La réforme des retraites : le gouvernement a fait le job. Mais les syndicats ont raison de s’y opposer. Explications<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement ne propose plus les 65 ans, mais fait un mixte entre l’âge légal à 64 ans et un accroissement du nombre d’annuités cotisées.
Le gouvernement ne propose plus les 65 ans, mais fait un mixte entre l’âge légal à 64 ans et un accroissement du nombre d’annuités cotisées.
©Lionel BONAVENTURE / AFP

ATLANTICO BUSINESS

Sur le fond, le gouvernement s’en est bien sorti. Mais les syndicats ont raison de se dresser contre ce projet. Les uns comme les autres font le job, et enfin le dialogue va pouvoir reprendre. C’est plutôt bien pour la démocratie.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le gouvernement d’Elisabeth Borne a fait le job et acceptait un compromis qui tient compte de toutes les remarques faites par les uns comme par les autres… à commencer par la nécessité de sauver le système de retraite par répartition.

D’où la décision d’amorcer le mouvement de recul de l’âge de la retraite. Le gouvernement ne propose plus les 65 ans, mais fait un mixte entre l’âge légal à 64 ans et un accroissement du nombre d’annuités cotisées. Par ailleurs, il tient compte des questions de pénibilités, des carrières longues, tout cela pour répondre aux arguments avancés par les syndicats.

De ce point de vue-là, la réforme est plutôt intéressante parce qu’elle va contribuer à la préservation de l’équilibre sachant que la réforme ne garantit pas cet équilibre et qu’il faudra sans doute faire à nouveau des ajustements.

Alors le gouvernement aurait pu être plus courageux en essayant par exemple de corriger les inégalités flagrantes entre le secteur public et le secteur prive. Il aurait pu aborder la question des seniors et s’interroger sur le manque d'appétence au travail. Parce que le problème de la retraite, c’est le déficit de travail pour les seniors y compris pour les cadres, le problème c’est qu'une part importante des Français ne sont pas heureux au travail, d’où leur envie d’en sortir.

Cela dit, le gouvernement avait-il le choix et les moyens d’aller plus loin. Les déséquilibres actuels de 3% du régime général étaient acceptables mais au bout de 5 ou 10 ans, le déséquilibre serait devenu insupportable et surtout impossible à financer dans un pays qui vit à crédit depuis dix ans … etc. Le régime par répartition est structurellement très fragile. Il fallait donner tres vite des gages aux marches financiers et leur montrer que la gouvernance française était consciente du problème tout en soulignant les contraintes politiques qu’il faut bien assumer.

Donc finalement, il faut reconnaitre que le gouvernement a bien joué. Maintenant, tout va dépendre de la réaction d’un corps social qui est très fiévreux.

Les syndicats ont réagi en s’opposant tous au projet du gouvernement et en appelant à la mobilisation générale. C’est un fait très nouveau. Cela ne s'était pas produit en France depuis 2010. Cela signifie que le mouvement syndical est peut-être en train de se reconstruire en répondant ainsi à la grogne générale. Parallèlement, on sent bien que les partis d’opposition de gauche et d’extrême-gauche vont rejoindre l’opposition des syndicats et ont même annoncé leur participation à une manifestation publique avancée au 19 janvier.

Ce phénomène est très intéressant parce que ce projet de réforme de la retraite a cristallisé une opposition de l’opinion publique mais les syndicats ont sans doute pris la décision de faire taire leurs différences pour récupérer le mouvement de colère sociale au cas où cette colère viendrait à éclater.

L’attitude des syndicats est une posture qui doit empêcher toutes les manifestations type Gilets jaunes. Parce qu’au moment des Gilets jaunes, il faut se souvenir que les syndicats étaient au fond du trou, tout comme les parti politiques traditionnels.

Si les syndicats parviennent à récupérer la représentation du mécontentement, le dialogue social aura récupéré de la densité et de l’utilité.

On peut se retrouver dans deux mois avec un gouvernement et des syndicats unis pour discuter en profondeur des sujets qui n’ont pas été abordés dans cette version du projet.

Si le gouvernement continue de jouer le jeu de la concertation et si les syndicats retrouvent leur audience, la France aura une petite chance de sauver son modèle social.

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