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©Valery HACHE / AFP

Bonnes feuilles

Gilles Gaetner publie « Lettre au président qui voulait marcher sur l’eau » aux éditions Pierre-Guillaume de Roux. Le 7 mai 2017, Emmanuel Macron entre à l’Élysée. Il se croit tout à la fois Jupiter et Bonaparte. Quatre ans ou presque ont passé. Il n’est plus qu’un président normal. Extrait 1 /2.

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Monsieur le président, vous n’êtes ni sourd ni aveugle. Vous avez bien compris que la pandémie de Coronavirus accélère l’énervement, le désarroi, l’angoisse de nos concitoyens. Dès qu’en mars 2020 la situation sanitaire se détériore, le pays plonge dans l’inquiétude. Nous ignorons où nous allons. La médecine ne comprend pas ce virus. La maladie se répand. Des patients que l’on croit tirés d’affaire rechutent et meurent dans l’heure. Un mal mystérieux s’en prend à la planète.

Vous avez tâtonné. Tergiversé... Vous avez péché par manque d’anticipation.

Pendant trois mois – de mars à juin 2020 –, en raison du confinement, le pays a  été quasiment à l’arrêt. Du jamais vu depuis la crise de 1929. Des centaines de PME se sont retrouvées sans commandes et ne s’en remettront jamais. 20 % des restaurants et bars n’ont pas rouvert. Les petits commerces (vêtements, chaussures, lingerie, etc.) ont disparu. Des salles de sport ont été fermées. Des mastodontes de la distribution ont été touchés. L’industrie a licencié. Le secteur aéronautique est moribond. En septembre, les Japonais annoncent la fermeture de l’usine de pneus Bridgestone à Béthune. 815 personnes sur le carreau. Si on fait un peu de prospective, c’est catastrophique : la France comptera 800 000 chômeurs de plus en 2021.

À quoi s’est ajoutée la fermeture des écoles qui a  contribué à  amplifier l’angoisse des parents et de leurs enfants. Théâtres cinémas, musées ont été fermés. Pour cause de confinement, villes, villages, lieux de services publics étaient déserts. La vie sociale quasi anéantie. Seul avantage, dans cette impression de fin du monde, la nature redevenait la nature. Témoin ces canards qui dodelinaient près de la Comédie-Française ou au bois de Boulogne.

On écoutait le silence. La pollution se trouvait bannie de notre vocabulaire. Les asthmatiques respiraient normalement. Ils n’allaient plus en consultation.

L’été 2020 révèle, plus que d’habitude, des tensions très fortes dans le pays.

Un été «Orange mécanique », juge Xavier Bertrand, le président du département des Hauts-de-France. L’ancien ministre du Travail de Nicolas Sarkozy se place pour 2022. La population en a ras-le-bol des exactions, déprédations, agressions qui secouent le pays. Ne lui demandez pas de comprendre la cause de cet « ensauvagement », pour reprendre l’expression du ministre de l’Intérieur.

Elle n’a que faire de la psychanalyse ou de la psychologie de bazar en guise d’explications. Elle exige la tranquillité publique. L’ordre. Le droit à la sécurité. Quoi que vous disiez à l’aide de statistiques incontestables, personne – ou presque – ne les tient pour vraies. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, qui n’a pas la réputation d’être un farfelu, a beau répéter que d’une année sur l’autre la violence des mineurs, qui cristallise les discussions du Café du commerce, ne s’est que faiblement accrue, il ne convainc personne. Le haut magistrat a beau certifier qu’à la suite du match Bayern-PSG, le 23 août 2020, une personne a été condamnée à 10 mois de prison et 40 individus ont été placés en garde à vue, l’opinion doute. La répétition des incidents, des agressions violentes notamment contre des policiers, des règlements de comptes entre bandes, passant en boucle sur les chaines du Tout-info, font masse, produisent un effet de loupe en accréditant l’image d’une France ravagée par la violence. Pour autant, par rapport à des pays comme le Salvador, qui recense 4 000 meurtres par an, le Honduras, où 200 000 habitants, par peur d’être enlevés, assassinés, ont fui le pays, il y a de la marge.

Aujourd’hui, résonnent deux sons de cloche : celui d’une France Orange Mécanique, comme le dit Xavier Bertrand ; celui d’une France agitée, comme à son habitude, certes, mais pas plus que les années précédentes. À scruter les statistiques de la délinquance des mineurs, sur lesquelles s’est penché Éric Dupond-Moretti, il y a de quoi s’interroger.

En 2019, cette délinquance a  augmenté de 30 % à Paris, 60 % à Pontoise, 100 % à Bordeaux. En revanche, elle a baissé à Reims, Melun et Toulouse. Un autre phénomène (tous âges confondus) se développe : les viols (ou tentatives). Les services de police et de gendarmerie en recensent 22 900 en 2019. Soit une augmentation de 19 % par rapport à 2018. Le nombre des victimes de coups et blessures volontaires (sur personne de 15 ans et plus) s’est accru de 8 %, toujours entre 2018 et 2019. Édifiant: la multiplication des escroqueries et infractions assimilées. Un bond de 42 % entre 2012 et 2019. Une croissance qui semble être la conséquence de la crise économique que nous traversons. De toute façon, quoi qu’on dise, démontre, argumente, la population n’en démord pas: on nous raconte des fables... sauf lorsque les chiffres de la délinquance sont en hausse.

Extrait du livre de Gilles Gaetner, « Lettre au président qui voulait marcher sur l’eau », publié aux éditions Pierre-Guillaume de Roux

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