climat populiste et le sentiment de fracture entre les élites et le peuple tient à l’infime proportion de Français (12 %) qui considère que « les élites prennent des décisions qui vont dans l’intérêt de la population ». À cette aune, on comprend l’envie de se débarrasser d’elles, et même l’urgence qu’il y aurait à le faire. Les autres considèrent, pour un gros tiers (37 %), qu’« elles pensent prendre des décisions qui vont dans le sens de la majorité mais que ce n’est pas le cas », quand une moitié (51 %) estime que les élites prennent sciemment des décisions dont elles savent qu’elles sont contraires à l’intérêt de la majorité. « Les élites contre le peuple » n’est pas qu’un slogan, il a ici une puissante dimension statistique. Cette dernière conviction majoritaire d’une trahison volontaire du peuple par les élites prospère surtout chez les sympathisants LFI (68 %), puis LR (58 %) et RN (56 %). Vis-à-vis des élites, la demande porte avant tout et de loin sur leur normalité, leur représentativité puis leur désintéressement et leur sincérité, dont on espère ainsi qu’elles les rendront plus efficaces.

Ces élites ne sont pas seulement incompétentes et malveillantes ; elles sont malhonnêtes et immorales. Le soupçon de corruption et de cupidité se situe ainsi à des niveaux constamment très élevés – entre 60 et 70 % pour le premier, entre 70 et 80 % pour le second –, mais toutefois en net recul (-7 et -11 points) depuis 2017, et aussi 2016 qui constituait un sommet. Même chose pour le sentiment d’être mal représentés, passé de 76 à 70 %, avec toujours une très large surreprésentation côté LFI et RN, à 81 et 88 %. On s’étonne, à la lecture de tels chiffres, que le système tienne encore tant ses fondations semblent fragiles.

La démondialisation heureuse

La défiance est aussi marquée envers le monde extérieur. La mondialisation est majoritairement vue comme une menace – entre 55 et 60 % des sondés –, avec une année minoritaire exceptionnelle en 2017 à 48 %, et une remontée depuis de 12 points. Une autre illustration de « l’effet Macron » précédemment souligné : l’envie d’y croire à l’issue d’une présidence normale faite de beau‑ coup de désillusions, l’idée – immature ? – entretenue par l’esprit des institutions qu’un homme parvenu au pouvoir peut à lui tout seul inverser la vapeur, a fortiori s’il a le visage de la jeunesse et du succès, puis la résignation bileuse faisant suite à l’impatience et à l’espoir contrariés.

Une fois constaté ce qu’avait d’illusoire le retour de notre « grandeur », la demande de protection est remontée en flèche, passant de 53 à 65 % entre 2017 et 2020. L’appartenance à l’Union européenne reste néanmoins une bonne chose aux yeux d’une majorité de Français, quoique courte (53 %) et en recul de 5 points depuis le début du quinquennat. Ce point de vue n’est minoritaire que chez les seuls sympathisants de LFI et de façon nettement plus marquée encore au RN (22 %). Les Français restent ainsi très majoritairement favorables au projet européen lui-même – à 73 %, chez l’ensemble des sympathisants, avec un record absolu de 100 % pour LREM –, sauf au sein du RN (44 %). On perçoit clairement ici ce que recouvre ce clivage entre les tenants d’une société fermée et les tenants d’une société ouverte.

Cet attachement majoritaire à la construction européenne n’empêche pas que, en tendance, entre les 2/3 et les 3/4 des Français réclament un renforcement du pouvoir national, fût-ce au détriment de l’Europe, avec des scores maximums (et proches) chez les sympathisants du RN (81 %) et de LFI (78 %). S’exprime donc un besoin de reconquérir une souveraineté perdue qui doit avant tout se déployer dans un cadre national. Cette tendance trouve sa traduction dans le champ économique avec une demande de protectionnisme qui a augmenté de 11 points depuis 2017, passant de 50 à 61 % (autour de 60‑65 % à gauche), légèrement inférieur à 50 % chez LR-LREM et très majoritaire au RN (75 %).

Extrait du livre de Damien Fleurot et Mathieu Souquière, « 2022, la flambée populiste », publié aux éditions Plon

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